n votant le plan d’arrachage de 57 millions € (M€) le 17 avril, le CIVB s’est lui-même engagé à financer 19 M€ de cette enveloppe, soit 3200 ha primés à 6000 €/ha. « 5 M€ seront directement financés sur nos fonds propres, et nous ferons appel à un emprunt pour les 14 M€ restants », explique le directeur général du CIVB Fabien Bova. Exceptionnel, ce financement ne constitue pas pour autant un coup d’essai puisque l’interprofession avait déjà contracté un emprunt de 18 M€ entre 2005 et 2006 pour, déjà, faire face aux difficultés de la filière, « que nous aurons terminé de rembourser d’ici trois ans », précise le vice-président du CIVB Bernard Farges.
Ce mode de financement, voté à l’unanimité des présents lors de cette assemblée générale, doit encore être éclairé dans ses détails de mise en œuvre, alors « qu’il n’y a que très peu de visibilité sur l’évolution des taux d’intérêt », reprend Fabien Bova. A l’heure actuelle, ce sont des taux de 4,5 à 5% qui sont évoqués par le directeur général du CIVB, bien que celui-ci ose espérer « que l’Etat se portera garant, ce qui fera mécaniquement et immédiatement baisser ce taux emprunteur grâce à ce garant sans faille ». Cette garantie devant être votée dans le projet de loi des finances 2024, son approbation sera connue avant la fin d’année 2023.
Prévu pour 20 ans, ce prêt pourra également voir ses modalités améliorées grâce à d’autres mécanismes. « Les banques proposent de scinder cet emprunt en deux fois 7 M€ pour récupérer de meilleurs taux sans affecter le financement des premiers dossiers d'un arrachage qui s'étalera nécessairement entre 2023 et 2024 », évoque Fabien Bova. La secrétaire générale du CIVB Emilie Stefanuto indique également qu’avant d’être débloquée à l’intention des viticulteurs procédant à l’arrachage, le placement de la somme empruntée sur un compte à terme (CAT) rémunéré aux environs de 3% permettrait également de limiter l’impact de frais financiers de l’emprunt.
Face aux interrogations de viticulteurs inquiets de la disponibilité de ces primes d’arrachage, Fabien Bova garantit dans tous les cas de figure « des fonds mobilisables immédiatement pour les viticulteurs, tous les dossiers éligibles pourront être traités et financés sans délai ». Et lorsque l’un des viticulteurs présents rappelle à l’assemblée « qu’il faudra tout de même penser à la commercialisation des vins de ce qui va rester en production », Allan Sichel répète que les efforts promotionnels seront maintenus.
Des économies seront pourtant nécessaires pour restituer les réserves financières de l’interprofession. Le rapport financier établit ces réserves à 21,6 M€ pour l’exercice 2022 mais l’utilisation de 5M€ sur ses fonds propres et le recours à ce nouvel emprunt nécessiteront des économies de fonctionnement d’une interprofession qui doit déjà faire face à une diminution des cotisations. « Ces dernières constituent 73% des ressources du CIVB. Les sorties à la propriété, 3,8 Mhl pour l’année 2022, sont en retrait de 10% par rapport à 2021, où une forte reprise post-Covid avait été enregistrée, et affectent mécaniquement les cotisations. Celles-ci baissent de 2,5 M€, alors que la hausse des dépenses liée à la relance post-Covid et une hausse de 30% du budget marketing soldent l’exercice à un résultat négatif de 530 000€ », détaille Emilie Stefanuto.
Dès 2024, les dépenses marketing seront abaissées de 20%, assorties d’une baisse des dépenses de 10% sur les autres services, ainsi que 7,5% de dépenses en moins pour l’administration générale (-6% sur le salaires, -4% divers, +2,5% d’inflation). « Nous tablons donc notre prévisionnel de reconstitution de nos réserves sur un scénario où les sorties se maintiennent à 3,8 Mhl pendant 10 ans », appuie Fabien Bova. En maintenant ses efforts de réduction de ses coûts de fonctionnement, le CIVB envisagerait une reconstitution de son niveau de réserves (entre 21 et 22 M€) au bout d’une décennie.