e nature relax et affable, Régis Falxa, le président des Vignerons Indépendants de Gironde, a les joues qui s’échauffent quand il entend répéter dans le vignoble bordelais que son syndicat empêche la mise en place de prix rémunérateurs du vin en s’opposant à la création d’Organisation de Producteurs (OP). Alors qu’un décret est nécessaire pour mettre en place le dispositif d’OP dans le vigoble (qui n’a pas été mis en place contrairement à d’autres filières en 2013), le sujet divise la filière vin mais doit être résolu rapidement pour Stéphane Gabard, le président de l’AOC Bordeaux : « à nous d’écrire ce décret pour s’écarter de cette partie de primes et de subventions européennes qui polarise les vignerons et coopérateurs. Il faut s’en écarter pour arriver politiquement sur ce sujet. »
Pour Régis Falxa, il y a bien un souci sur ce sujet : « le risque est là que les futures aides communautaires ne transitent que par les OP ou bien que seuls les producteurs en OP bénéficient de bonifications sur certains dispositifs d’aide, même s’ils n’ont aucun lien dans la réussite de leur objet dans le fait d’être organisés. » Un risque d’autant plus concret que des aides européennes ont été fléchées de la sorte par le passé et que le secteur des fruits et légumes fonctionne actuellement ainsi.
Refus de principe
Mais pour Régis Falxa, le sujet ne doit pas être réduit à ce seul point d’opposition. Voyant dans l’OP « un modèle à l’opposé » des caves particulières, le vigneron de Sallebœuf rappelle que les OP « sont des lieux permettant de planifier la production, d’optimiser les coûts et de négocier les contrats au nom des producteurs sans enfreindre les lois sur la concurrence, à condition de concentrer l’offre de leurs membres ». Ce qui implique un transfert de propriété des vins à l’OP par le producteur, « ou a minima un mandat de commercialisation ». Une approche structurelle de guichet unique du vin en vrac qui va à rebours des tendances actuelles de marché pour Régis Falxa. Actuellement, « on crée de la valeur en différenciant l’offre et non pas en la massifiant » plaide le présidebt de Vignerons Indépendants bordelais, ajoutant que le système des caves particulières, « qui combine agilité et performance, est l’antithèse des organisations de producteurs. Les Vignerons Indépendants ne veulent pas massifier leur offre. »


Défendant leur modèle, les caves particulières pointent qu’« un modèle d’OP (groupements de producteurs à l’époque) a existé dans l’ex-Languedoc-Roussillon (dans l’Aude et de l’Hérault) » avec un bilan pour Régis Falxa qui a « non seulement fait la démonstration que la massification et la concentration n’avaient pu leur permettre de peser dans les relations commerciales avec les entreprises de l’aval et/ou de la distribution mais, pire encore, une très grosse partie des membres adhérents de ces groupements de producteurs ont soit disparus, soit repris leur indépendance. »
Allant plus loin, le vigneron bordelais note que « le modèle d’entreprises Vigneron Indépendant a fait la démonstration de sa pertinence et de sa performance commerciale, passant de 35 % de la production viticole française à 55 % aujourd’hui » quand dans le même temps « la coopération qui massifie ses achats de fournitures (intrants, piquets, etc.) pour les adhérents et ses achats de matière première (le raisin) âr ses adhérents est déjà une forme d’OP, qui est passée de 65% de la production viticole française il y a 30 ans à 35 % aujourd’hui, preuve s’il en est d’une performance au mieux mitigée, certainement à repenser… » L'accord de filière sur les OP paraît bien compliquée à envisager dans l'immédiat.