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Cordier fait appel de sa condamnation à 200 000 € pour vins achetés à prix abusivement bas
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Deuxième round
Cordier fait appel de sa condamnation à 200 000 € pour vins achetés à prix abusivement bas

La filiale d’InVivo conteste la décision de justice faisant trembler tout le négoce bordelais, et au-delà. Il y aura une deuxième saison pour l’affaire Lacombe, qui ne s’arrêtera sans doute pas en cour d’appel…
Par Alexandre Abellan Le 05 mars 2024
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Cordier fait appel de sa condamnation à 200 000 € pour vins achetés à prix abusivement bas
« Engagés aujourd'hui, créatifs pour demain » clame le slogan du négoce Cordier. - crédit photo : Archives InVivo
A

ttendu, l’appel du négociant Excell (filiale de Cordier, groupe coopératif InVivo) est confirmé ce lundi 4 mars par Rémi Lacombe, le vigneron médocain qui a fait condamner son acheteur de vin à 202 072,3 euros de dommages et intérêt pour « des prix abusivement bas » par le tribunal de commerce de Bordeaux ce 22 février dernier. Alors propriétaire de la Société Civile Fermière Rémi Lacombe (138 hectares de vignes dans une cession virant à l’épique au casse-tête chinois et lui faisant perdre ses marchés habituels), le vigneron éponyme avait signé avec Cordier 7 transactions à 1 184 € le tonneau en 2021 et 2022. Un prix de vente loin de celui du marché, chiffré à 1 500 € le tonneau par les constatations courtier assermenté près de la cour d'appel Henri Féret.

Retenant ce différentiel de cours, la juridiction applique pour la première fois l’article 442-7 du Code de Commerce. Un dispositif né de la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable (EGALIM lancée en 2018). Un article dont l’application sera de nouveau étudiée par la cour d’appel de Bordeaux maintenant qu’un appel est formé. Sans surprise au vu des enjeux pour tout le négoce, mais aussi le courtage et les propriétés. En témoigne la catatonie actuelle du marché du vin en vrac à Bordeaux, cette application d’Egalim en première instance faisant planer une insécurité accrue sur tout nouveau contrat à bas prix. Et ce malgré l’ajout il y a quelques mois de nouvelles cases par le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) pour sécuriser le dispositif après la plante de Rémi Lacombe*.

Suspension de l’exécution provisoire

Contactés, Cordier et ses avocats n’ont pas donné suite à date de publication. Mais l’avocat de Rémi Lacombe, maître Louis Lacamp, confirme avoir été averti par courrier officiel que ses confrères interjettent appel et demandent la suspension de l’exécution provisoire (qui sera portée dans une procédure distincte auprès du premier président de la cour d’appel). Avec l’ouverture de réflexion sur la mise en place d’un prix plancher agricole par le président de la République, « la semaine dernière a été riche en attitudes qui me donnent bien plus que de grands espoirs pour cet appel » réagit Rémi Lacombe, qui cite Sénèque, « la vie, ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est apprendre à danser sous la pluie », pour mieux se demander si « les viticulteurs qui ont mis la croix dans la case advenue en 2023 sur les contrats*, pourront-ils eux danser encore longtemps sous la grosse pluie qui leur est réservée ? Là est la grave question ! Certains ne pourront plus malheureusement. »

Également condamné par le tribunal de commerce à 152 704,1 € pour 3 contrats à 1 157 €/tonneau, le négoce Ginestet (famille Merlaut) ne semble pas avoir interjeté appel à date. Le délai étant d’un mois à partir du moment de la signification de la condamnation, Cordier pourrait être accompagné en deuxième instance. Ayant annoncé vouloir aller jusqu’au bout de ce combat judiciaire, Rémi Lacombe semble également déterminé à ne pas lâcher l’affaire. Qui pourrait aller ensuite en cour de cassation, cour de justice de l’Union Européenne, etc. Mais comme il paraît que jurisprudence est mère de sureté…

 

* : Le principe de première proposition de prix par le producteur et non l'acheteur étant au cœur d’Egalim, sa non-application quasi-systématique dans les contrats passés entre négoce et production est une faiblesse qui a été identifiée par le Comité National des Interprofessions de Vins à Appellation d'Origine et à Indication Géographique (CNIV), qui propose l’ajout aux contrats interprofessionnels de la case à cocher : « contrat précédé d'une proposition du producteur ». En cas de réponse «  non », il est indiqué que « le contrat a été négocié dans le respect de la liberté contractuelle du producteur, ce dernier ayant pu faire valoir ses propositions préalablement à la signature du contrat et n'ayant pas souhaité effectuer une proposition. » Un dispositif ajouté depuis quelques mois par le CIVB dans ses contrats.

