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"Cognac a fait le nécessaire pour ne pas déverser de vins blancs sur les autres régions de France"
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Christophe Veral
"Cognac a fait le nécessaire pour ne pas déverser de vins blancs sur les autres régions de France"

Pour rassurer les autres vignobles français, la filière charentaise annonce que sa généreuse vendange 2023 ne débordera pas sur le marché des blancs de table grâce à la mise en réserve, la demande en jus de raisin… Et l’avenir se veut contrôlé, avec la réduction des plantations nouvelles et l’arrêt de la production en deuxième feuille.
Par Alexandre Abellan Le 28 octobre 2023
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Le cap est « géré par le BNIC, on sait où l’on va et ce n’est pas au doigt mouillé » explique Christophe Veral. - crédit photo : © BNIC (Alberto Bocos Gil)
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ur les ondes de radio vigne, c’est une petite musique qui monte : confrontée à un ralentissement des marchés internationaux, la généreuse vendange de Cognac, la plus importante des 20 dernières années, va submerger le marché français des vins blancs avec de premières offres en vin de table qui tourneraient entre 30 et 60 €/hl alors que la tension sur le marché des vins blancs (entre gel 2021 et grêle 2022) serait levée par une récolte supérieure à la demande (sauf dans en Gascogne, le Gers ayant pâti du mildiou). De quoi faire craindre à certain une crise du vin blanc causée par Cognac, comme à la fin des années 1990.

« Rassurez le Sud de la France. Sachez que Cognac est la région qui fait le nécessaire pour ne pas déverser de vins sur les autres régions de France » réplique Christophe Veral, le président du Bureau National Interprofessionnel Cognac (BNIC). Sans langue de bois, le viticulteur et bouilleur de cru à Sainte-Sévère (Charente) énumère les dispositions prises par la filière charentaise pour tenir ses engagements d’étanchéité entre les eaux-de-vie et les vins de table en cas de repli des commercialisations de spiritueux. Transparent, Christophe Veral prévient : « nous ne serons pas la tête de turc des difficultés d’autres vignobles ».

90 % des volumes pour Cognac

L’interprofession charentaise l’assume, elle se félicite de l’impressionnante récolte en quantité et qualité de ce millésime 2023. « Nous sortons de 3 à 4 ans où les aléas climatiques se sont cumulés et ont empêché des viticulteurs de récolter » rappelle Christophe Veral, qui précise que la générosité des rendements 2023 avait été anticipée : « dès avril, j’ai réuni toute la filière charentaise pour gérer la belle récolte face à la sortie des grappes et la floraison rapide ». Si la déclaration de récolte ne sera finalisée que le samedi 25 novembre, « aujourd’hui, nous sommes sûrs qu’une grande partie ira au Cognac » annonce Christophe Veral, qui rapporte un besoin de production pour l’AOC Cognac réduit à 10,5 hectolitres d’alcool pur par hectare (hl AP/ha) d’après les calculs du Business Plan, ce qui permet une mise en réserve climatique maximale de 5,5  hl AP/ha (par rapport à un rendement butoir de 16 hl/ha). « Nous pensons mettre 220 à 250 000 hl AP en réserve (l’équivalent de 3 millions hl de vin). Nous avons besoin économiquement de ces volumes pour la région et les entreprises (le BNIC vise 500 000 hl AP en réserve à terme). La nature a horreur du vide sur les linéaires » pointe le président du BNIC, qui note une réserve climatique tombée à 89 000 hl AP au niveau régional. Finalement, la production de Cognac mise sous bois et en réserve climatique représenterait 90 % de la récolte 2023.

