ête chercheuse pour les uns, poils à gratter pour les autres, le Collectif de Défense Viti 33 tenait ce lundi 26 février une conférence de presse clairement décapante pour tout le monde. « Nous sommes ici pour vous rappeler que nous ne sommes pas d’affreux populistes en quête de poste, que nous n’agitons pas les foules pour exister ou remporter de futures élections professionnelles » posent ses membres, martelant que « nous sommes ici pour vous rappeler que nous avons toujours été "force de proposition" dans l’intérêt général ». S’appuyant sur leur livre blanc "Restera-t-il des vignerons à Bordeaux ?" publié en 2007, le collectif rappelle plaider depuis des années « sur la nécessité de reconquérir des marchés, sur la nécessité d’ouvrir des cahiers des charges pour écouter les consommateurs et sur la nécessité de créer une segmentation cohérente où Bordeaux et les autres auraient leur place. »
Se positionnant en « think tank des vins de Bordeaux » et « en constatant l'incapacité de changer les paradigmes de la rémunération des viticulteurs de Bordeaux depuis des décennies. En constatant l'échec de la prémiumisation du Plan Bordeaux » Demain, le collectif propose « une évolution immédiate de l’Offre Bordeaux dès les vendanges 2024 (en blanc, rosé et rouge) » avec la constitution d’une « AOC Cru Bordeaux et Cru Bordeaux Supérieur qui permet de maintenir ce qui fonctionne, de l'améliorer et de le renforcer en laissant une période d'adaptation » et une « IGP Bordeaux Atlantique en conservant le périmètre géographique de l'AOC, mais résolument innovant sur les cépages, les types de vins, les modes de culture (rouge frais, sucrosité, issu de cépages résistants, diminution des traitements, etc.). » Le collectif Viti 33 précisant que ces noms d’AOP et d’IGP sont de simples propositions pour lancer le débat, « mais ils doivent impérativement conserver l'identité Bordeaux ».


Alors que l’Organisme de Défense et de Gestion des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur réfléchit actuellement à la révision de son cahier des charges, le collectif Viti 33 propose une solution radicale pour en finir avec la schizophrénie d’appellations régionales oscillant entre cahiers des charges contraignants à la production et volumes difficiles à valoriser dans leur ensemble sur le marché. L’approche du collectif Viti 33 « doit permettre de retrouver rapidement une rentabilité des exploitations par des rendements supérieurs en IGP, de répondre aux attentes des metteurs en marché en terme de prix et de produits pour l'ensemble de la filière. Cela permet également à tout Bordeaux de s'affirmer en termes de remise en question, d’innovation, tout en conservant nos savoirs faire mondialement reconnus. »
Alors que les projets "Bordeaux premier cru" et "Bordeaux cru d’exception" ont fait long feu par le passé, le collectif Viti 33 reconnait « qu'une telle réflexion va heurter, interroger, mais in fine nous sommes certains du bien fondé de celle-ci. Elle prend en compte les faits, les réalités de terrains, ainsi que la nécessité d'agir vite. Nous savons que la filière va nous dire que ce n'est pas possible, mais il y avait beaucoup de choses impossibles avant de réveiller la "belle endormie". » Autre sujet porté par le collectif Viti 33 : « obtenir un prix minimum pour notre vin, une forme de contrepartie aux exigences qu'on nous impose ». Le « think tank » imagine « la création d’une organisation de producteurs (OP) comme outil de régulation et de mise en marché, autorisant l’entente sur les prix en son sein, seul cadre règlementaire permettant la création de prix planchers. » Un projet travaillé depuis la fin 2023 avec les institutions bordelaises, « une réelle révolution qui très récemment s’est renforcée avec la décision du Tribunal de Commerce sur les prix abusivement bas et la prise de position du Président de la République et du Premier Ministre » pointe le collectif, qui conclut : « nous alertons, militons, avec nos têtes, nos jambes, seul et le plus souvent en groupe sur les ronds-points, au syndicat de Bordeaux, au CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux), à la préfecture, en audition à l’Assemblée nationale, etc… Vous n’avez pas fini de nous voir, ni de nous entendre tant que notre territoire et ceux qui le font vivre n'iront pas mieux. »
« Nous avons milité pour des volumes compensateurs hors quotas afin d'absorber les années difficiles. Nous avons rappelé que les campagnes de distillation sont des échecs très coûteux. Que l’on ne peut s’en servir que sous la condition d’avoir mis en place une politique structurelle efficace pour l'avenir. Et pour tous ceux qui pensent que l’on s’arrangerait de l’histoire à notre profit, nous vous invitons à lire le petit livre que l’on avait écrit en 2007, "Restera-t-il des vignerons à Bordeaux ?" » déclare le collectif.