 

 

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Tous les commentaires (8)
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bill et boule Le 09 février 2025 à 11:34:35
apparemment la levée de l exécution provisoire de la decision n à pas été accordée au négociant, seconde défaite pour celui ci ... mais le dicton ne dit il pas jamais deux sans trois . à suivre donc. notamment lors du discours de wine Paris 25 par Mme genevard : egalim sera t il toujours à l agenda ou bien les politiques sont ils déjà sur une nouvelle longueur d onde , ce ne surprendrait plus personne , à moins que les nouveaux élus de la CR ne mettent rapidement la pression sur pas mal de sujets dont celui ci .
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augustin Le 28 avril 2024 à 05:41:49
Cordier contre Lacombe et Castel contre Cousiney , même combat . Le civb comme l umb doivent exiger le retrait de ces deux négociants de leurs rangs .A défaut les pourparlers engagés depuis le 8 avril a Bordeaux sont vides de sens . Tout comme d ailleurs les promesses faites plus tôt a Paris comme egalim, ptu et autres pge bpi. Rien d étonnant que les prochaines élections pour Bruxelles soient considérées par beaucoup comme le seul exutoire , face à tant de promesses non tenues .Et alors que les premières mesures de la valse des dizaines de millions d euros de vin 2023 (achete en primeur ) se joue dans les salons de la première classe , toujours avec une cvo indexée sur les seuls volumes ... On croit rêver. Gardons soigneusement les panneaux de nos bleds cul par dessus tête , seule manière pour nous d exprimer le ressenti actuel des petits domaines viticoles pris dans la tourmente. Espérons que les pouvoirs publics vont finir par intervenir sur mai juin comme promis :^)
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Arthur Le 12 mars 2024 à 10:38:21
Merci à Mr Lacombe ,qui a les coudées franches maintenant qu'il a vendu sa propriété, pour son action courageuse. Mais il faudra bien attendre 3 ou 4 ans pour connaître l'épilogue de cette affaire. Quant à nous , en attendant on va continuer de crever lentement mais sûrement , et encore pour les plus résilients, car pour les plus faibles c'est déjà fait et ça va être l'hécatombe cette année.
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Albert Le 06 mars 2024 à 19:10:48
VigneronsdeRions, faut savoir rester objectif ! .. le cas Lur Berri/Spanghero reste très lié à une fraude à l'étiquetage (notamment > viande de cheval devenue viande de boeuf .. faut rappeler que tout ceci relevait de la "compétence" d'une filiale Arcadie Sud-Ouest si my memory is good). Bon, faut savoir rester .. enfin, it's m'y point of view.
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VignerondeRions Le 05 mars 2024 à 22:08:23
La filiale d'un groupe coopératif... Ça en dit long sur les dérives de ces dîtes coopératives, incapables de rémunérer correctement leurs coopérateurs. Qui se détectent d'écrouler les filières une par une au bénéfices de quelque uns. Rappelons nous de Lur Berri/Spanghero, etc, etc. A quoi bon faire des lois si n'importe qui peut les contourner en rédigeant trois lignes en menaçant d'être blacklisté.
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Albert Le 05 mars 2024 à 19:04:17
Je ne suis pas bordelais. Je préfère le préciser. Sachez que je ne comprends rien à ce bras de fer qu'engage ce producteur (M. Lacombe) contre Cordier. Notamment, se prend-il pour le héraut d'une cause ? .. ou réagit-il car il se sent pris dans une seringue (je n'ai aucun ressentiment envers lui mais suivre ce "feuilleton" mériterait qu'on y voie un peu plus clair, non ? )
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augustin Le 05 mars 2024 à 09:14:04
bonjour à tous cordier nouvelle dorme c est avec castel grands chais de France et advini le champion du soit disant libre échange entre le pot de fer et le pot de terre sauf que Rémi lacombe est courageux obstiné et à les moyens de sa politique enfin un film ou rien n est gagné d avance et ou le petit agriculteur pourrait bien l emporter sur le gros négociant On appréciera l ironie du décalage entre la lettre civb co signée par le dg de l umb pour l application d egalim et cet appel de la part de cordier contre ... on marche un peu sur la tête, non ?
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augustin Le 05 mars 2024 à 05:44:47
Le principe de première proposition par le petit château au grand négociant ne doit pas se limiter au respect hypocrite d un simple formalisme qui peut confiner, en cet hiver 2024, à un pieux mensonge dans bien des cas . Rappelons que l erreur le dol et la violence sont tous les 3 des vices du consentement très bien documentés par le code civil par les les art 1132 et suivants Comment feindre de se contenter de ce nouveau formalisme civb , si la réalité des faits prouve que le producteur a été contraint de signer dans des conditions de violence économique et de dépendance absolue ? D ailleurs il faudrait affiner le propos en précisant si ledit libelle apparaît sur le bordereau du courtier adressé au producteur, auquel cas la responsabilité dudit courtier pourra être aussi retenue en sus de celle du négociant. A Bordeaux , le rôle du courtier est fondamental et il serait pertinent de connaître la position sur la question de cette profession qui arbitre sans cesse , souvent avec compétence et dévouement, entre le producteur et le négociant , qui ultimement le rémunére. Au delà de la forme , ce que le civb semble ne pas comprendre , en recommandant ce type de clause fantoche, c est l objectif de fond du législateur auteur de la loi egalim , qui consiste à garantir la survie économique du producteur ! Qui ne peut , et à bon droit, que protester si le formalisme contractuel l amène , par la contrainte, à signer une clause niant le rapport de force qui l oblige ! Nos amis anglophones ont une jolie expression pour résumer ce type de rapport de force et les facheuses tentatives pour le dissimuler : "do not pee on my pants, and pretend it is raining " ... Ne banalisons pas l "horreur économique " ( Viviane Forrester, 1996 ) ni à Bordeaux sur nos vins , ni d ailleurs autre part et pour quelque filière que ce soit ! Cette violence doit cesser , le civb s est engagé à devenir le champion egalim français vis à vis du gouvernement , et ce type de clause minable n à rien à faire dans ce débat global.
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