oisins, les vignobles de Bordeaux et de Cognac connaissent actuellement des sorts commerciaux diamétralement opposés : en témoignent leurs demandes d’autorisation de nouvelles plantations de vignes ces dernières années, chutant d’un modeste 190 hectares en 2019 au niveau plancher de 1,5 ha en 2023 pour les AOC de Bordeaux, quand elles oscillent sur cette période entre 3 474 et 3 129 ha pour l’AOC Cognac. Soit le décalage frappant entre un vignoble de Bordeaux en surchauffe sur ses appellations rouges génériques, avec un besoin d’arracher en cours de concrétisation, et une profession charentaise en expansion depuis plusieurs années à l’export. En complément d’un arrachage sanitaire des vignes excédentaires de Gironde, un transfert d’une partie de ses surfaces sans avenir commercial vers les départements voisins de Charente et Charente-Maritime est évoqué avec autant d’envie que d’évidence à Bordeaux. Où l’on rappelle que ce système n’est envisageable que dans le respect du pilotage charentais de son eau-de-vie.
Ce qui tombe bien, c’est justement l’exigence de Cognac sur ce dossier discuté entre Bordeaux et Cognac avec l’encadrement des pouvoirs publics. « Nous avons une volonté d’accompagnement de Bordeaux. Aujourd’hui, il y a des échanges et des pistes de réflexions, mais pas encore de réponse de l’administration pour apporter les garanties nécessaires » indique Anthony Brun, le président de l’Union Générale des Viticulteurs pour l'AOC Cognac (UGVC), pour qui « rien ne sera faisable s’il peut y avoir une remise en cause [de l’outil] ou des transferts individuels contournant [le système] ».


« Le dispositif proposé par les professionnels bordelais soulève d’importantes questions de nature juridique auxquelles il est encore nécessaire de répondre pour que sa mise en œuvre puisse être envisagée. Des garanties sont notamment attendues des services de l’État » ajoute Raphaël Delpech, le directeur du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC). « Aujourd’hui, il n’y pas de réponse sur une garantie de non-contournement du système » confirme Anthony Brun, pour qui le système ne doit pas créer de profits (le souvenir des vautours étant vivace), mais accompagner de manière innovante les viticulteurs bordelais en crise (sans contournement individuel).