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Crédits : DR

Marie Dubillot
Défenseure d’une santé globale des vignes
 

Vigneronne en Anjou et anesthésiste, Marie Dubillot a réhaussé les ceps d’une vigne gélive afin d’éloigner les bourgeons du froid du sol. Elle explore également toutes les voies pour rendre ses vignes plus résilientes.

Une vigne établie à 95 cm du sol, et non pas à 50 cm comme il est d’usage dans ce vignoble de l’Anjou. A Chaudefonds-sur-Layon, la parcelle de Marie Dubillot présente une conduite innovante et prometteuse face aux défis climatiques. En éloignant la zone fructifère du sol, où les températures sont plus basses, le rehaussement des troncs de ceps contribue à limiter la vulnérabilité des bourgeons face au gel. « En 2021, nous avons relevé dans cette vigne - 5,7°C à 50 cm du sol, et 0,5 °C de plus à 95 cm, où l’hygrométrie était aussi légèrement inférieure », indique la vigneronne. En 2022, sur cette parcelle suivie par l’Association technique viticole du Maine-et-Loire, le conseiller Thomas Chassaing a relevé à 95 cm une température supérieure de 0,3°C à celle observée à 50 cm du sol.

Rehausser la hauteur des ceps semble aussi prometteur face aux pics de chaleur, avec 3 °C de moins relevés à 95 cm, lors d’une canicule en 2023. « Et cette vigne plus haute est plus agréable à travailler car on y est moins courbé », ajoute Marie Dubillot, qui n’en est pas à sa première expérimentation viticole. « J’ai toujours réalisé beaucoup d’essais : engrais verts, curetage, regreffages, recépages etc. afin de maintenir le potentiel de production », explique la vigneronne qui travaille aux côtés de son frère sur le domaine familial en bio, tout en ayant sa propre exploitation de 3 ha, dont elle vend les raisins à des vignerons partageant ses convictions environnementales.

Son vignoble, elle l’a baptisé "Les Sarments d’Hippocrate". Un clin d’œil au métier qu’elle exerce en parallèle à ses travaux à la vigne. Depuis 10 ans, Marie Dubillot est médecin anesthésiste réanimateur : « Je suis spécialisée en chirurgie cardiaque, je travaille au CHU d’Angers une semaine sur deux ». Pour elle, être médecin et vigneronne relève d’un même état d’esprit : « L’amour du vivant, la prévention, la préservation d’une bonne santé globale, vectrice de résilience, chez les humains comme au vignoble, où la polyculture que l’on pratique sur le domaine est aussi un levier d’avenir pour la biodiversité, le paysage, la diversification des revenus face aux impacts climatiques » . La médecine hospitalière et la viticulture ont aussi d’autres points communs selon Marie Dubillot : « le travail en équipe, la transmission et le compagnonnage ». Des valeurs qu’elle met en œuvre au bloc opératoire comme dans ses vignes.


Ingrid Proust