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"Aujourd’hui, être vigneron ne paie pas de quoi nourrir nos familles"
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Cri du cœur
"Aujourd’hui, être vigneron ne paie pas de quoi nourrir nos familles"

La colère bordelaise se cristallise avec une nouvelle manifestation réunissant une centaine de personnes selon l'organisateur et une soixantaine de manifestants d'après la prefecture, pour bloquer un négoce majeur et la logistique d’un distributeur. Le point avec le porte-parole du collectif Viti 33, le vigneron retraité Didier Cousiney.
Par Alexandre Abellan Le 22 février 2024
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Il n'y avait pas que des viticulteurs rassemblés ce jeudi 22 février, des éleveurs étaient aussi présents pour porter leurs revendications auprès de la GD. - crédit photo : Collectif Viti 33
L
e rythme des mobilisations bordelaises semble s’accélérer. Après une manifestation à Bordeaux en décembre 2022 et un blocage de Langon ce mois de février, votre collectif vient d’organiser des rassemblements devant la plateforme logistique de Système U à Langon et le site des Grands Chais de France à Landiras.

Didier Cousiney : La pression monte et va encore plus monter. On a juste commencé aujourd’hui à Langon avec une plateforme de la GD et le symbole de GCF. Il y aura d’autres actions, dès la semaine prochaine. Nous avons mobilisé une centaine de personnes avec 25 à 30 tracteurs et engins agricoles sur deux sites ce matin sans débordement*, en réussissant à avoir de nombreux médias.

 

Que demandez-vous alors que l’État indique mettre en place un arrachage sanitaire et un fonds d’urgence, tout en négociant avec l'Europe un arrachage temporaire ?

Ce n’est pas ce que l’on demandait, mais on ne crache pas dans la soupe : on prend tout ce que l’on nous donne ! Mais les annonces du gouvernement, j’en fais fi. J’entends le ministre* parler d’aides à l’installation avec des prêts pour les jeunes. Mais c’est prendre le problème à l’envers. Il faut sauver le présent pour pouvoir parler d’avenir. Comment installer des jeunes quand ceux en place ne peuvent pas vivre de leur travail ? J’ai échangé avec la direction de Grands Chais, qui me dit tout faire pour Bordeaux. Mais ils le font à des prix indécents ! Je demande que les viticulteurs puissent se retrouver autour de la table avec les centrales d’achat de la GD et les grands négociants. Nous n’avons pas besoin de nos institutions (syndicats AOC et interprofession), nous voulons parler en direct d’un prix rémunérateur pour l’on puisse vivre de notre métier. Aujourd’hui, être vigneron ne paie pas les frais et ne permet même pas de se dégager un début de salaire pour avoir de quoi nourrir nos familles. On doit pouvoir vivre de notre boulot comme tout à chacun.

 

Êtes-vous partisan de la mise en place d’un prix plancher fixé sur le coût de production des vins ?

Ne parlons pas de prix minimum, ce serait une base qui n’évoluerait jamais. Notre collectif réfléchit avec la filière sur un moyen d’orienter les prix. On veut discuter avec les responsables d’achat de la GD et les gros négoces pour leur faire admettre qu’en pratiquant des prix de 600 à 650 € le tonneau ils mettent à genou tout un territoire. Il faut que l’on puisse payer nos charges, nos frais et un salaire sans piocher dans des réserves que l’on n’a plus. C’est entre nous, acteurs du vignoble, de parler sans intermédiaires institutionnels.

 

Que pensez-vous des prises de parole de l’interprofession sur un prix du vrac inacceptable en dessous de 1 000 € le tonneau et de la FDSEA pour surveiller les transactions tombant en dessous de ce niveau ?

