n rendez-vous et une mise en garde. Ce vendredi 23 février, les agriculteurs girondins organisent à partir de 18 heures à Bordeaux un moment convivial sur la placette Munich, en face des Quinconces, « à l’intersection des trois lignes de trams pour remercier les Bordelais de leur soutien. L’idée est de manger girondin et de boire Bordeaux » indique Jean-Samuel Eynard, le président de la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de Gironde (FDSEA 33). Le vigneron des Côtes de Bourg ajoute que « deux semaines après les annonces des présidents du CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux) et du négoce d’une politique d’achat plus respectueuse » dans une lettre jugeant inadmissible les achats à moins de 1 000 euros le tonneau, dès ce lundi 19 février les transactions de vin en vrac sont mis sous surveillance : « dès qu’un négociant achètera en dessous de 1 000 € le tonneau, il aura droit à une visite de notre part et sera dénoncé publiquement » prévient Jean-Samuel Eynard.
Si ce prix symbolique de 1 000 €/tonneau est plus symbolique qu’économique (le coût de revient étant plus élevé), il s’agit avec ce niveau de base de relancer « une trajectoire de hausse raisonnable pour ne pas se sortir des marchés. Aujourd’hui, la survie des exploitations en dépend. Si rien n’est fait, on va perdre tellement de surfaces que le négoce n’aura plus d’approvisionnement » prévient le président de la FDSEA 33, qui prédit que « le potentiel de production à Bordeaux va chuter ». En 2023, le vignoble bordelais est déjà amputé de 4 000 hectares d’AOC (entre parcelles travaillées mais non récoltées à cause du mildiou, vignes en friches, vignes candidates à l’arrachage sanitaire ou non…).


Mettant sous pression sur le négoce, la FDSEA 33 balaie les retours de négociants évoquant la compétition alimentée par la grande distribution sur les prix : « les négociants ont tiré vers le bas les prix alors que la grande distribution ne le demandait pas forcément. Ils sont allés grattés des demi-centimes depuis des années en profitant des volumes excédentaires. Qu’ils tapent dans leurs réserves comme les agriculteurs le font depuis des années » tranche Jean-Samuel Eynard, qui appelle les vignerons bordelais à envoyer les bordereaux à moins de 1 000 € pour réaliser des actions sur pièces et non sur des rumeurs.
Alors que la moyenne des transactions en vrac pour l’AOC Bordeaux rouge en conventionnel est tombée à 916 € sur l’année 2023, cette moyenne cache une grande disparité pour Jean-Samuel Eynard, qui évoque des prix allant de 600 à 2 000 € le tonneau. Demandant le rétablissement des cours officiels pour tous les vins de Bordeaux (ils ont été suspendus par le bureau du CIVB du 24 octobre 2022), le président de la FDSEA 33 a l’impression que depuis son élection, il y a cinq ans, « je ne parle que des bas cours » (dès 2019 pour transactions à moins 1 000 €).