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Comment "en terminer avec les Bordeaux en produits d'appel à prix cassés"
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Plan d’action
Comment "en terminer avec les Bordeaux en produits d'appel à prix cassés"

D’un accord de filière avec la distribution à la révision d’Egalim avec le gouvernement, l’interprofession des vins de Bordeaux fait le point sur les leviers d’action activés pour garantir des prix rémunérateurs à ses opérateurs.
Par Alexandre Abellan Le 30 avril 2024
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« La filière agit pour répondre à la grave crise qui touche notre vignoble. Cette crise est mondiale. Bordeaux y a été confrontée plus tôt que d'autres régions de production dans le monde parce qu'elle est en première ligne » indique Allan Sichel ce 29 avril à Bordeaux. - crédit photo : Alexandre Abellan
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ouhaitant d’emblée « exprimer la solidarité totale de toute la filière » pour les opérateurs girondins en difficulté, Allan Sichel, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) pose en assemblée générale ce lundi 29 avril que « malgré les accompagnements mis en place par l'interprofession et l'Etat*, de nombreux confrères restent malheureusement confrontés à un avenir incertain. Cette détresse nous touche profondément. » Le négociant soulignant que « dans certains cas, elle est la conséquence de prix de transactions inadmissibles, répondant à un besoin de trésorerie immédiat mais très loin de couvrir les coûts de production ».

Ayant porté ce début d’année une alerte sur les vins bordelais vendus à moins de 1 000 € le tonneau (hélas sans changement de paradigme, les cours moyen étant de 916 et 880 € le tonneau pour Bordeaux et Blaye Côte de Bordeaux en rouge du 15 au 28 avril derniers), le président du CIVB note que le sujet d’un prix rémunérateur est partagé par la distribution (à l’occasion de la réunion inédite du 8 avril dernier) et le gouvernement (la ministre déléguée à l’Agriculture Agnès Pannier-Runacher ayant reçu ce mercredi 10 avril le CNIV, Comité National des Interprofessions des Vins, portant le sujet avec le CIVB et Inter Rhône). « Si les règles de libre concurrence s'opposent à toute entente sur les prix, les lignes doivent néanmoins bouger, nous devons trouver des solutions pour que chaque viticulteur puisse vivre de son travail » indique Allan Sichel, qui évoque les pistes d’accord de filière avec la distribution et d’évolution de la réglementation Egalim avec l’exécutif (et les parlementaires).

Nous savons qu'il ne sera pas possible de décréter un prix minimum

Concrètement, « nous souhaitons définir les indicateurs qui serviront à calibrer le prix du contrat amont, adapter la loi Egalim aux spécificités de notre filière, sécuriser les opérateurs par rapport à la notion de faire pratiquer des prix abusivement bas [NDLA : suite aux condamnations de négoces sur ce fondement dans l'affaire Rémi Lacombe], intensifier l'animation du rayon vin dans la distribution et en terminer avec les Bordeaux en produits d'appel à prix cassés » liste Allan Sichel, restant pragmatique sur la portée d’une révision d’Egalim : « nous savons qu'il ne sera pas possible de décréter un prix minimum appliqué de manière obligatoire, systématique et indiscriminée. L'objectif est plutôt de déterminer des indicateurs pertinents qui permettront de calibrer les prix du contrat amont sur des bases éclairées. » Réaliste, le président du CIVB l’est également en reconnaissant que « quoi que nous mettions en place il va être difficile d'empêcher toute possibilité de contournement. Nous devrons y être vigilants mais cela exigera aussi la responsabilisation de tous les intervenants. »

Procès Castel

Intervenants appelés à se positionner sur la levée de l’action en justice du négociant Castel, réclamant 100 000 € aux syndicats ayant manifesté devant son siège, par Dominique Techer, le porte-parole de la Confédération Paysanne de Gironde. Des discussions ont lieu sur ce sujet élude Lionel Chol, le représentant de la Fédération du Négoce de Libourne et Bordeaux (ancien directeur d’œnoalliance pour Castel, il dirige actuellement Ballande France et Associés). Secrétaire générale de la Fédération des Syndicats d’Exploitants Agricoles de Gironde (FDSEA 33) qui est poursuivie (aux côtés des Jeunes Agriculteurs et du collectif Viti 33), Serge Bergeon ajoute que toutes les manifestations ayant ponctué ces derniers mois ont permis de défendre « Bordeaux, tout Bordeaux. C’est le moment de le montrer clairement. J’ai apprécié le discours du président Allan Sichel. Faire corps, c’est aussi défendre à tous les niveaux l’image que l’on donne à l’extérieur. C’est l’intérêt de tout le monde, négoces et producteurs, de montrer que Bordeaux a des valeurs [dont] le prix rémunérateur. » Et le syndicaliste de pointer sous les applaudissements que « le Bordeaux bashing, par le prix entre autres, est une chose que nous devons tous condamner ».