Je ne veux pas jeter des fleurs au collectif, mais dès que nous faisons une action ou des annonces, c’est repris par d’autres. J’ai le souvenir d’une réunion il y a quinze ans dans la salle des fêtes de Saint-André-du-Bois qu’Allan Sichel [NDLA : actuel président de l’interprofession des vins de Bordeaux, le CIVB] nous disait que l’on ne vendait pas plus un vin qu’il soit acheté à 500-700 € le tonneau qu’à 1 200 €. Aujourd’hui, nous sommes tombés à 600-650 € le tonneau. Je l’ai demandé à la direction des Grands Chais : est-ce que cela fait rêver le client de voir une bouteille de Bordeaux à 1,5 € ? Ça ne valorise pas l’image de marque de Bordeaux que l’on essaie de redorer avec la nouvelle campagne publicitaire [NDLA : Join the Bordeaux crew].

 

La sortie de la crise ne réside-t-elle pas simplement dans la sortie de l’attentisme des acheteurs de vrac ?

Ce n’est plus de l’attentisme. Il n’y a rien qui se passe : c’est catastrophique. Nous savons qu’il y a une déconsommation, mais ce n’est pas pour ça qu’il faut tout acheter à 600 € le tonneau.

 

 

* : Lors de sa conférence de presse ce mercredi 21 février, le premier ministre Gabriel Attal indiquait que « conformément à nos engagements, 2 milliards d’euros de prêts garantis par la puissance publique sont accessibles dès cette année aux agriculteurs nouvellement installés ».

 

Les tracteurs portaient les revendications et le désespoir des manifestants.


 

 

* : Confirmant qu'il n'y a pas eu de remontées de dégâts, la péfecture de Gironde précise qu'il y aurait eu à Langon 21 voitures, 10 tracteurs, 1 machine de vendange et une quarantaine de personnes et à Landiras 10 voitures, 10 tracteurs et une vingtaine de personnes.

 

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Fazer26 Le 25 février 2024 à 04:25:52
Venez faire un tour à l'étranger : bordeaux n'a pas de signification pour les consommateurs par contre merlot, cabernet, sauvignon, oui. Mettez les pieds sur terre, remettez vous en question sur des appellations que vous êtes les seuls à connaître, faites du bon vin à des prix de marché et là vous vendrez.
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augustin Le 22 février 2024 à 14:38:20
Grâce soit rendue au collectif viti 33 qui a su mettre fin à la torpeur bordelaise depuis plus d un an ! L éstablishment bordelais , y compris le civb et les grandes aoc ont réussi pour le moment à contenir son influence à la rive droite et à l entrée de gamme , en lui proposant successivement deux leurres dont arrachage et distillation puis in fine une toute nouvelle campagne de pub . Le tout avec la bénédiction du nouveau préfet qui a donné sa bénédiction 2023 , par ignorance ou par inertie disent certains ... Le même civb avait déjà réussi en début d année 2024 à isoler un lanceur d alerte medocain qui avait eu le culot de dénoncer à lui tout seul la non application de la loi egalim devant le tc de Bordeaux ... on connaît la suite fort heureusement ! Mais la crise métastase rapidement la rive gauche et le milieu de gamme bordelais sur ce debut 2024 , le conflit peut donc se répandre géographiquement , puis devra trouver des nouvelles cibles plus ou moins pertinentes comparees a celles choisies ce matin .Comme msa ,trésor public, mais surtout les agences bancaires qui aujourd hui rasent les murs malgré les incantations du gouvernement visant à les faire intervenir : les banques n iront pas sauf si on leur demande très fermement . La CR 47 l à fait , pourquoi pas s il le faut le collectif viti 33 ???
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BORD Lionel Le 22 février 2024 à 14:19:26
BRAVO Il y a plus de 15 ans que nous parlions de 1000 Euro le tonneau minimum alors que le seuil de rentabilité était de 1500 Euro le TX pour le Bordeaux rouge Pourquoi ne parle t on jamais de "commerce équitable"? La ruine guette économiquement TOUTES les régions viticoles MERCI Monsieur EVIN. La modération de la consommation d alcool OUI OUI mais pourquoi le vin est toujours ciblé et jamais la bière, le Gin , le whisky et tous les alcools FORTS? Courage
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