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Qui veut arracher des vignes à Bordeaux ? Un sondage ouvert jusqu’au 30 juin
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Nouvelle vague
Qui veut arracher des vignes à Bordeaux ? Un sondage ouvert jusqu’au 30 juin

Une enquête en ligne pose officiellement la question des surfaces excédentaires dans le vignoble bordelais alors que deux campagnes primées s’achèvent. Manque une interrogation fondamentale : le montant minimal nécessaire pour que les vignerons arrachent et ne laissent pas filer en friche des parcelles coûtant plus qu'elles ne rapportent. Alors qu'une évolution réglementaire européenne permettrait le retour des primes à l'arrachage, son abondement budgétaire reste incertain.
Par Alexandre Abellan Le 29 mai 2025
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Qui veut arracher des vignes à Bordeaux ? Un sondage ouvert jusqu’au 30 juin
« Compte tenu de la conjoncture, la Chambre d’Agriculture et les services de l’Etat veulent mesurer les surfaces supplémentaires qui nécessiteraient d’être arrachées » indique le sondage en ligne. CA 33 (la réunion de travail du 28 mai) - crédit photo : Alexandre Abellan
B

rutal, c’est hélas un « constat commun : la situation des exploitations viticoles girondines est critique et nécessite des réponses urgentes et structurantes » résume le communiqué de la Chambre d’Agriculture de la Gironde (CA 33) après la réunion de travail se tenant ce mercredi 28 mai à Bordeaux (cours Xavier Arnozan). Après la cellule opérationnelle sur la viticulture accueillie par la préfecture (ex-cellule de crise lancée fin 2022), ce nouvel outil collectif veut faire face à une « crise d’ampleur inédite dépassant la seule filière viticole » en déployant un plan réunissant autour de la table les « producteurs, coopératives, négociants, fournisseurs, prestataires, artisans, restaurateurs, territoires ruraux… »

Élargissant les parties prenantes, cette réunion revient aux outils bien connus de gestion de la surproduction de vins rouges (84 % des vignes AOP sont rouges en Gironde en 2024), déconsommation (par l’inflation et les tensions géopolitiques) et explosion des coûts de production (rendements réduits par les aléas climatiques et sanitaires). À commencer par « la mise en place d’un dispositif d’arrachage complémentaire » indique la CA 33*, s’activant après l’assemblée générale du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) qui officialisait ce 28 avril le besoin d’étudier un nouveau plan d’arrachage pour poursuivre la forte réduction amorcée du potentiel de production (-15 % des surfaces girondines avec 18 000 hectares de vignes arrachées entre 2023 et 2025). La CA33 et les services de l’Etat ont ouvert une enquête en ligne jusqu’au 30 juin pour que les exploitants et propriétaires non-exploitants puissent indiquer les hectares qu’ils souhaiteraient arracher.

En péril

Malgré les arrachages (primés et privés) et les petites récoltes successives (le millésime 2024 ravissant le record de plus petite production au 2023) réduisant l’offre au niveau de la demande, le constat est cinglant : les cours restent bien en deçà des coûts de production. « La valorisation de nos vins s’effondre. Sans justification technique, cette baisse des prix ne stimule ni les ventes, ni la consommation. Elle ne fait qu’appauvrir nos exploitations, mettant en péril des générations de travail et de savoir-faire » alertait récemment Stéphane Gabard, le président des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Il est vrai que le prix du foncier de nombreuses appellations de Gironde tombe à 8 000 €/ha en 2024 (l’AOC régionale Bordeaux, les appellations Blaye Côtes de Bordeaux, Côtes de Bourg, Castillon et Francs Côtes de Bordeaux) d’après la Fédération Nationale des Sociétés d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural (FNSAFER).

Combien d’hectares ? Et pour combien d’euros ?

