eu du chat et de la souris ce samedi 9 mars dans les enseignes bordelaises de Lidl : à Coutras, Cavignac, Langon, Pineuilh... Pour sortir des rayons les vins de Bordeaux à très bas prix (dès 1,89 €), des vignerons de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de Gironde (FDSEA 33) sont allés visiter des magasins qui avaient sortis les références visées ou fermé le magasin pour la journée. Face aux stores baissés, les vignerons ont masqué les enseignes pour afficher leurs slogans (« Lidl : le mépris des bonnes choses » ou « respectez-nous : minimum 3 € la bouteille »), déposé des pieds de vignes arrachées et des bottes de foin… Et posé un caddie sur le toit. « Nous n’allions pas partir de suite… Ils ont voulu fermer pour la journée, nous les avons aidés » commente Serge Bergeon, le secrétaire général de la FDSEA33.
Exprimant la colère vigneronne qui bouillonne actuellement en Gironde, cette opération menée par un soixantaine d’agriculteurs dans sept enseignes poursuit les actions de ce jeudi 7 mars, avec le blocage initial du Collectif Viti 33 (60 manifestants et 15 tracteurs à la centrale logistique de Lidl à Cestas) et les visites des Jeunes Agriculteurs de Gironde (une quinzaine d'agriculteurs et 2 tracteurs pour les Lidl de Sainte-foy, Castillon et Libourne). Ces actions se veulent un coup de semonce aux négociants et distributeurs : « on ne veut pas qu’il puisse être vendu un bordeaux à un prix non-rémunérateur. Un vin de Bordeaux à moins de 3 euros sort des rayons » prévient Serge Bergeon. Qui précise que ce seuil de revente à perte de 3 € est issu d’un objectif minimal de 1 250 € le tonneau vendu par le producteur.
Si la FDSEA 33 surveille toujours les transactions de vin en vrac, pour faire tenir la condamnation interprofessionnelle des cours à moins de 1 000 € le tonneau, son secrétaire général note que les banques poussent les viticulteurs en difficulté à vendre leurs vins à n’importe quel prix et que des liquidateurs judiciaires vendent à des cours plus que cassés. D’où l’interpellation des enseignes sur leurs achats de ces premiers prix tirant tout le marché vers le bas. Ce qui ne semble pas être du goût de Lidl rapporte Serge Bergeon, qui a pu échanger avec Michel Biero, préisdent de Lidl France, se sentant particulièrement stigmatisé.
« J’apprécie les contrats tripartites que Lidl a mis en place avec d’autres productions. Mais ce n’est pas le cas pour vins » condamne Serge Bergeon, qui reproche à l’enseigne « d’utiliser des acteurs locaux qui achètent à 600-650 € le tonneau pour faire tourner leur négoce, qui peut financer leur partie vignoble en achetant des vignes aux personnes en grande difficulté... Ce n’est pas nouveau, il est déjà arrivé par le passé que des négoces se constituent à bas prix de grands vignobles. Ils nous étranglent. »
Ce samedi, il n’y avait pas que Lidl qui était visité en Gironde. Les vignerons sont aussi passés voir à proximité le magasin Aldi de Pineuilh et les Leclerc de Coutras et Saint-Magne-de-Castillon. Si à Coutras aucun vin à moins de 3 € (« il y aurait eu une bouteille à 1,89 € par le passé, mais les viticulteurs locaux, qui sont aussi des clients, ont fait remarquer que c’était indécent et la référence a été retirée » rapporte Serge Bergeon), à Saint-Magne-de-Castillon les manifestants ont rempli une vingtaine de caddies de bouteilles dont les prix ne correspondent pas aux coûts de production du vin. De prochaines actions sont envisageables, alors que Leclerc reste sous surveillance comme sa foire aux vins de printemps démarre la semaine prochaine.