près des mois d’incertitudes sur l’élection présidentielle américaine, voici revenue plus vivement encore la crainte d’un retour des taxes dites Trump. Démarrant un nouveau mandat présidentiel le 20 janvier 2025, Donald Trump pourrait relancer rapidement ses taxes de 25 % ciblant les vins et spiritueux français d’octobre 2019 à mars 2021, qui n’ont été que suspendues pour 5 ans (jusqu’en juin 2026). « Il n’y a pas l’ombre d’un doute qu’il le fera et ils risquent d’être plus élevés que la dernière fois », partage dans une tribune Michael Kaiser, le directeur de Wine America, prédisant que « l’ancien président Trump sèmera de nouveau le chaos à la Maison Blanche, à l’image de ce que nous avons observé lors de son premier mandat. La filière des boissons alcooliques sera prise dans le tourbillon de disputes qui ne la concernent pas. »
Début 2024, le candidat Donald Trump racontait en meeting avoir fait pression sur la France et ses projets de taxes sur les géants américains du numérique (un sujet qui a envenimé les relations transatlantiques tout 2019) en brandissant une menace directe au président français, Emmanuel Macron : « sinon, vous allez payer 100 % de tarifs supplémentaires sur tous les vins et champagnes envoyés aux Etats-Unis à partir de cette nuit ». Gardant un bon souvenir de ses méthodes de négociation tout sauf diplomates, Donald Trump souhaite également imposer des droits de douane de 10 à 20 % sur l’ensemble des produits importés aux États-Unis.


Envoyant dans un communiqué « toutes ses félicitations » au nouveau président, la Fédération desExportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS) appelle « la nouvelle administration américaine et la nouvelle Commission européenne, soutenue par les Etats membres dont la France, à engager rapidement un dialogue transatlantique constructif et fructueux ». Président de la FEVS, Gabriel Picard mise sur l'évidence du gagnant-gagnant : « je ne doute pas que, dans ce nouvel environnement des relations transatlantiques, nous saurons ensemble créer de la valeur pour que nos secteurs continuent d’irriguer les emplois dans leurs territoires respectifs ». Dans la filière des vins américains, « nous ne sommes pas favorables [à la réinstauration de droits de douane ou d’autres mesures qui pourraient porter atteinte aux vins importés] car ils créent des facteurs de distorsion du marché. De plus, nous ne voulons pas faire face à des mesures de rétorsion » maintient Michael Kaiser, précisant que « les droits de douane imposés aux vins importés portent indirectement préjudice aux sociétés vinicoles américaines en fragilisant les grossistes sur lesquels elles comptent pour distribuer leurs vins ».
Même rejet évidemment pour les exportateurs de vins et spiritueux français, d'autant plus que l'économie mondiale ralentit le marché, affecté par des menaces de taxes très concrètes sur les cognacs et armagnacs en Chine, et que les droits d'accises vont augmenter en Grande-Bretagne.