’est mathématique : « le rendement joue énormément sur le coût de production à l’hectolitre » rappelle Arthur Gaubey, le directeur de l’Agence de Développement Agricole et Rural du Sud Gironde (ADAR). Ayant mis à jour pour 2023 le référentiel économique du vigneron bordelais édité chaque année par la Chambre d’Agriculture de Gironde (CA 33, en prenant en compte toutes les dépenses viticoles et œnologiques), le conseiller d’entreprises note que les coûts à l’hectare varient peu pour les trois itinéraires techniques suivis (viticulture conventionnelle, itinéraire zéro herbicide avec tonte et certification bio).
Ainsi, pour un domaine simulé de 45 hectares avec un écartement de 3 mètres et un itinéraire technique calibré par les experts de la CA 33, le coût de production sera à l’hectare de 8 000 € en conventionnel, 8 100 € en bio et 8 300 €/ha en zéro herbicide. Les moindres coûts sur les achats de phytos des uns se compensant chez les autres par les investissements en travail du sol. Mais les rendements n’étant pas identiques, d’autant plus sur un millésime 2023 aussi marqué par la pression mildiou, les rendements sont particulièrement hétérogènes dans le vignoble girondin. Ce qui se retrouve sur les coûts de production à l’hectolitre, allant sur ce cas* du moins coûteux, 160 €/hl en conventionnel pour un rendement de 50 hl/ha, au plus coûteux, 232 €/hl en bio à 35 hl/ha.
Si le bureau du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) a suspendu la publication des cotations du vin en vrac le 24 octobre 2022, les dernières données officielles témoignent de prix de vente en deçà des coûts de production. Sur la campagne 2022-2023, le tonneau de Bordeaux rouge était échangé en moyenne à 934 €, soit 104 €/hl. En bio, les 1 786 €/tonneau de la dernière campagne semblent aussi bien faibles (à 199 €/hl). Dans tous les cas, « les coûts de production restent toujours au-dessus des cours du tonneau de Bordeaux. Ça fragilise les exploitations » pointe Arthur Gaubey, qui note une inflation des coûts de production, sans souhaiter chiffre la hausse (le périmètre du référentiel ayant changé depuis qu’il l’a repris en main, à la suite du départ de Philippe Abadie).
Pour expliquer l’augmentation des coûts de production, « il n’y a pas un facteur en particulier. Le phénomène est multifactoriel, entre hausses et baisses » conclut l’expert.
* : Un autre cas étudié est celui d’un domaine de 25 ha avec un écartement de 2 mètres. Les coûts de production à l’hectare sont de 10 350 € en conventionnel, 10 700 €/ha en bio et 10 900 €/ha en zéro herbicide. Selon les rendements, le coût va de 210 €/hl en conventionnel pour 50 hl/ha à 306 €/hl en bio pour 35 hl/ha.