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Crédits : Mercier

Olivier Zekri
Prêt pour l’édition génomique
 

Directeur adjoint et responsable R&D des pépinières Mercier, Olivier Zekri mène de front le programme Nathy de sélection et de création par croisements de variétés résistantes au mildiou, à l’oïdium, et au black rot, « qui nous a donné le sauvignac commercialisé depuis 2020 et 24 autres variétés en cours d’évaluation pour être inscrites au catalogue à échéance 2027-2028 », et, plus discrètement, un programme d’essais sur les nouvelles techniques génomiques (NTG), capables de conférer à l’espèce Vitis vinifera des résistances aux virus ou à certains stress liés au changement climatique. « Nous testons depuis maintenant plus de 10 ans la mutagénèse dirigée avec le système CRISPR-Cas pour favoriser tel ou tel trait de comportement de la vigne, relate Olivier Zekri, soucieux d’explorer toutes les pistes susceptibles de répondre aux défis des clients viticulteurs. Nous sommes par exemple parvenus à cibler le gène qui régule le nombre et la taille des stomates. En théorie, cela doit réduire l’évapotranspiration et le stress hydrique » , illustre-t-il. Au laboratoire et sous serre, les résultats sont probants. « Mais nous ne saurons si cela fonctionne au vignoble que lorsque la réglementation européenne nous permettra de faire des essais », temporise-t-il.

Les choses ont commencé à bouger en février dernier avec le vote au Parlement de la proposition de la Commission visant à exempter une partie des NTG des exigences de la législation sur les OGM et à autoriser leur commercialisation. Le texte doit encore passer devant le Conseil. « Probablement fin 2025, après les présidences hongroises et polonaises », anticipe Olivier Zekri, qui, loin de prétendre que les vignes obtenues par NTG vont révolutionner la viticulture, considère qu’il serait dommage pour la filière de passer à côté de cette opportunité. Il espère un feu vert de l’Europe sans possibilité pour les obtenteurs de breveter les variétés ou les procédés qui ont permis de les obtenir. « Cela inciterait les gros semenciers à se saisir du marché viticole et à s’accaparer tous les merlots, tous les chardonnays… Ce serait la fin de notre souveraineté ! » prévient-il. Olivier Zekri profite de ses places au Comité Technique Permanent de la Sélection des Plantes Cultivées (CTPS), et au Comité technique et scientifique (CTS) de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) pour mobiliser la filière sur le sujet.


Marion Bazireau