ttendu avec impatience pour l’après-vendange 2024, l’arrachage des vignes sans débouchés commerciaux va, enfin, connaître un coup d’accélérateur. « Tout est fait du côté du ministre de l’Agriculture démissionnaire et du côté de la profession pour que d’ici fin septembre il y ait un premier dispositif d’arrachage dit définitif qui soit mis en place dans le cadre du budget d’État de 150 millions d'euros » annonce à Vitisphere Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. « Il faut que la France pose une notification dans le dispositif Ukraine qui permette de pouvoir mettre en place cet arrachage définitif par l’utilisation des crédits nationaux » précise le viticulteur de Saint-Geniès-des-Mourgues (Hérault). Une notification à la Commission Européenne qui doit être d’autant plus rapide que les fonds d’urgence utilisés doivent réglementairement être engagés avant le 31 décembre 2024.
Avec 150 millions €, l’outil d’arrachage définitif à 4 000 €/ha pourrait concerner 37 500 ha de vignes. Loin des 100 000 ha de vignes excédentaires évoquées depuis plusieurs mois par les représentants de la filière vin, mais plus que les 15 400 ha potentiellement intéressés par l’arrachage définitif remontés par la récente enquête de FranceAgriMer. « Le sondage a mené à beaucoup d’interrogations sur la mobilisation des viticulteurs. À dire d’experts on serait plus proche des 60 000 ha candidats à l’arrachage » esquisse Jérôme Despey, alors que le millésime 2024 a encore aggravé la situation économique de la filière vin. Si actuellement « on ne peut dire s’il y aura assez d’argent ou s’il en manquera pour l’arrachage définitif », Jérôme Despey indique également que les critères précis de cet outil d’arrachage ne sont pas connus (enjeu fermier/propriétaire, dernière année de récolte, liste de cépages…). « Il faut d’abord avoir le feu vert [de Bruxelles] pour enclencher en urgence l’arrachage définitif et avoir une discussion avec la filière sur les modalités » pointe le premier vice-président de la FNSEA.


L’arrachage définitif prenant le chemin de la concrétisation sous le signe de l’urgence, l’arrachage temporaire connaît un autre sort, sa mise en œuvre étant mise à part. « L’outil [d’arrachage] risque d’être en deux temps » rapporte Jérôme Despey, notant que ce dispositif restructuration différée sur 4 ans pour 2 500 €/ha envoie « un signal aux jeunes qui s’installent et à ceux qui investissent avec un arrachage pour pouvoir aller sur une stratégie de replantation en lien avec les marchés ». Demandé par la France, l’Espagne et l’Italie, l’outil temporaire est plus consensuel que celui définitif note le viticulteur languedocien, pointant que « la Commission ne ferme pas la porte et nous dit que ça pourrait avancer avec le groupe à haut niveau » qui va se réunir pour la première fois ce 11 septembre à Bruxelles. Des conclusions sont attendues début 2025. « Ce pas de temps n’est pas celui de la crise » regrette Jérôme Despey, alors que la filière demandait déjà un arrachage temporaire fin 2020. La situation ne s’est débloquée que fin 2023 après la manifestation de Narbonne, le coup de pression du salon Sitevi, les annonces de février, des mois d’échange entre la France et la Commission…
« Nous sommes dans le temps de l’urgence, c’est ce que j’ai rappelé avec force avec Ludovic Roux [NDLA : président de la fédération des caves coopératives d’Occitanie et représentant de la France au COPA COGECA] auprès de la Commission Européenne ce jeudi 30 août, un an après notre premier rendez-vous » conclut Jérôme Despey.