menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / Le Canard déchaîné sur les vins et leurs pesticides
Le Canard déchaîné sur les vins et leurs pesticides
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Goût de bec
Le Canard déchaîné sur les vins et leurs pesticides

Dans son dernier dossier trimestriel, l’hebdomadaire satirique se concentre sur les coulisses de la filière vin. Quitte à faire ses foies gras d’approximations et méconnaissance, notamment sur les pesticides.
Par Alexandre Abellan Le 06 juillet 2023
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Le Canard déchaîné sur les vins et leurs pesticides
Après l’Archipel du Goulot (dossier du Canard n°39), voici les 100 histoires de vin (dossier n°168). - crédit photo : DR
C

ouac pour le commissaire magret. S’intéressant exclusivement à la filière vin, le dernier dossier du Canard Enchaîné (124 pages pour 6 € en kiosque) égratigne les investissements des milliardaires dans le vignoble comme les nouvelles tendances de consommation. Aussi cynique que vinique, sa palme s’empêtre pourtant dans quelques imprécisions regrettables. Exemple dans l’article « un arrière-goût de scandale » qui veut épingler « la main de plus en plus lourde sur les produits chimiques » des vignerons « pour bichonner leur production à haute valeur ajoutée » en rapportant qu’« une vigne conventionnelle reçoit en moyenne 20 traitements dans l'année, un chiffre en hausse ». Au-delà de la justesse du chiffre (les dernières données ministérielles évoquant 18 traitements en 2019) une telle augmentation des fréquences de traitements en conventionnel n’est pas le signe d’une volonté de pollution : au contraire… On peut y voir la réduction des matières actives agressives (par la réglementation et l’évolution des pratiques) et le développement d’alternatives (biostimulants, biocontrôles, etc.). L'utilisation de produits agréés en bio amenant globalement à plus de traitements (3 à 5 en plus pour les fongicides, produits de contact obligent, la pluie les lessivant).

L’article poursuit avec une statistique aussi massue que non-sourcée : le vignoble « représente à peine 3 % de la surface agricole, absorbe à elle seule 20 % des pesticides consommés en France ». Une statistique qui est reprise depuis des années, sans que son fondement puisse être avéré. Si le ministère de l’Agriculture indique ne pas pouvoir chiffrer le tonnage de l’utilisation viticole des pesticides, la seule source officielle que l’on puisse avoir pour de telles données remonte à un rapport sénatorial de 2012 (où il était question de 3,3 % de la SAU pour 14,4 % des dépenses de pesticides, à partir de calculs de l’INRA). Pas de quoi cancaner…

Ni fait, ni à fermenter

Rapportant des mesures de résidus de pesticides dans les vins, le Canard Enchaîné cite le biologiste Gilles-Eric Séralini (université de Caen) pour juger que « ces doses que l'on appelle "résiduelles" suffiraient à rendre de l'eau impropre à la consommation ». La consommation de vin en volume n’étant pas celle d’eau, le risque sanitaire devrait cependant être différent entre les deux boissons. La question de l’absence de Limite Maximale de Résidus (LMR) pour les vins (alors qu’il existe une LMR pour les raisins de cuve) aurait sans doute mérité un éclaircissement. Mais le palmipède relève une « conséquence, expérimentée par tous les amateurs de vin : les produits chimiques influent sur le goût », ajoutant que « les fongicides (pour prévenir le mildiou, notamment) tuent les levures naturelles à l'origine d'arômes complexes ». Mais la recherche œnologique a démontré que le concept de levure de terroir est un mythe, la présence au vignoble, bio ou conventionnel, de levures Saccharomyces cerevisiae étant anecdotique et sans lien avec les souches s’imposant lors de la fermentation alcoolique en chai. Les  difficultés fermentaires seraient plutôt liées aux effets du changement climatique, avec des concentrations de sucre croissantes.

Logo gogo

Ce dossier du Canard Enchaîné relance la riche semaine médiatique du label Haute Valeur Environnementale (HVE). Dans la ligne des récentes critiques du journaliste Hugo Clément, l’article « le logo gogo » estime qu’« un peu comme le Canada Dry, qui a la couleur du whisky mais qui n'en est pas, un produit HVE n'est pas bio ». Reprenant l’argumentaire des associations opposées à la HVE (et l’attaquant devant le Conseil d’État), le Canard Enchaîné ajoute dans son article que « le collectif reproche à la HVE de permettre l'utilisation de produits phytosanitaires, pas très verts pour l'environnement et la santé des consommateurs. » HVE ne serait donc acceptable que s'il était bio. Mais il semble qu’il existe un embrouillamini sur le sujet des phytos et de la bio dans la rédaction du palmipède, l’édito d’Erik Emptaz indiquant pour ce dossier que « les vins bio et nature […] font moins appel à la chimie (mais un peu quand même) que les classiques ». De quoi se prendre les pieds palmés dans le tapis, alors que l'interdiction d'usage de produits chimiques est la base philosophie de la viticulture bio.

