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Le prix des vins reste un enjeu interdit pour les interprofessions
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Pour l’Autorité de la Concurrence
Le prix des vins reste un enjeu interdit pour les interprofessions

L’Autorité de la Concurrence confirme et répète que l'évocation de prix des vins sont tabous dans le cadre interprofessionnel, où bouillonnent actuellement des débats sur la rémunération du vignoble, pour une valorisation au-dessus du coût de revient.
Par Alexandre Abellan Le 16 avril 2024
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Le prix des vins reste un enjeu interdit pour les interprofessions
C’était l’éléphant dans la pièce lors de la réunion du lundi 8 avril entre la filière des vins de Bordeaux et la distribution : le prix. Tout le monde y pensait, personne ne pouvait en parler. - crédit photo : Alexandre Abellan (siège du CIVB après ladite réunion)
A

lors que l’objectif de cours rémunérateurs du vin en vrac, par la marche en avant du prix depuis le coût de production au vignoble, anime les débats, et réflexions, dans les vignobles rouges en crise de déconsommation (Bordeaux, Languedoc, vallée du Rhône…) l'Autorité de la Concurrence met de manière bien opportune à profit un avis « concernant les modalités d’encadrement du prix des réserves interprofessionnelles dans le secteur des vins » pour remettre les points sur les i d’interdit interprofessionnel. Saisie sur la question de l’encadrement du prix des réserves interprofessionnelles par le ministère de l’Économie (principe défendu par l’interprofession des vins du Val de Loire, InterLoire*), l’Autorité de la Concurrence estime dans sa réponse du 12 mars, communiquée ce 15 avril, que « les interprofessions peuvent prévoir un principe de tunnel de prix à condition toutefois que les bornes minimales et maximales du prix soient déterminées librement par chaque opérateur contractant » (voir encadré).

Ces niveaux de bornes de prix ne peuvent être, ni discutées, ni déterminées par l’interprofession

Plus concrètement et globalement, « l’avis rendu par l’Autorité n’autorise pas les interprofessions à parler de prix de vente et ne s’éloigne donc pas des avis précédents dans le secteur des vins » précise le gendarme de la concurrence à Vitisphere, faisant référence à des condamnations passées pour entente sur les prix d’une interprofession et un syndicat de vignerons (en Alsace et dans le Rhône). « Cet avis évoque simplement la possibilité offerte aux interprofessions d’insérer dans leur accord interprofessionnel, le principe d’un "tunnel de prix", à savoir une disposition permettant aux opérateurs de prévoir dans leurs contrats des bornes minimales ou maximales entre lesquelles le prix de la réserve pourrait fluctuer » explicite l’Autorité à Vitisphere, pointant que « ces niveaux de bornes de prix ne peuvent être, ni discutées, ni déterminées par l’interprofession, puisque seuls les opérateurs pourraient en discuter et les inscrire dans leur contrat de manière bilatérale. Toute fixation de ces bornes de prix en commun, dans le cadre d’une interprofession par exemple, reste interdite par le droit de la concurrence. » Un avis extrapolable aux contrats interprofessionnels hors réserve ajoute le gendarme de la concurrence, si jamais un doute subsistait.

Coup de semonce

N’empêchant pas la poursuite des réflexions sur une réforme d’Egalim (entre contrats de filière et organisation de producteurs), cet avis de l’Autorité de la Concurrence est un coup de semonce à la filière vin pour éviter des poursuites pour entente sur les prix. Sachant que le gendarme de la concurrence précise ne pas avoir étudié dans cet avis les modalités de prix planchers. Mais pour conclure, « l’Autorité souligne que, conformément aux dispositions de la loi EGAlim 2, le gouvernement pourrait aussi, par décret, imposer aux parties de prévoir dans leurs contrats une clause-type prévoyant un tunnel de prix, les bornes de celui-ci étant toujours librement fixées par les parties ».

 

* : « Alors que les interprofessions vitivinicoles peuvent mettre en place des mesures de régulation du marché comme la mise en réserve d’une partie des récoltes, ces dernières souhaitent également encadrer, à leur niveau collectif, le prix de la réserve lors de la libération de celle-ci, afin notamment d’éviter une fluctuation trop importante entre le prix du volume principal et celui du volume mis en réserve » explique l’Autorité, ajoutant que le prix du volume principal « resterait en revanche librement fixé par les parties à la transaction ».

 

Serrer l'avis

L’Autorité estime dans son avis que « même si le secteur agricole bénéficie de certaines règles dérogatoires au droit de la concurrence, la mesure d’encadrement du prix des réserves interprofessionnelles envisagée ne rentre pas dans ces dérogations et, mise en œuvre par un organisme collectif qui fixerait de manière uniforme pour tous les opérateurs le taux de fluctuation des prix, elle est susceptible de constituer une entente sur les prix contraire au droit de la concurrence ».

