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Urgence viticole actée par Annie Genevard, la nouvelle ministre de l’Agriculture
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Urgence viticole actée par Annie Genevard, la nouvelle ministre de l’Agriculture

La nouvelle ministre de l’Agriculture a partagé ses bonnes intentions pour le soutien de la filière vin auprès de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), il n’y a plus qu’à passer aux actions : les urgences ne manquant pas sur l’arrachage, la trésorerie, les taxes chinoises… Le point avec Jérôme Despey, premier vice-président de la FNSEA et président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer.
Par Alexandre Abellan Le 26 septembre 2024
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Urgence viticole actée par Annie Genevard, la nouvelle ministre de l’Agriculture
Les représentants de FNSEA, son président Arnaud Rousseau et son premier vice-président Jérôme Despey, rencontraient ce 25 septembre la nouvelle ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. - crédit photo : Ministère de l’Agriculture
A

nnie Genevard vient tout juste de prendre ses fonctions et commence à rencontrer les organisations représentatives. La FNSEA lui donnant 15 jours pour mettre en place des mesures d’urgence pour le monde agricole ce mercredi 25 septembre, quelles sont les demandes pour la filière vin ?

Jérôme Despey : Cela fait trois mois depuis la dissolution que l’on n’arrive pas à traiter des sujets urgents pour tous les secteurs de production comme il n’y a pas de gouvernement, si ce n’est pour gérer les affaires courantes. A la demande de la ministre, il y a eu un focus sur les sujets viticoles pendant l’entretien (de deux heures). J’ai rappelé la situation de la filière viticole depuis 2019. C’est l’un des secteurs dans l’agriculture française les plus sinistrés pour différentes causes : covid, aléas climatiques, inflation, déconsommation, conflits commerciaux… Avec Arnaud Rousseau [NDLA : le président de la FNSEA], nous avons demandé sa mobilisation sur le sujet des taxes chinoises de représailles sur les secteurs des spiritueux, du lait et du porc [NDLA : dans le cadre de taxes européennes sur les voitures électriques chinoises]. Nous demandons une position de la France faisant vis-à-vis de l’Union Européenne pour qu’il n’y ait pas d’application des 39 % de droits de douane supplémentaires [sur armagnacs et cognacs] qui amèneraient de nouvelles difficultés pour des secteurs importants du pays.

Tout ne se fera pas en 15 jours, mais il faut séquencer l’urgence. Il faut donner un signal de soutien à la viticulture. D’abord sur l’arrachage définitif, avec le retour de la notification à la Commission Européenne pour enclencher le dispositif (à 4 000 €/ha). Nous avons évoqué le problème de budget qui se pose : 120 millions d’euros sont demandés sur 150 millions € promis par le précédent gouvernement. J’ai rappelé l’enjeu de respecter les engagements antérieurs en cas de dépassement de l’enveloppe.

 

Demandez-vous à ce que le gouvernement s’engage à financer toutes les demandes d’arrachage définitif à 4 000 €/ha, même si cela dépasse les 150 millions € prévus (représentant 37 500 ha) ?

Je suis prudent, on ne peut pas s’avancer : personne ne sait s’il y aura dépassement ou pas. Nous avons pour l’instant un sondage réalisé par FranceAgriMer avec 15 000 ha prévus pour l’arrachage définitif, mais nous savons que c’est sous-estimé, que la récolte va être de nouveau un sujet de difficulté… Il faut tout faire pour que le dispositif sorte ce 15 octobre, on verra alors vite la hauteur de la demande. Admettons que les candidatures aillent au-delà des 150 millions €, nous porterons le besoin de trouver des moyens pour aller au bout de la démarche. L’arrachage définitif est one-shot, le dispositif Ukraine utilisé s’achève ce 31 décembre. Il faudra aller très vite, pour que le gouvernement ait la réactivité budgétaire s’il faut ajouter 20 % et arriver aux 150 millions €. Nous ferons tout pour mettre en œuvre l’arrachage à 4 000 €/ha, mais ça ne se fait pas en claquant des doigts. Nous avons commencé à travailler ce sujet durant le Sitevi en novembre 2023 : cela fait quasiment un an entre la demande et la mise en œuvre. J’ai déjà eu 27 réunions pour accoucher de la mesure promise par le précédent ministre, Marc Fesneau qui n’a rien lâché et a permis d’arriver à la mesure promise.

