Debout les forçats du vin, le raisin tonne en son cratère » pourraient entonner l’intersyndicale qui vient de se former dans le vignoble bordelais : la FNSEA de la Gironde, les Jeunes Agriculteurs de Gironde, la Coordination rurale de la Gironde, la Confédération paysanne de la Gironde et le Collectif Viti 33 « s’accordent sur la défense d’un prix rémunérateur basé sur des indicateurs indépendants » annonce un communiqué faisant « suite à une réunion intersyndicale ». Se dotant d’« objectifs communs », les représentants de la filière demandent « une rémunération basée sur des coûts de production, établie par indicateurs indépendants » comme le coût moyen de production publié annuellement par la Chambre d’Agriculture. Soit le principe de marche en avant des prix de la loi Egalim, dont l’application est limitée dans le vignoble faute d’indicateurs interprofessionnels, mais qui a été appliquée pour la première dans la filière vin avec le jugement Rémi Lacombe (deux négociants condamnés à 350 000 euros de dommages et intérêt au vigneron médocain pour « des prix abusivement bas » selon le tribunal de commerce de Bordeaux ce 22 février dernier)
Alors que le marché bordelais du vin en vrac est à l’arrêt depuis le jugement Rémi Lacombe (et l’annonce d’appel), les bordeaux en promotion à 1,66 € chez Carrefour, 1,89 € la bouteille chez Lidl ou 1,99 € chez Leclerc achèvent d’exaspérer un vignoble girondin déjà à bout, où les manifestations jusque-là rarissimes se sont succédées ces dernières semaines pour réclamer des cours rémunérateurs aux négociants et distributeurs. « Les syndicats et le Collectif Viti 33 dénoncent des prix ne permettant pas la prise en compte de la performance économique, sociale et environnementale » indique l’intersyndicale, pour qui « la transition écologique, l’emploi rémunéré à sa juste valeur, la stabilité d’une exploitation ont des coûts qui ne peuvent être couvert pas des prix extrêmement bas. Toujours moins cher ? Pour quelle finalité ? Pour quels objectifs ? »


Martelant qu’« une bouteille de Bordeaux à moins de 3 € ne rémunère pas le producteur ! », les quatre syndicats et le collectif pointent
qu’en ce premier trimestre pluvieux, « l’urgence n’est pas uniquement économique, elle est également sanitaire et sociale. L’humidité ne quitte pas les terres de Gironde et le mildiou menace à nouveau la vigne. La filière viticole en Gironde est à l’agonie ! Ce sont bien plus que des emplois qui sont menacés, mais bien tout un pan de l’économie du département, fournisseurs, concessions agricoles, prestataires, salariés. » Alors qu’une réunion entre l’ensemble de la filière et les distributeurs a été reportée (prévue un temps ce vendredi 29 mars, elle pourrait se tenir début avril), « les syndicats unis comptent bien obtenir des engagements » martèle l’intersyndicale. Qui pourrait entonner « debout, les damnés du terroir ! »