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Les vignerons de Bordeaux ne veulent plus porter la croix des petits prix
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Vendredi saint
Les vignerons de Bordeaux ne veulent plus porter la croix des petits prix

Pas de chasse aux œufs de Pâques, mais aux bouteilles à prix bradés pour les Jeunes Agriculteurs de Gironde, qui sont allés visiter cinq grandes surfaces ce vendredi : bon point à Carrefour, avertissements à Auchan et Aldi, nouveau blâme pour Lidl.
Par Alexandre Abellan Le 29 mars 2024
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Les vignerons de Bordeaux ne veulent plus porter la croix des petits prix
En ce vendredi saint, les JA33 ont voulu rappeler que le vin dans leur bouteille est leur sang, et qu’il ne peut être bradé. - crédit photo : Alexandre Abellan
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as de jaloux ! Les Jeunes Agriculteurs de Gironde ciblent ce vendredi 29 mars les rayons vins de Carrefour, Aldi et Lidl à Libourne, puis Auchan à Bouliac. Dans le viseur les petits prix du fond de rayon et des Foires Aux Vins de printemps. « On ne touche qu’aux bouteilles à moins de 3 €, qui ne permettent pas de faire vivre les gens » explique Théo Hernandez, le référent JA 33 de Sainte-Foy accompagné d’une dizaine de membres du syndicat agricole.

« Il faut 1 300 € le tonneau pour ne pas perdre d’argent d’après les dernières études de la Chambre d’Agriculture, et là on doit être à 600 €. Ils surfent sur la surproduction et la détresse des gens qui doivent remplir leur compte en banque » poursuit Théo Hernandez, qui retire dans le calme les bouteilles à moins de 3 €. Bouteilles mises dans des caddies après  des coups de marqueur sur les étiquettes et codes-barres, sous le regard d’employés, mais aussi de policiers et même d’une huissière. Si les directeurs d’enseigne sont plutôt à l’écoute, l’un d’eux s’agace de voir des bouteilles hors-Bordeaux marquées, notamment de Prosecco. « On ne peut plus lutter avec nos normes, c’est de la concurrence déloyale. On crève la dalle. Il faut consommer français et local » réplique un manifestant.

Tournée des grandes réducs

Ayant défrayé la chronique, les promotions à 1,89 € la bouteille chez Lidl et à 1,66 € chez Carrefour n’ont pas été trouvées sur sites. Une confirmation plus qu’une surprise au Carrefour de Libourne, les syndicats agricoles ayant échangé le matin même avec le négoce de Carrefour, la maison Johanés Boubée, qui s’est engagée à ne pas mettre en vente ces bouteilles à 1,66 € (en offre 4+2) dans son réseau Carrefour Market (dont la foire aux vins commence mercredi 3 avril). Une réunion jugée constructive par un porte-parole du négoce contacté par Vitisphere, qui évoque une compréhension mutuelle des enjeux et contraintes.

Constatant que les bouteilles à 1,66 € qui étaient présentes la veille au Carrefour de Libourne ne sont plus là, les Jeunes Agriculteurs repartent bredouilles, ne touchant pas aux vins à moins de 3 € pour marquer l’avancée enregistrée auprès de Carrefour. « Ils ont respecté leur parole, ils ont sorti les bouteilles : ça montre que l’on est écoutés » souligne Théo Hernandez, qui n’en regrette que plus l’absence d’avancées auprès de Lidl : « sa direction nous dit qu’il y a une guerre des prix et on voit Carrefour qui retire ses palettes et va faire l’impasse sur la promotion dans son réseau de 1 000 enseignes. »

Mauvais larron

Durant cet après-midi d’actions, Lidl fait office de lanterne rouge avec ses nombreuses références à moins de 3 € (avec des relevés de Bordeaux rouge tombant à 1,99 € en fond de rayon, comme chez Auchan et Aldi) remplissant 6 caddies (quand il y en avait 2 chez Aldi ou Auchan). « Ils continuent à remettre en rayon les vins que nous avions déjà barré et à ne pas nous respecter. Nous continuons à mettre la pression : nous sommes toujours là et resterons vigilant » annonce Théo Hernandez, qui s’attend à de nouvelles plaintes, pour la forme : « nos opérations se passent toujours bien. Pas de casse. Pas de dégradation. Pas de passage en caisse. »

Si l’on ne fait rien, la moitié du vignoble disparaîtra

Alors que les manifestations vigneronnes se multiplient auprès des distributeurs et négociants*, les vignerons notent qu’il n’y a plus que ce moyen pour se faire entendre. « Si la semaine dernière il n’y avait pas eu d’opération contre Carrefour [à Lormont le samedi 23 mars], il n’y aurait pas eu d’avancées ce matin » pointe Théo Hernandez, pour qui « si l’on ne fait rien, la moitié du vignoble disparaîtra. Mais un paysan génère 7 emplois indirects. On défend nos salariés et les territoires : l’épicier, le boulanger… »