C’est un crève-cœur de commencer une discussion [sur la filière vin] par l’arrachage définitif, c’est une décapitalisation de détruire le potentiel de production parce qu’il y a des problèmes liés aux marchés. Nous devons aussi nous battre pour ceux qui restent, qui s’installent en viticulture. Les prochains débats porteront sur l’arrachage temporaire, qui est structurant pour s’adapter à des marchés. Laissons passer les prochaines élections au conseil spécialisé vin de FranceAgriMer [NDLA : dont Jérôme Despey est le président sortant et le seul candidat actuel à sa succession], mais il y aura un vrai débat de filière à mener sur l’orientation de l’Organisation Commune du Marché vitivinicole (OCM vin). Les budgets ne sont pas extensibles, comment financer l’arrachage temporaire, la restructuration du vignoble, les aides à l’investissement et à la promotion ? Le candidat que je suis [à la présidence du conseil spécialisé] est que l’OCM vitivinicole doit être mobilisé pour les éléments structurants : promotion, investissement et restructuration du vignoble (dont l’arrachage temporaire). L’OCM est pour la structuration, pas la destruction.

 

Vous fermez donc la porte à tout projet de nouvelle distillation de crise ?

Je reste cohérent : je l’ai dit et répété, il ne peut pas y avoir de nouvelle distillation. Sur la récolte 2024, nous avons déjà perdu 10 millions d’hectolitres de vin, c’est trois campagnes de distillation. On ne peut pas gérer une filière viticole en disant que la seule perspective pour les vignerons est d’envoyer les vins à la distillation. S’il y a un problème structurel, il y a l’arrachage définitif pour ça. Je plaide pour garder avec l’OCM des leviers permettant à ceux qui ont des parts de marché à conquérir de pouvoir continuer à le faire. Sinon, cela veut dire que c’est la mort de notre viticulture. Je ne crois pas à la mort de notre viticulture, je crois à un rebond avec des plans d’action par bassin. C’est mon ambition. La ministre adhère à ces éléments structurants.

 

Lors du discours de passation ce lundi 23 septembre, Annie Genevard déclarait que « le fatalisme n'est ni mon tempérament ni mon engagement politique. Le déclinisme, la décroissance, le renoncement, c'est le contraire de ce que je suis. »

Je l’ai ressenti lors de ce premier rendez-vous. Nous avons besoin de projeter une stratégie et de présenter le plan de filière. J’ai demandé à la ministre de réunir de manière urgente, d’ici 10 jours, l’ensemble de la filière viticole pour évoquer spécifiquement le secteur. La ministre l’a acté, elle considère que le secteur mérite toute l’attention et la priorité dans le traitement de ses dossiers. Ce sont ses mots. Annie Genevard vient des terres du Doubs, elle connait les problématiques agricoles et rurale, je l’ai trouvée très au fait des enjeux viticoles par ses questions. Notamment sur la segmentation et l’entrée de gamme qui sont dans le plan de filière.

 

Dans les demandes d’aides d’urgence portées par la FNSEA, il y a le soutien des trésoreries exsangues.

C’est le travail mené par Arnaud Rousseau : construire une accompagnement type PGE (Prêt Garanti par l’État) pour tous les secteurs de production, dont la viticulture. Nous demandons un effort sur les taux auprès du gouvernement et une garantie bancaire pour les exploitations fragilisées. Le soutien des trésoreries permettra d’éviter la prédation d’acheteurs proposant de bas prix d’achat [les domaines ayant besoin de liquidités et bradant au premier prix]. La ministre a dit qu’elle prenait le point et qu’elle reviendrait rapidement avec des propositions. Nous ne mettons pas un ultimatum pour mettre un ultimatum. La filière agricole souffre depuis des mois, les manifestations de l’hiver ont conduit à des promesses qui n’ont pas été suivies d’effet (comme les aides à la trésorerie avec la BPI). Il faut un soutien immédiat aux trésoreries pour faire face aux charges qui tombent maintenant et reconsolider la dette sur le moyen terme. Nous demandons aussi le triplement de l’enveloppe de prise en charge des cotisations sociales de la MSA (en la passant de 30 à 90 millions €/an) pour répondre aux crises agricoles (élevage, grandes cultures, viticulture…).