Si l’arrachage sanitaire en cours n’a pas produit ses effets sur l’offre bordelaise, le petit millésime 2023 (mildiou oblige) doit alléger le surstock et permettre de relancer la demande. « Nos projections nous indiquent que nous allons approcher de l'équilibre volumique dans les prochaines semaines » pointe dans son discours Allan Sichel, soulignant que « cela n'a rien de glorieux puisque ce n'est que le résultat de la distillation, de l'arrachage et de la très faible récolte 2023 qui ont fortement réduit les volumes disponibles, les rapprochant des volumes commercialisés. Néanmoins cet équilibre est un prérequis absolument nécessaire pour tous les acteurs de la filière et doit contribuer au redressement des cours les plus bas de Bordeaux rouge. » Une revalorisation à laquelle doit contribuer la campagne "Ensemble tous singuliers/Join the Bordeaux crew" du CIVB, lancée depuis février en France, en mars en Belgique, en avril en Grande-Bretagne et aux États-Unis. « Nous devons réussir à stimuler la demande, intensifier l'attractivité de nos vins pour le consommateur bien sûr mais aussi pour le prescripteur, le grossiste, le détaillant, le sommelier, le caviste et le restaurateur. Tous doivent retrouver leur fierté à découvrir, prescrire et consommer les vins de Bordeaux » conclut Allan Sichel.

 

 

* : « La distillation, l'arrachage, les prêts bonifiés, le report de paiement des cotisations MSA, l'année blanche sur les remboursements d'emprunts et les mesures du plan d'urgence » sont cités par Allan Sichel, pointant que « ces mesures sont absolument nécessaires. Pour beaucoup, elles vont alléger la difficulté de manière transitoire mais n'apportent bien sûr pas de solution définitive. Il nous appartient d'inventer la suite. »

 

