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u lendemain de la longue réunion avec les représentants de la filière, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a confirmé l’attention particulière qu’il porte au secteur viticole en accordant une longue demi-journée à l’arpentage des allées du Sitevi. Entre les nombreuses poignées de mains aux élus, représentants de la filière ou dirigeants d’entreprises de ce secteur d’activité, le ministre a largement fait montre de sa bonne perception du degré d’urgence pour donner des réponses consistantes face à la crise viticole.
« Je suis venu dire aux viticulteurs que nous allons travailler à compléter le fonds d’urgence, déjà doté de 20 millions €, pour pallier aux besoins en trésorerie, ou sur l’année blanche en termes de charges d’intérêts, pour le court terme. A moyen terme, nous allons à la Commission européenne pour défendre l’arrachage différé, qui soit appliqué dès 2024. J’ai mesuré le degré d’urgence et de desepérance, tout comme nous avons toujours été au rendez-vous du gel, de la distillation et des sujets de crise des 3 dernières années », a résumé Marc Fesneau à la fin de sa visite. Il promet de revenir sur le territoire d’Occitanie pour faire le point d’avancement et « ne pas me contenter du y’a qu’à faut qu’on ».
Pauline Pradier en pleurs
Au cours de sa quinzaine d’arrêts sur différents stands, le ministre a accordé une attention particulière aux axes majeurs de décarbonation, innovation, transition écologique, fabrication des matériels français et enjeux de main d’œuvre qualifiée qui en découlent, avec beaucoup de sourires et d’entrain. Il y eut malgré tout quelques larmes aussi, quand au détour d’une technologie de motorisation bio-éthanol, surgit Pauline Pradier, la miss France agricole 2023. Connue pour sa présence importante sur les réseaux sociaux, faisant autant la promotion de ses vins que de la jeunesse vigneronne, la viticultrice gardoise du domaine de Vallaurie interpelle, en pleurs, Marc Fesneau. « Je suis polyvalente, j’essaie de communiquer, de valoriser mais je ne tiens plus. Nous sommes l’avenir et on ne s’en sort pas alors qu’on fait notre métier avec le cœur », a-t-elle lancé au ministre, évoquant également des acheteurs rapaces proposant de charger rapidement ses vins « pour 60€/hl ».
Plus loin, c’est Frédéric Rouanet, le président du syndicat des Vignerons de l’Aude, qui est venu se rappeler à la mémoire du ministre avec lequel il avait déjà échangé lors de la réunion de la veille. « Nous arrivons rapidement à des fêtes de Noël, où nos vignerons se réunissent en famille. Je souhaite que les viticulteurs arrivent à cette période avec une aide au moins ‘psychologique’ de l’état. Donnez-nous donc des dates et des montants d’ici la fin d’année, du concret, pour que nous puissions relayer au terrain que des vignes pourront être arrachées », lance Frédéric Rouanet. Marc Fesneau a alors réitéré son engagement de revenir en région en début d’année 2024 pour assurer de l’avancement des mesures annoncées.
Le sujet de la distillation a alors lui aussi été abordé, Frédéric Rouanet et Jérôme Despey dénonçant conjointement les effets pervers de la mesure de distillation. « On ne fait pas une distillation à 75 €/hl pour que des metteurs en marché viennent faire pression sur des vignerons pour leur charger immédiatement des lots s’ils acceptent de les vendre 60€/hl », s’irrite Jérôme Despey. « Il va falloir siffler la fin de la partie sur ces pratiques. On nous dit qu’il n’y a pas de demandes et nous voyons passer les camions depuis nos vignes. On nous demande de la HVE, des contraintes, pour que les vins s’écoulent au rabais ? », tance encore Frédéric Rouanet.
Frédéric Rouanet rappelle l'urgence d'un calendrier précis
« C’est de l’argent public. Si certains s’en servent pour faire des profits, c’est intolérable et il faut exclure ces passagers clandestins », répond Marc Fesneau. L’aide au stockage privé également demandée par la coopération serait alors un dispositif permettant aux vignerons d’avoir un outil d’accompagnement pour ne pas céder au chantage de la retiraison rapide à faible prix. « Monsieur le ministre, nous voyons beaucoup de gens nous annoncer des choses ici, et les discours changent soudain dès lors qu’ils sont dans l’avion retour pour Paris. Nous comptons sur vous », termine Frédéric Rouanet.