Les canards, ça ose tout, et pour les vins, c’est même à ça qu’on les méconnait…

 

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (6)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Fab Le 16 juillet 2023 à 10:36:43
20 traitement par an en sachant que la période de traitement vigne est en gros de mai a juillet soit au maximum de 3 mois ce qui fait un traitement tous les 4,5 jours n importe quoi !! Venez travailler une saison avec nous et vous comprendrez mieux.c est facile de critiquer quand on n' y connais rien.apres oui on devrait mettre obligatoirement les résidus de Phyto même s ils sont dans des doses minimes sur l étiquette,mais la l Industrie pharmaceutique est contre ah bizzare.on tape toujours sur le vigneron mais faut se poser les vrais questions c est qui qui a obligé les vignerons a planter des plants très sensible aux maladies ?faites plutôt un article sur ce thème.
Signaler ce contenu comme inapproprié
EGL Le 07 juillet 2023 à 05:58:17
En moyenne les vins bio sont mieux notés par les jurys et les dégustateur.e.s. Je l?ai vérifié à maintes reprises lors de dégustations à l?aveugle : plus de cohérence, plus de longueur en bouche, moins de heurts dans la succession des séquences de goût, plus de fluidité, moins de sécheresse, en un mot une sensation plus naturelle en bouche. A cet égard les recherches de Gilles Séralini (réunies dans son livre Le goût des pesticides dans le vin) démontrent l?influence indéniable des phytos de synthèse sur le goût des vins.
Signaler ce contenu comme inapproprié
Murin Le 06 juillet 2023 à 14:28:24
Par chance., l'article ne mentionne pas les vignerons languedociens bio qui vont s'approvisionner en produit phyto en Espagne et qui payent en liquide.
Signaler ce contenu comme inapproprié
La rédaction Le 06 juillet 2023 à 09:04:16
Bonjour Kurt, Comme indiqué dans czt article, la moyenne de 20 traitements viticole/an est indiquée par le Canard Enchaîné. Dans les documents de l'Agreste cités ici concernant une moyenne de 18 traitements/an nationalement en 2019, il apparaît que la différence de traitements/an entre conventionnel et bio est de +1 au niveau national pour les seuls fongicides, mais est très hétérogène selon les régions +1 en Corse, +3 en Alsace/Bourgogne, +7 traitements/an en moyenne à Bordeaux... Sur l'année 2019. Des documents de l'IFV indiquent que le différentiel de traitements entre bio et conventionnels avoisinent entre 3 et 5 passages. Bonne journée, Alexandre
Signaler ce contenu comme inapproprié
Kurt Le 06 juillet 2023 à 08:34:55
C'est avec stupéfaction que j'ai lu cet article. Je me suis posé la question sur le sérieux de cette enquête. 20 traitements à l'année pour un domaine en conventionnel et 23 à 25 pour un domaine BIO ? C'est du n'importe quoi. Sachez que j'ai fait 4 traitements en 2022 pour le domaine où je travaille (nous sommes en conventionnel). Ceci est facile à contrôler car nous sommes obligé de noter tous les traitements. Je ne comprends donc pas comment on peut publier ce genre d'articles sans avoir fait des recherches profondes, sans avoir de preuves. C'est juste pour créer le buzz ?
Signaler ce contenu comme inapproprié
VignerondeRions Le 06 juillet 2023 à 07:10:41
Il y a une loi contre l'agri bashing, or c'est compliqué de la faire respecter, chaque vigneron ne va pas porter plainte. Pour autant ces articles, émissions radio ou tv, les films qui s'emmêlent les pinceaux sont légion. Et tant qu'on peut raconter tout et n'importe quoi, faire des amalgames, sans avoir de compte à rendre c'est la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Hier soir dans un feuilleton, la fille d'un vigneron implore son père de passer en Bio, arguant qu'il doit réagir pour arrêter de polluer, lui demandant s'il n'en a pas marre de voir tout ses copains tomber comme des mouches. Or, mes voisins vignerons qui n'étaient pas en Bio, passent une paisible retraite ou pas, certains étant encore sur le tracteur dans les vignes à plus de 90 ans. À priori le dicton "diffamez, diffamez, il en restera toujours quelque chose" a de beaux jours devant lui. Bien au delà de la vigne, c'est très inquiétant.
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Paris / Seine-et-Marne / Yvelines ... - CDD CAVES AUGE
Bouches-du-Rhône - CDI Vignerons Indépendants des Bouches-du-Rhône
Ain / Allier / Ardèche ... - VRP/Agent/Freelance GOUTTES D'OR UNION
Gironde - Alternance/Apprentissage Ethicdrinks
Charente - CDI APECITA POITOU CHARENTE LIMOUSIN
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé