ans se ressembler, les années difficiles se suivent dans le vignoble : le gel, les excès d’eau, la grêle et la sécheresse réduisant les rendements du millésime 2024 à peau de chagrin, au niveau du gel de 2021, alors que les coûts de production restent élevés et que les marchés semblent figés par la déconsommation. Adopté ce lundi 28 octobre en commission des finances pendant l’examen du projet de loi de finances pour 2025, l’amendement du député Jean-René Cazeneuve (Gers, Ensemble pour la République) propose la création d’un fonds d’urgence pour « flécher, à nouveau, 50 millions d'euros vers la gestion du sinistre que constitue ces différentes crises, notamment dans le Gers et dans la région bordelaise ». Déjà à l’origine du fonds d’urgence à 20 millions € il y a un an, monté début 2024 à 80 millions € dans 27 départements, le parlementaire gascon ne peut que constater le besoin de répliquer le dispositif plébiscité pour soutenir les trésoreries en difficulté. « Hélas la crise viticole est plus importante encore que l’année dernière. Ça vient se rajouter à des années pas terribles » constate Jean-René Cazeneuve, qui souligne l’impact du cumul des difficultés sur la fragilité des domaines viticoles : « cela appelle à la mobilisation des uns et des autres ».
Si l’amendement a été soutenu en commission, « maintenant le plus dur reste à faire » note le député, qui va porter sa proposition dans l’hémicycle, mais également auprès du gouvernement, en cas de recours à l’article 49.3 de la Constitution. L’élu gersois va demander des arbitrages positifs auprès des ministres de l’Agriculture et du Budget, respectivement Annie Genevard et Laurent Saint-Martin. « Il faut absolument convaincre le gouvernement de faire cet effort supplémentaire » plaide déjà Jean-René Cazeneuve. Sachant que la filière vin souhaite une aide conséquente et calibrée sur les besoins des nombreux vignobles en difficulté.


« S’il doit avoir un fond d’urgence il doit bien sûr être comme l’année dernière pour l’ensemble des départements concernés par des impacts climatiques et économiques majeurs » réagit Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Le viticulteur languedocien notant « par exemple des départements, comme les Pyrénées-Orientales et l’Aude et une partie de l’Hérault, qui le réclament très fort, car ils sont fortement impactés par la sécheresse ainsi que d’autres départements pour d’autres raisons. »
« C’est vraiment un amendement d’appel pour obtenir des discussions et un arbitrage favorable pour débloquer un fonds d’urgence pour la viticulture » explique Jean-René Cazeneuve, qui précise « pour être très honnête, je ne sais pas estimer aujourd’hui le préjudice et la souplesse que l’on aura pour aider nos viticulteurs ». Une autre option étant celle des prêts garantis, une piste ouverte par le premier ministre, Michel Barnier, lors du salon de l’élevage début octobre. Prônant une politique de soutien conjoncturel à la filière vin en cas de coups durs, le député gascon défend également une aide à la structuration du vignoble face aux aléas climatiques (évolution des cépages, des intrants, de l’accès à l’eau…).


Le retour devant les parlementaires de la loi d’orientation agricole pouvant donner l’occasion de cette structuration : « c’est un bon outil. Nous avons l’engagement qu’il viendra en début d’année prochaine » esquisse le parlementaire, qui appelle d’ici-là à l’apaisement alors que les tensions reprennent dans le monde agricole. « Je ne suis pas certain que le blocage des routes soit toujours la meilleure solution » répond-il, appelant au « dialogue constructif » et évoquant un gros travail mené depuis les manifestations de l’hiver dernier : « personne ne peut dire que rien n’a été fait ». Alors que la grogne monte contre des projets parlementaires de taxes comportements sur les vins, le député « espère qu’il n’y aura pas de majorité dans la nouvelle assemblée pour les vote. Ma position n’a pas changé, je m’opposerai vivement à ces amendements. Entre les aléas climatiques, la déconsommation, les problèmes d’exportation que l’on a sur certains pays*, halte au feu et soutenons nos agriculteurs. »
* : Face aux taxes chinoises sur les brandies européens répondant au conflit commercial sur les voitures électriques, Jean-René Cazeneuve se veut réaliste. « On n’y peut pas grand-chose. Le marché émergent de la voiture électrique nous a obligé à nous protéger. Si les Chinois ont décidé de répliquer sur les brandies, c’est de leur responsabilité. Nous sommes tous très mobilisés et j’espère que l’on trouver des moyens. Je ne désespère pas, nous ne savons pas ce qui est du bluff et ce qui est de la négociation. Les Chinois auraient tort de se priver de deux excellents produits, que sont le cognac et l’armagnac. Ils se puniraient eux-mêmes » conclut-il.