ême au compte-goutte budgétaire, « on espère que vous venez avec autre chose que du réconfort » lance un représentant syndical dans la haie républicaine accueillant ce mardi 5 novembre à Fabrezan (Aude) la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, qui répond du tac-au-tac « je viens avec nouvelles quand même ». Parcourant une parcelle de vignes de carignan frappées par la sécheresse dans les Corbières, la députée du Doubs ne va pas arroser la filière d’aides, mais n’est pas venue les mains vides, annonçant des allégements de charges* (rallonge de 20 millions € de la prise en charge de cotisations MSA, Mutualité Sociale Agricole, incitation des préfets à l’exonération de TFNB, taxes sur le foncier non-bâti…) et des soutiens à la trésorerie avec la mise en œuvre de nouveaux prêts garantis pour l’agriculture (une piste ouverte par le premier ministre Michel Barnier le 4 octobre lors du salon de l’élevage) et un dispositif de consolidation bancaire avec la prise en charge par l’État des garanties (demandé par les Vignerons Indépendants).
Soit des « prêts à court-terme pour des difficultés conjoncturelles où l’État intervient pour bonifier les taux (entre 1,5 et 2 % sur 3 ans, avec un accès que 60 % de l’épargne de précaution est mobilisée) » et un dispositif « pour les exploitations agricoles qui connaissent des difficultés mettant en péril la pérennité même des exploitations, qui ont mobilisé plusieurs prêts et ont besoin d’un prêt de restructuration et de consolidation à plus long terme (5 à 7 ans) où l’État apporte sa garantie (et fait diminuer les taux) » détaille Annie Genevard lors d’un point presse à l’issue d’une table ronde avec des représentants du vignoble d’Occitanie à la cave Terre d’Expression. « Ce sont deux outils de soutien à la trésorerie qui étaient très attendus par la profession » précise la ministre, ajoutant que ce sont ses « réponses non seulement à la viticulture, qui a été concernée à 80 % par le prêt covid, mais à l’ensemble du monde agricole qui m’a réclamé instamment un outil bancaire pour soulager les trésoreries qui ont beaucoup souffert cette année (les grandes cultures, l’élevage…) ».


Ne répondant pas à toutes les demandes de la filière vin (fonds d’urgence viticole, fonds de restructuration des caves coopératives…), la ministre envoie de bons signaux salue Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, qui salue « l’apport d’oxygène aux trésoreries par ce que l’on ne dépense pas (TFNB, TODE, MSA…) et la capacité financière donnée par les 150 millions d’euros déployés dans les réseaux bancaires pour transformer les PGE en prêts bonifiés (par Banque Populaire Caisse d’Épargne et Crédit Agricole), le prêt à court-terme (que l’on espère à 1,5 %, pour les Jeunes Agriculteurs à 1 %) et le prêt de consolidation bancaire (annoncé autour de 5 à 7 ans, mais nous sommes dans une filière aux investissements lourds, il pousse ce prêt au-delà de 10 ans). » Si ces allègements de charges et outils financiers sont encore à adapter et finaliser, ils permettent de s’attaquer au nerf de la guerre : la trésorerie. « On a beau mettre en place des outils de restructuration (arrachage, adaptation climatique…), l’urgence est de donner à nos entreprises la capacité de survivre » pointe Jean-Marie Fabre.
Alors que 20 % des caves coopératives sont en grande difficulté économique en France, il y aurait un tiers des vignerons indépendants faisant face à des soucis de trésoreries. « On sait que 90 % de ces structures ont la capacité à perdurer si la capacité leur est donné. Ce sont des modèles économiques en tension de trésorerie, mais qui ont la capacité à être efficaces et compétitifs » martèle le vigneron de Fitou (Aude). Une question de vigne ou de mort pour des territoires. Alors que des vignes en friche avoisinaient la parcelle visitée à Fabrezan, Annie Genevard pointe leur poids sanitaire et le risque d'incendie. N'étant pas éteint pour sa part, le feu vigneron continuer de couver après ces annonces.
* : La ministre a rappelé les engagements et actions de l’exécutif pour le Gazole Non Routier (GNR) et Travailleur Occasionnel et Demandeur d’Emploi (TO-DE).
Une table ronde était organisée entre représentants de la filière viticole ce mardi 5 novembre dans le cuvier de la cave de Fabrezan.