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"Pas question de prendre des risques pour gagner quelques euros" Peu de coups de ciseaux sur les intrants oeno
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Économie
"Pas question de prendre des risques pour gagner quelques euros" Peu de coups de ciseaux sur les intrants oeno

Malgré les difficultés actuelles, les caves rechignent à rogner sur leur facture d’intrants œnologiques. Certaines s’y essaient, mais toujours avec discernement afin de préserver la qualité de leurs vins.
Par Michèle Trévoux Le 17 juin 2024
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Arnaud Burliga des Vignobles Burliga, 24 ha dans l’Entre-Deux Mers a rogné sur les achats de bois oenologiques. - crédit photo : Guillaume R/Vignobles Burliga
«

 Rogner sur les intrants Å“nologiques ? Mais vous n’y pensez pas !,  s’exclame, presque offusqué, Hugues Banon, directeur de la coopérative Neotera à Ouveillan. Au contraire, c’est le moment d’investir dans ces produits de façon à sortir des vins qui répondent aux exigences de nos clients. » À la suite de l’inflation survenue ces deux dernières campagnes, il a déjà exploré les possibilités de réduction de dose ou de produit. « On ne levure pas toujours à 20 g/hl, indique-t-il. Dans certains cas, on est à 8-10 g/hl. Descendre plus bas, ce serait périlleux. Pour les tannins, la bentonite ou la PVPP, on fait des essais pour voir jusqu’où on peut descendre. Mais pas question de prendre de risque pour gagner quelques centimes d’euros par hecto. »

"La priorité, c'est de trouver des marchés"

À la cave coopérative de Montaud, dans l’Hérault, le directeur Brice Marquet a, lui aussi, déjà réduit les coûts autant que possible. « Sur nos entrées de gamme, j’ai opté pour des levures à 15 €/kg. Pour réduire ma facture d’extraits de bois, j’achète des produits plus chers que j’utilise à moindre dose : 1 g/hl au lieu de 2 à 3 g. Mais ce sont des économies mineures. Ce n’est pas parce qu’on gagnera 1 à 3 €/hl que cela va changer la donne. Aujourd’hui, notre préoccupation majeure, c’est de trouver des marchés, pas de réduire nos coûts à la marge. »

Éviter les premiers prix

Au nord de l’Hérault, le directeur de la cave coopérative de Galargues, Philippe Solanet, est du même avis. « Ce serait une erreur de faire l’impasse sur les produits Å“nologiques. Ils sont nécessaires pour atteindre les profils recherchés par nos clients. Nous utilisons systématiquement de l’azote assimilable, non pas pour la cinétique fermentaire, mais pour booster le potentiel aromatique. S’agissant des tannins Å“nologiques, c’est un mauvais plan d’utiliser des premiers prix. On stabilise bien mieux les rouges avec des tannins de moyenne gamme. »

Chaque année, ce vigneron effectue pourtant des essais dans le but de réduire les intrants. En 2024, il va ramasser très tôt un lot de sauvignon et vérifier s’il peut s’en servir pour acidifier d’autres cuvées. « L’objectif est d’améliorer le potentiel qualitatif tout en réduisant nos achats d’acide tartrique ou malique. On dépense 8 000 Ã  10 000 €/an en intrants destinés à l’acidification. » Sur les rouges, il va faire un essai de saignée et voir si cela lui permettra d’éviter de taniser.

Vigneron sur 35 ha à Cairanne, Jean-Jacques Beaumet n’espère pas faire d’économies de produits Å“nologiques. « C’est un budget de 2000 €/an. Je n’ai pas grand-chose à gagner. Par souci éthique, j’utilise le moins de produits possible. Je ne levure que les premières cuves. Ensuite, la cave se réensemence sans levurage. J’utilise des nutriments quand c’est nécessaire, et un peu de SO2. »

Équilibrer les postes à réduire

À la tête d’un vignoble de 24 ha dans l’Entre-Deux Mers, Arnaud Burliga a, lui, rogné sur les achats de bois Å“nologiques. « J’ai arrêté d’apporter durant la vinification des bois frais et toastés, explique-t-il. Avec la crise sur les vins rouges, je garde mes vins plus longtemps, cet élevage permet de patiner les tannins. » Il a aussi réduit de 20 % dans ses dépenses d’analyses. « Je n’assure plus que les analyses imposées dans le cahier des charges. En revanche, j’ai augmenté mes dépenses en conseil Å“nologique. Au final, je ne fais aucune économie, mais je bénéficie d’un meilleur conseil. » Et il n’a pas non plus touché au poste levures : « La priorité, c’est d’assurer une bonne fermentation pour obtenir le profil de vins que l’on souhaite ».

Au Château Picheloup Saint Sauveur, à Saint-Pierre-d’Aurillac, Guillaume Pla a supprimé quelques dépenses. « Je n’utilise plus d’enzymes d’extraction. J’ai commencé par diminuer les doses et, l’an dernier, je m’en suis complètement passé. Je n’ai pas vu de différence de rendement en jus. »

Guillaume Pla fait également l’impasse sur les copeaux qu’il ajoutait à l’encuvage sans pour autant tirer une valorisation supplémentaire de ses vins, vendus essentiellement en vrac. Cette année, il a encore acheté quatre barriques neuves, mais s’interroge sur le maintien de cette dépense. « Nous avons pris une hausse de 30 à 40 % en deux ans. Je vais faire des essais de staves ou de blocks pour vérifier si je peux faire aussi bien. » Reste qu’il s’interdit toute réduction de levures ou de nutriments. « Ce sont des économies de bouts de chandelle qui peuvent coûter… toute la boîte de chandelles. »

 

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