« On est là pour que les prix remontent. On ne veut plus de ces cours » clame un manifestant, qui rappelle que « quand on n’est pas sur notre exploitation le vendredi, on prend du retard que l’on rattrapera samedi et dimanche. » Une manifestante renchérit : « c’est malheureux d’en arriver là, de ne pas pouvoir vivre de son travail. » Un troisième manifestant abonde : « je déconseillerai à un jeune de s’installer en viticulture. Il va arriver à l’agriculture ce qui est arrivé sur l’industrie française… »

Risques de durcissement

Restant motivés pour manifester à la prochaine occasion, les Jeunes Agriculteurs ne cachent pas leur déception face à l’annulation de la réunion initialement prévue ce vendredi 29 mars à Bordeaux entre la filière vin et les distributeurs. La réunion pourrait avoir lieu début avril. Avec le risque qu’en laissant courir la situation, et le mécontentement, que « la mobilisation se durcisse. Les manifestations se tiennent pour le moment. Mais avec le débourrement, les actions pourraient devenir plus courtes plus fortes avec des ultras » craint un manifestant. Absent lors de l’action, Cédric Pointet, le président du syndicat JA 33, confirme à Vitisphere qu’« à force de ne pas être entendu, le ton risque de monter ! »

 

 

« On vous avait dit que l’on te viendrait » lance un manifestant en arrivant chez Lidl.

 

« Un vin de France avec du sirop est vendu plus cher que du Bordeaux… A quoi sert l’AOC ? » râle un manifestant.

 

 

* : Avec les syndicats agricoles et le collectif Viti 33 désormais réunis dans une ntersyndicale pour demander un prix rémunérateur calculé sur les coûts de production, les manifestations vigneronnes se succèdent. Avec le blocage de Langon le 29 janvier, des Grands Chais de France le 22 février, de Castel le 28 février, d'enseignes Lidl le 7 mars puis le 9 mars, du négoce Raymond le 15 mars, du Carrefour de Lormont le 23 mars

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Tous les commentaires (3)
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Vigneron Le 12 avril 2024 à 17:51:16
Ils ont raison ces vignerons. Voilà pourquoi il faut trouver d'autres marché que la GD ou le VRAC. Une grande partie des vins Français se vend à l'Export, dans les salons de vin ou caveau de vente. Cela demande plus de travail mais cela permet de mieux vivre de son travail.
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Albert Le 01 avril 2024 à 17:43:36
Serait-il possible de savoir la source - à propos de la création d'emplois indirects - à laquelle se réfère Théo Hernandez quand il affirme "si l'on ne fait rien, la moitié du vignoble disparaîtra. Mais un paysan génère 7 emplois indirects. On défend nos salariés et les territoires : l'épicier, le boulanger? ». Ça me paraît spécieux de justifier de la nécessité de maintenir à l'identique la superficie d'un vignoble en raison du tissu social indirectement établi (emplois ?) quand économiquement les indicateurs évaluant l'attractivité du produit (AOP Bordeaux générique) sont dans le rouge ! .. La mutation du monde paysan aquitain vers d'autres spéculations que la vigne pourrait se concevoir, non ? .. je ne comprends pas la logique biaisée du raisonnement syndical.
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augustin Le 29 mars 2024 à 20:35:00
bonsoir triste vendredi saint en bordelais avec le froid la pluie et le mauvais climat des affaires Tout les espoirs se portent désormais vers la prochaine réunion chez m le préfet guyot. possibement a partir du 8 avril .Étrange bristol d invitation puisque c est le civb qui a sollicite cette invitation en ajoutant pour son hôte ceux qu il souhaitait retrouver autour de la table .Le môle crée par l intersyndicale plus collectif viti 33 créé une force d opposition qui va forcément poser probleme tant a l umb que à l ugc et ultimement aux banques locales . La légende supposement salvatrice de la distillation et de l arrachage a vécu ...et placé désormais aux vrais problèmes donc la a solidarité entre producteurs , la modification de la cvo , l application d egalim et celle du revenu revenu minimum , sans oublier la protection des associes des domaines en lj . Cette fois les députés sont alertes et le temps des petits arrangements entre amis est terminé. Qui oserait s en plaindre en dehors de quelques individualistes nantis qui n ont peut être pas vu venir la possible fin de leur âge d or ? Bordeaux peut se ressaisir , souhaitons que ce soit enfin tous ensemble.
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