ans le cadre de la révision des Recommandations alimentaires (Dietary Guidelines) en 2025 aux Etats-Unis, les Académies nationales des sciences, d’ingénierie et de médecine diligentent une évaluation des informations sur l’alcool et la santé. Une évaluation financée à hauteur de 1,3 million de dollars (soit 1,2 M€) par l’Etat et qui réunit un comité d’experts pour passer en revue, évaluer et rendre compte des preuves scientifiques sur la consommation d’alcool et ses effets sur la santé. Ce processus largement engagé devrait être terminé d’ici la fin de l’année. Ses conclusions doivent renseigner les recommandations concernant la consommation d’alcool pendant les cinq prochaines années. Pour rappel, les recommandations actuelles préconisent de ne pas dépasser deux verres par jour pour les hommes et un verre par jour pour les femmes. Certains publics sensibles, comme les femmes enceintes, devant bien évidemment s’abstenir de consommer de l’alcool.
Craintes parlementairesEn parallèle de ces recherches, le Comité de coordination interinstitutionnelle sur la prévention de la consommation d’alcool par les mineurs (ICCPUD) a lancé une étude de son côté, chapeautée par la Direction des services de la santé mentale et de la prévention et du traitement de la toxicomanie (SAMHSA). Face à cette initiative, plus de 110 députés du Congrès américain – soit environ un quart du total – se disent « très préoccupés par le fait que l’ICCPUD s’écarte de sa mission première, qui est de réduire et de prévenir la consommation d’alcool par les mineurs… Pourquoi l’ICCPUD choisirait-il de réorienter ses moyens limités au détriment de ses principales responsabilités ? » De même, les députés estiment que les membres du comité scientifique nommés par l’ICCPUD « n’ont pas été suffisamment contrôlés pour d’éventuels conflits d’intérêt ». Et de conclure, dans un courrier adressé aux ministres de la Santé et de l’Agriculture, qu’il est « indispensable que tout examen et toutes recommandations soient fondés sur une prépondérance de connaissances scientifiques et de recherches solides développées de manière transparente et sans conflits d’intérêts possibles ».
Ce manque de transparence dans le processus a déjà été pointé par le principal comité d’enquête de la Chambre des représentants aux Etats-Unis, le comité de surveillance et de responsabilité. Au début du mois, le président de ce comité très puissant a ordonné la communication de documents, estimant que le ministère de la Santé « semble opérer un détournement de pouvoir dans l’élaboration des recommandations pour la consommation d’alcool ». Une première demande de documents par le comité en avril dernier est restée sans réponse. Le secteur des boissons alcooliques aux Etats-Unis s'inquiète de la mainmise des militants anti-alcool sur ce processus clé, les recommandations ayant une influence capitale sur la consommation et les conseils prodigués par les professionnels de santé.
Gare aux raccourcis, estime HarvardLa filière compte néanmoins quelques alliés de poids : dans une tribune publiée en août, la faculté de santé publique à la célèbre Université de Harvard s’est insurgée contre les raccourcis visant l’alcool et a insisté sur la nécessité de nuancer les propos. « Après d’innombrables études, les données ne justifient pas des généralisations sur les effets de la consommation modérée d’alcool sur la santé humaine… Il est tentant de supposer que, puisqu’une consommation excessive est très mauvaise, des quantités plus faibles doivent automatiquement comporter quelques effets néfastes. Mais ceci n’est pas fondé scientifiquement…Nous devons reconnaître la complexité des preuves existantes et prendre soin de ne pas les réduire à une seule conclusion trompeuse ».