’aide à la restructuration des caves coopératives sera-t-elle une variable d’ajustement budgétaire ? C’est la crainte des Vignerons Coopérateurs de France, reçus ce mardi 6 mai par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. Ce premier échange direct sur les 10 millions d’euros dédiés obtenus lors du budget 2025 n’aboutit pas à sa mise en œuvre, mais à l’ouverture d’un audit en région de la coopération viticole par le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) afin de chiffrer l’ampleur réel des besoins financiers pour accompagner les caves coopératives face aux défis stratégiques actuels (absorber la surcapacité des outils de production face à l’arrachage, développer de nouveaux profils produits pour gagner des marchés, innover sur la commercialisation afin de gagner en valorisation…).
Saluant l’écoute et l’attention de la ministre, Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs de France, rapporte que la filière vin a conscience du cadre budgétaire actuel et s’y plie avec une aide de 10 millions € alors qu’il en était demandé 75 (25 millions €/an en 2025, 2026 et 2027). Si Annie Genevard a pointé le milliard d’euros versé par l’État ces dernières années à la filière vin (gel, grêle, distillation, stockage, arrachage…), « il a toujours été répondu à l’urgence. Nous portons un projet structurel pour préparer des lendemains que nous souhaitons meilleurs » plaide Joël Boueilh, qui appelle l’exécutif à ne pas jouer le pompier, mais le bâtisseur tant qu’il est temps.


Pour l’économie des caves coopératives, « la situation se dégrade, on ne peut plus vouloir temporiser. Il va y avoir des accidents de parcours qui feront que demain on aura des conséquences graves et que l’on aura besoin de plus que 10 millions € » alerte le président des Vignerons Coopérateurs, pointant qu’« il y a déjà des caves en très grandes difficultés, d’autres ne sont pas loin d’être dans la même situation. Ça reflète bien l’urgence de ce que nous allons vivre. Et qu’arrivera-t-il aux vignerons qui perdront tout ? » Appelant à avancer vite, Joël Boueilh demande au gouvernement de ne pas attendre les conclusions du CGAAER pour notifier la demande d’aide à la restructuration auprès de la Commission Européenne. Et d’anticiper la mobilisation d’autres fonds en 2026 et 2027 avec une notification pour trois années.
« Nous ne sommes pas au bout du combat » reconnaît Joël Boueilh, qui le martèle : « c’est une situation d’urgence, il y a tout intérêt à accompagner les réseaux de caves coopératives pour l’avenir de la filière. Pour se donner la capacité de rationaliser les coûts, d’optimiser les investissements, de réfléchir à d’autres produits, il faut avoir des entreprises ayant la tête hors de l’eau. » La ministre est conviée aux congrès des Vignerons Coopérateurs qui se tient le jeudi 3 juillet à Paris, avec l’espoir pour la filière d’entendre des annonces et d’apprendre de bonnes nouvelles.