rès attendue sur le sujet de l’eau après son passage roussillonnais du 17 octobre, la ministre de l’agriculture Annie Genevard a dévoilé, lors de sa visite dans l’Aude du 5 novembre, la liste de 48 projets retenus pour le premier appel à projet du fonds d’investissement hydraulique (doté de 20 millions €). Problème : seul un projet est retenu dans l’Aude. « Grâce au fonds hydraulique, l’association syndicale autorisée (ASA) de Castelnau La Redorte, bénéficie d’un soutien de 875 000 € pour son programme d’élimination des fuites au niveau de sa conduite hydraulique principale de son réseau sous pression. Les économies d’eau permises par l’investissement contribueront, de manière significative, à diminuer la pression de prélèvement dans le milieu », développe le ministère de l’agriculture.
Cette somme vient boucler « un investissement total de 1,2 millions € pour changer 2,6 km de canalisation percée sur le réseau de notre Asa, pour parvenir à une efficience de quasiment 100 % sur notre réseau », commente Denis Carretier, président de cette ASA de Castelnau La Redorte et de la chambre d’agriculture d’Occitanie. 188 viticulteurs ont accès au réseau distribué par cette ASA.


Mais alors que la viticulture (et le secteur agricole dans sa globalité) de l’Aude et des Pyrénées-Orientales a fait de l’eau une urgence depuis près de deux ans, ce premier lot de consolation semble bien maigre au regard des attentes et des besoins manifestés par la filière. « La région Occitanie souffre tout particulièrement du manque d’eau, la sécheresse déstabilisant la vie de nos viticulteurs. Je suis très déterminée à avancer sur la question majeure de l’accès à l’eau », a d’ailleurs souligné Annie Genevard lors de l’annonce de Castelnau La Redorte. Retenues collinaires, ponctions sur les rivières ou lacs, rénovation ou agrandissement de patrimoine hydraulique existant… Les solutions énumérées par la ministre et soutenues par ce fonds hydraulique sont variées. Mais le compte n’y est pas vraiment pour la viticulture audoise qui assistait à l’évènement.
Réclamé depuis deux ans par leur président national Jean-Marie Fabre, les Vignerons Indépendants portent en effet la demande de passage de l’Aude et des Pyrénées-Orientales en zone expérimentale prioritaire pour enfin lever des blocages qui font traîner beaucoup de dossiers en longueur. « Beaucoup de projets sont finalisés et pourraient être mis en œuvre rapidement, mais des points bloquants réglementaires, des analyses ou des études complémentaires persistent. Ils pourraient être levés par ce statut expérimental », rappelle ainsi le président des Vignerons indépendants d’Occitanie Alexandre They.
Les représentants professionnels relèvent néanmoins « la bonne tournure » que prennent les choses sur le sujet de l’eau. Le président de la chambre d’agriculture de l’Aude Philippe Vergnes souligne ainsi que « les choses avancent dans le bon sens depuis 6 mois, après des années d’immobilisme sur l’eau ». Entre la région Occitanie qui finance les études d’extension du réseau en provenance du Rhône vers l’Aude et les Pyrénées-Orientales et le positionnement d’intercommunalités et agglomérations comme maîtres d’œuvres sur les projets locaux d’accès à l’eau, Philippe Vergnes voit des signaux encourageants. « La ministre de l’agriculture a même donné son approbation sur la question des forages. Il n’y a pas une mais un ensemble de solutions complémentaires : retenues collinaires, bassins de stockages, forages, réutilisation d’eaux usées. Mais l’urgence reste sur les zones orphelines sans eau du littoral, des Corbières et du Minervois où il faudra vite apporter de l’eau. Avec seulement 10% d’irrigation sur les 210 000 hectares de SAU du département, nous restons encore loin du compte ! », développe Philippe Vergnes.
Annie Genevard l’a pourtant ré-affirmé lors de sa visite audoise du 5 novembre, « accéder à l’eau ne signifie pas porter atteinte à l’environnement ». Beaucoup dans les vignes audoise ou roussillonnaises en sont plus que convaincus et aimeraient voir ce vœu pieu se transformer en chantiers concrets d’accès à l’eau.