Mais l’avis du gendarme de la concurrence ouvre la porte à une solution licite : « l’Autorité étant favorable au développement de la contractualisation dans le secteur agricole afin de permettre de limiter la volatilité des prix, elle relève que les interprofessions peuvent insérer, dans leur accord interprofessionnel, une disposition permettant aux opérateurs de prévoir dans leurs contrats des bornes minimales ou maximales entre lesquelles le prix de la réserve pourrait fluctuer. Mais ces bornes devraient être librement déterminées et convenues par chaque opérateur contractant, à l’exclusion de toute fixation en commun, et ainsi, sans que l’interprofession intervienne pour en déterminer le niveau. »



 

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Tous les commentaires (4)
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augustin Le 16 avril 2024 à 23:25:48
2 remarques par rapport aux deux derniers commentaires de ce jour ."vigneron " écarte a priori et definitivement tout soupçon d abus de position dominante de la part de certains opérateurs , comment peut il en être si sûr ??? quant à Renaud , il évoque lui la mise en place d une nouvelle organisation de producteurs ( OP) qui a été bien évoquée lors de la réunion du 8 semble t il... sauf que personne n en a évoqué le projet lors des multiples conférences de presse qui ont suivi la fameuse réunion ! ni préfet ni civb ni l intersyndicale n en ont fait le nouveau cheval de bataille du mois d avril 2024 pourquoi ??? comme si les nouveaux miroirs types egalim generalisee , ptu a tout va, et autres pge bpi debut mai ...focalisaient toutes les attentions :^( Et c est peut être dommage , d autant que le fameux cabinet d avocats américains specialise concurrence Baker et MC kenzie semblait préconiser par voie de presse ce cadre juridique d ' "op" avant la réunion pré citée. egalim, ptu , pge bpi , pourquoi pas op? Le Scrabble national continue pour l agricole France ...en espérant que certains joueurs pourront toujours participer dans un proche avenir , car certains sont déjà très las ...
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renaud Le 16 avril 2024 à 18:23:58
Rien de nouveau sous le soleil! le seul espace ou les prix peuvent être discutés est un Organisation de Producteur ( art 209 TFUE). cela fait 6 mois que sur une idée du collectif viti 33 nous y travaillons pour qu'une telle organisation puisse être en marche dés le millésime 2024. en plus de protéger, elle sera aussi le nouvel outil de mise en marché. Ainsi la production devenant metteur en marché la filière à toute les chances de redevenir vertueuse. ceci dit à Bordeaux la semaine dernière, sous la présidence du préfet nous n'avons JAMAIS parlé de prix. mais de méthode de calcul d'indicateur de cout de production. La DGCCRF présente n'a pas mouftée d'ailleurs.
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Vigneron Le 16 avril 2024 à 09:02:24
L'idée d'un tunnel de prix peut être intéressant pour rentrer dans les arcanes juridiques. L'autorité de la concurrence a toute sa place pour défendre les abus de position dominante des grands groupes qui s'entendent sur les prix. Là, il s'agit de défendre les intérêts de vignerons abusés par le marché qui n'arrivent pas à vendre à un prix décent. Il n'y a pas d'abus à proprement parler de la part des interprofessions. Peut-être certains négociants ou acheteurs grincent des dents, mais qui veut-on défendre ? Il ne faut pas oublier que le problème n'est pas le prix maximum, mais bien le prix minimum. Je soutiens qu'indépendamment du prix, il faut soutenir une valorisation fondée sur la qualité pour garantir une vraie justice économique, car le prix plancher n'est pas suffisant. C'est un peu comme si tout le monde devait se contenter du SMIC quel que soit son évolution.
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augustin Le 16 avril 2024 à 07:03:16
Saluons la sagesse de cette (pas si ) discrete Autorité dont le siège se situe rue de l Echelle à Paris, non loin du musée des Arts Decoratifs , avec une annexe côte Conseil d Etat. Ses effectifs sont majoritairement des experts reconnus et , pour la cellule investigation , des vétérans de la répressions des fraudes et des transfuges de Bercy : un cocktail unique de pointures juridiques et d opérationnels tous connaissant bien leur sujet et dont les nominations apparaissent regulierement au JO . Et qui jouissent d une totale indépendance vis à vis notamment des pouvoirs publics et des entités économiques les plus puissantes de notre pays , dans le secteur agricole comme ailleurs. L Autorité de la Concurrence peut ainsi se prononcer en mode préventif comme elle le fait ici , ou bien en mode curatif lorsqu elle est saisie et que le signalement lui paraît fondé. Ses avis doivent donc être soigneusement lus par les viticulteurs , les courtiers et les négociants, mais aussi par leurs acheteurs professionnels . A Bordeaux la présentation des primeurs concernant le millésime 2023 démarre la semaine prochaine, et gageons que tous auront à cœur faire en sorte que les prix soient bien " fixes librement par les parties" . Et ceci inclue aussi bien les planchers pour la majorite ...que les plafonds pour les plus fortunes. Un avis à ne pas prendre à la légère , tant les dossiers techniques de cette autorité sont historiquement irréprochables et les éventuelles sanctions très lourdes à la charge des contrevenants . De par sa vertu supposée , Bordeaux vins a pour le moment échappé aux foudres de cette autorité , contrairement aux autres grandes régions de production de vin . On veut croire que chacun aura à cœur de faire jouer librement la loi de l offre et de la demande , fut ce au prix d un réajustement des tarifs , à la hausse comme à la baisse si requis . La lutte contre les rentes et la recherche de l innovation restent les objectifs de Benoît Coeure , le president de ladite Autorite depuis 2022 , et on se reportera utilement à son discours de bons vœux 2024 prononcé à m janvier , disponible sur internet, pour s en convaincre .
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