Concernant les vins de France, Christophe Veral estime que cette « production de VSIG (Vins Sans Indication Géographique) sera égale à celle de l’année passée » en 2023, comme « en Charente nous sommes des gens sérieux. Nous n’avons mis aucun hectare pouvant polluer les marchés d’autres régions viticoles. Nous sommes transparents et responsables. » Et aidés par les petites récoltes en Espagne et Italie : « les marchés italiens et espagnols appellent pour demander des jus de raisin, comme ils ont une moindre production. Ça sera comme une destruction pour un usage industriel au-dessus des rendements, il n’y aura pas de contrat d’achat avec la production, mais il y aura un défraiement » indique Christophe Veral. Avec leur acidité et leurs faibles degrés, les jus d’ugni blanc seraient particulièrement adaptés pour la production de moûts concentrés et de bases de jus de fruit (y compris pour les jus d’orange, en pénurie mondiale). « Ça tombe très bien. Ce seront de très grosses quantités de jus de raisin qui ne viendront pas perturber le marché du vin » pointe le président du BNIC, qui précise que si les volumes concernés sont inconnus, « ils seront très importants ».

Réduction de la voilure

Pour piloter le long terme, Cognac l’assume, « c’est l’un des plus gros vignobles plantés de France » pose Christophe Veral, avec aujourd’hui 86 000 hectares en production. Une surface qui montera dans quelques années à 92 000 ha (comme 17 700 ha ont été plantés depuis 2016*). Mais pour l’avenir, les demandes d’autorisation de plantation nouvelle ne seront plus de 3 000 ha/an. Elles sont descendues à 100 ha pour l’an prochain et cette modération sera maintenue jusqu’à la reprise durable de l’export indique Christophe Veral, qui annonce une autre décision stratégique : « le comité permanent a voté pour que les vignes en deuxièmes feuilles ne produisent plus en AOC Cognac à partir de 2024 ». Soit la fin des vignes dites éponges, qui seront interdites (dès que le cahier des charges sera mis à jour, après un changement du Code Rural). Si cela représente une production réduite, 3 à 4 000 ha, cela « montre notre volonté de bien faire les choses. Nous allons loin pour ne pas perturber le marché » martèle le président de l’interprofession charentaise, qui défend une vision collective de la viticulture française passant par la solidarité (comme pour les taxes Trump ou le soutien des demandes d’aides de Bordeaux, même si le sujet des transferts de vignes à arracher de Gironde vers des plantations charentaises est désormais enterré).

Au final, la filière charentaise « gère dans l’anticipation : la lecture du monde est aujourd’hui compliquée, mais à Cognac nous en avons l’habitude. Nous avons la chance d’avoir une union entre la production et le négoce. Et la chance d’avoir de grands groupes adossés à l’interprofession. C’est encore dans l’adversité qu’il faut être les plus proches. »

 

* : Avec 35 ha en 2016, 800 ha en 2017, 1 500 ha en 2018, 3 374 ha en 2019, 3 398 ha en 2020, 2 306 ha en 2021, 3 129 ha en 2022 et 3 129 ha en 2023.

 

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Tous les commentaires (3)
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EGL Le 28 octobre 2023 à 12:54:52
Bravo, bel exemple de gestion collective utilisant tous les instruments à disposition, y compris la coopération avec les autres grands pays européens producteurs.
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J.Henry DAVENCE Le 28 octobre 2023 à 08:44:15
Ce n'est pas la qualité de la gestion collective qui est à craindre à Cognac mais le comportement individuel de certains qui s'autoriseront de déverser leurs excédents sur le marché des sans IG... Combien seront ils, c'est la vraie question ?
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VignerondeRions Le 28 octobre 2023 à 08:05:49
C'est quand même bizarre, nous avons demandé de pouvoir faire grossir nos VCI, l'INAO nous explique qu'en AOC les réserves sont plafonnées à 20%... 5.5 hl /16 hl c'est largement plus de 20%. Je ne comprends pas ce 2 poids, 2 mesures perpétuel d'institutions contrôlées par l'État. Ce système de réserve est une bonne gestion. Chez nous nous jetons les bonnes récoltes et après on pleure les mauvaises.
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