Ouvrant la question d’un nouvel arrachage, le questionnaire de la CA33 et de l’État se garde de poser une interrogation fondamentale : quelle serait la prime idéale, ou minimale, pour déclencher l’arrachage des vignes n’étant plus rentables pour leurs propriétaires et exploitants ? Et éviter que les friches qui pullulent déjà ne se développent toujours plus. L’enjeu de ce nouvel arrachage semble moins réglementaire que budgétaire. Après les campagnes d’arrachage sanitaire départemental (6 000 €/ha pour 8 726 hectares avec les financements de l’État et du CIVB) et définitif national (4 000 €/ha pour 4 220 ha candidats en Gironde sur les fonds européens dédiés aux conséquences de la guerre en Ukraine) bricolées sur les possibilités limitées de la réglementation européenne actuelle, la nouvelle vague d’arrachage primée pourrait mettre à profit les évolutions actuellement portées à Bruxelles par le paquet vin.

Faute de consensus dans les conclusions du Groupe à Haut-Niveau (GHN) sur lesquelles se base la proposition de paquet vin (déposée fin mars par la Commission Européenne et devant être débattue en trilogue ce second semestre), le financement de ces nouvelles primes d’arrachage définitif serait à la charge des États Membres. Ce qui semble difficile alors que le gouvernement réduit les aides actées (celles aux jeunes viticulteurs sont passées de 10 à 9 millions € pour aider les pépiniéristes) et que les caves coopératives doivent justifier de leurs fonds d’aide à la restructuration (10 million € soumis à audit). « Il faut des crédits de gestion de crise au niveau européen » tranchait il y a peu Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, pour qui « on nous dit : "débrouillez-vous dans chaque État-Membre pour financer l’arrachage". Penser que l’Union Européenne peut porter le paquet vin sans budget, c’est préparer beaucoup de déceptions. Je ne trouve pas ça raisonnable et approprié. »

Mesures plus constructives

A priori, Bruxelles ne change pas d’avis, le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, indiquant ce 20 mai lors de son audition par l’intergroupe vin du Parlement européen que le financement de l’arrachage par des fonds communautaires avait divisé le GHN et qu’il ne pouvait être discuté dans l’immédiat afin d’avancer rapidement sur le paquet réglementaire. Le commissaire précisait à Vitisphere fin mars que « l’arrachage financé par l’Union Européenne n’a pas été recommandé parce que l’arrachage est très coûteux, irréversible et nécessite, à ce titre, la prudence et une responsabilité élevée » alors que « les États-Membres ont préféré allouer des fonds de l’Union Européenne à des mesures plus constructives, telles que les investissements et la promotion ».

À la question majeure du besoin d’arrachage à Bordeaux répond donc l’absence de précisions sur les moyens pratiques de mise en œuvre.

 

* : Les autres outils évoqués par la CA33 sont « le soutien aux entreprises en difficulté, à travers une meilleure coordination des dispositifs publics et une mobilisation accrue des établissements bancaires ; la régulation des stocks de vin, identifiée comme un levier essentiel pour stabiliser le marché ; l’opportunité de créer une organisation de producteurs afin de structurer davantage la filière et de peser collectivement ; la mise en place d’un dispositif de "prix d’orientation" pour les vins sous démarche de certification HVE et Bio, inspiré de ce qui est fait en Occitanie » et dans la Vallée du Rhône.

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Tous les commentaires (1)
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Renaud Le 29 mai 2025 à 16:36:09
À dire vrai je n'ai pas compris le rôle de cette réunion. Elle fait doublon avec la cellule de crise viticole, mêmes participants et mêmes objectifs. On m'a assuré du contraire sans pour autant me l'expliquer?. Ceci dit la conclusion est pertinente puisqu'il a était décidé de mettre en urgence un plan en 3 points : arrachage +distillation + protection prix d'achat en tenant compte des coûts de production. C'est exactement ce que le collectif viti 33 préconise depuis plusieurs mois. En cette période de l'ascension c'est l'esprit sain qui les a touchés. Tant mieux !
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