Nous avons besoin de lisibilité : il faut traiter l’urgence du court terme, les 15 jours, et se projeter, avoir réponses aux attentes. Maintenant, il faut que ça délivre, ça ne peut pas rester des intentions. Y compris sur les enjeux horizontaux : loi de finance (GNR, TODE, dotation pour aléas, installation/transmission…), simplification (contrôle unique, droit à l’erreur…), phytos (pas d’interdiction de matière active sans solution, Conseil Stratégique Phyto…), climat (répartition du plan méditerranéen de 50 millions €, gestion de l’eau…), rémunération (révision d’Egalim…). 

 

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Tous les commentaires (7)
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augustin Le 29 janvier 2025 à 23:12:30
acter dans le nouveau sabir politico administratif ça veut dire quoi exactement,: je vous ai écouté j ai entendu vos arguments ??? mais c est tout ça n engagé à rien et cela tombe bien on a pas grand chose à proposer ... quelle triste mascarade pendant que le secteur viticolefrancais est au plus bas :^(
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Bourvil Le 02 octobre 2024 à 15:05:08
Annie Genevard retient sa démission de la vice-présidence de l'Assemblée. De cette phrase découle toute l'insincérité de la nouvelle ministre, après la trahison politique, il y aura celle pour les filières agricoles et viticoles.
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Renaud Le 01 octobre 2024 à 19:37:48
Un bel exercice de style. De l'autopromo FNSEA. Un bla-bla ressemblant au discours du PM cet après-midi. Qui vivra verra?.. pour une fois ce n'est pas qu'une expression.
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J.Henry DAVENCE Le 27 septembre 2024 à 11:57:18
Mr Despey est président du conseil spécialisé FAM depuis 2009. Au vu des résultats éclatants de ces 15 dernières années ayant émanés de sa gestion et des orientations initiées sous sa présidence, je conseillerais à notre nouvelle ministre d'élargir fortement ses consultations si elle souhaite vraiment avoir un avis éclairé sur l'état de notre filière. De plus, je la prierais, si elle reste assez longtemps, pour qu'elle renouvelle grandement l'aéropage de nos représentants ayant démontré grandement leur incompétence!
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bill et boule Le 27 septembre 2024 à 03:56:17
On sait que celui qui a remplacé Mme la ministre sur sa terre d origine de députation est fnsea . Ce n est pas une raison pour ne pas avoir autour de la table les ja mais aussi la confédération paysanne et la coordination rurale qui eux aussi ont des arguments à partager . Sans oublier quelques groupements locaux valeureux comme le collectif viti 33 voire des viticulteurs courageux comme Rémi Lacombe en Médoc.C est en multipliant les contacts que la nouvelle ministre va pouvoir appréhender la multiplicité des problèmes et l éventail des solutions , loin de la démoralisant ritournelle de la destruction massive des vignes et des stocks .Arrachage et distillation ne sont PAS les deux mamelles de la viticulture française. Faire mentir l idee a l international que "la seule chose que sait faire dorénavant in viticulteur français sans subvention , c est se faire pousser la barbe " ( sic ) ... Courtiers négociants banquiers assureurs professions juridiques tous doivent être certes entendus mais aussi appelés en renfort , cela fait plusieurs années que le diagnostic est connu . Et se borner a balancer l argent du contribuable par millions pour arracher des milliers d ha de sau pour une poignée de biftons n à pas de sens .
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augustin Le 26 septembre 2024 à 19:42:23
Le vocabulaire politiquement correct deferle : dorénavant on " acte" sans agir .Pathétique.
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CHO Le 26 septembre 2024 à 14:07:12
Concernant l'arrachage, cela va concerner en grande partie les vignes éponges abandonnées par les viticulteurs en bout de course ou à bout de souffle. Comme certainement il n'y aura pas de contrôle sur les parcelles, cela ne va pas aider à une adaptation du potentiel de production.
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