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Tous les commentaires (6)
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Dominique Le 01 mai 2024 à 16:29:23
@Augustin J'aimerais avoir votre optimisme sur la capacité du CIVB et de ses appendices à se réformer et à prendre la mesure de la situation. Le CIVB a été créé en 1948 avec les deux familles Négoce et Production, qui étaient globalement dépendants de Bordeaux, complètement territorialisés. Puis est arrivée la mondialisation. 1982, le dollar à 10 francs, les golden boys achetant les Bordeaux de la bulle Parker. Le Négoce s'est progressivement déterritorialisé, internationalisé. Il n'y a plus que les producteurs qui soient restés structurellement rivés à Bordeaux. C'est autour de ces années que que la locomotive des grands crus s'est délestée des wagons et j'en ai des souvenirs précis. Mais les structures n'ont pas bougé. Les Négoces peuvent ne réaliser qu'un petit pourcentage de leurs achats en Bordeaux, mais ils peuvent néanmoins décider pleinement au niveau du CIVB. Si les groupes organiques se font plumer et que les moyens restent au niveau du CIVB, ce n'est pas un hasard absolu. Le système est malheureusement fossilisé. L'opacité, les mauvaises habitudes sont maintenant profondément enkystées. Et pour traiter un kyste, il est difficile d'éviter d'opérer.
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augustin Le 01 mai 2024 à 06:34:50
Une fois encore la fameuse " solidarité " ça se crée au quotidien et ça ne se proclame pas ponctuellement, à Bordeaux comme ailleurs. Solidarite entre grands crus et petits châteaux avec la réforme urgente de la cvo du civb valeur et non volume , une nouvelle relation apaisée entre grandes marques et petit négoce , via des sorties en primeur dans des conditions commerciales plus attrayantes notamment actuellement le millésime 2023 . Et enfin , discrimination positive assumee en faveur des petits châteaux ,de la part des grands négociants avec un vrai pari sur les vins distributifs à la reconquête des marchés, notamment à l export. Autant de mesures de bon sens, voulues par la majorité des acteurs de la filière mais demeurant pour le moment dans les tiroirs du civb . Tout comme la DDE , on se résignerait à aménager un carrefour qu après quelques accidents mortels ? Soyons au rendez vous de la prochaine AG du civb début 2025 avec les mêmes mines compassees sur les mêmes tendances baissieres ...ou bien ,d ici là , souhaitons que l interprofession se soit reprise en mains , pour renouer avec la synergie entre châteaux et négociants , sous la houlette du courtage. Le terrain en rêve, le civb peut le faire, en s en donnant les moyens , notamment avec la fgvb , l ugc, le cgc mais aussi par exemple le collectif viti 33 ou encore le grand cercle ou bien l alliance des cb du Medoc .Le tout en coordination avec l umb et le syndicat des courtiers. Ensemble ,tout reste encore possible ! Reste à en retrouver la volonté politique qui remplacera avantageusement le fatalisme ambiant . La solution est à Bordeaux , pas à Matignon , ni à l Elysee ... et probablement pas à Bruxelles non plus !
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Dominique Le 30 avril 2024 à 22:19:57
Même quand le navire sombre, on surjoue la « positive attitude ». On parle de la préparation du « rebond »alors que beaucoup n'ont pas encore fini de s'enfoncer. Mais, « the show must go on ». On aborde la question des prix des transactions qui est sujet de moyen terme alors que les pluies renouvelées, les vignes abandonnées et l'absence de moyens d'entretenir la vigne sont des sujets de très court terme. Triste spectacle qu'une interprofession à la dérive qui n'a rien vu venir et reste dans les mêmes réflexes pavloviens, quelle que soit la situation. Le représentant des Graves qui regrettait gentiment la réduction des budgets de promotion s'est fait rabrouer comme un cancre, pour avoir rompu l'unanimité du groupe. Pourtant, il posait un sujet de grand intérêt, sachant qu'en plus de l'arrachage ( faiblement ) primé, les entrepreneurs procèdent massivement à de l'arrachage non primé. Les différentes ODG ainsi que le CIVB vont voir leurs recettes suivre l'évolution à la baisse des surfaces revendiquées. Quant à l'ODG Bordeaux, elle a enregistré un déficit de 300 000 euros sur l'année 2023 et l'entretien de la Maison des Bordeaux devient ruineux : les moyens du « rebond » vont être rares côté ODG? Avec une telle direction aux manettes, le pire est probable mais on peut toujours tenter une procession derrière l'archevêque de Bordeaux pour implorer le retour des vaches grasses ?
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Renaud Le 30 avril 2024 à 09:06:24
Merci à Dominique pour avoir posé la question sur l'action en justice de Castel. Mais il n'a pas eu de réponse. Castel est aussi présent dans le Conseil d'administration de l'ODG Bdx. À quoi ça sert ? C'est un mélange du genre. Il faudrait les mettre dehors pour faute à l'esprit de filière et non respect de leur engagement RSE. Quant à la fixation d'un prix plancher, je ne comprends pas leur incapacité à intégrer cette possibilité ? Elle est légale au sein d'une Organisation de Producteurs. Le CIVB et le collectif travaille sur le sujet depuis bientôt 6 mois pour une mise en place pour le millésime 2024! Je pense que le sujet est tellement innovant pour les défenseurs du libéralisme que cela ne rentre pas dans leur fenêtre d'Overton. Ils en sont toujours à la phase Tabou alors que le sujet est aujourd'hui accepté. La pédagogie est de répéter souvent en variant les médias?.. nous faisons preuve d'opiniâtreté et de patience. Mais qu'il est difficile de donner à boire à une Âne qui n'a pas soif.
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Vigneron Le 30 avril 2024 à 09:04:50
Tout les intellectuels du vin se plaignaient de la surproduction. Grâce au mildiou, arrachage et distillation de crise, la récolte 2023 est très petite. J'attends de voir la flambée des prix, sinon il faudra réviser sa copie...
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augustin Le 30 avril 2024 à 06:22:10
Toujours rien sur les modalités de calcul de la cvo, toujours basé sur le volume et non sur la valeur . Et toujours rien sur l hyper premiumisation voulue par certains qui a flingue durablement l image des petits . Bordeaux à l export . Et que dire des négociants tétanisée par la sortie du 2023 de la part des gcc , qui se demandent comment ils vont encore éviter de perdre leur allocation en raclant leurs fonds de tiroir , le tout au profit de quelques grandes marques influentes à l ugc, au cgc , à la fgvb ...voire au sein même de la direction du civb . Le terrain des petits châteaux n y croit plus, les cours bouteilles continuent à baisser sur le segmennt intermediaire et les effets de la couteuse campagne de pub tardent à avoir un impact en leur faveur. Et il n est pas certain que le train de mesure annoncé par Matignon samedi dernier et qui sera confirmé jeudi prochain par l Elysee ,sur le plan national , soit de nature à apporter une solution concrète à la majorité des opérateurs bordelais , quelle que soit leur odg. Les lemmings s apprêtent donc à sauter la falaise 2024 , en notant que certains sont tout de meme équipés de parapente et garderont donc le sourire , une fois leurs petites affaires bouclées correctement , primeur 2023 oblige. La commission agriculture des parlementaires lance des ce jour ses reflexions sur la nouvelle loi d orientation ...et on veut croire que les élus nationaux , quelle que soit leur orientation politique feront preuve de plus de vista que les élus bordelais. Quant à l échelon européen, les sondages révèlent une frustration croissante , dont personne ne s étonne plus.
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