ne belle performance : la récente réforme de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) réussit l'exploit d'aller trop vite pour le vignoble (premier vivier de labellisés, avec 70 % des 30 000 domaines HVE), mais sans aller assez loin pour ses contempteurs (mobilisés médiatiquement depuis 2020). « Le label HVE trompe le consommateur, la justice doit l’interdire ! » appelle un communiqué d’associations de consommateurs (UFC-Que Choisir et Bio consom’acteurs), d’ONG environnementales (Générations Futures, Agir Pour l’Environnement et Réseau Environnement Santé) et de syndicat bio (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, la FNAB, et le Syndicat National des entreprises de l’agroalimentaire bio, Synabio). Joignant le geste à la parole, ce collectif annonce attaquer la certification gouvernementale devant le Conseil d’État : « l’analyse juridique montre que le label HVE représente une tromperie du consommateur dans la mesure où la promesse d’excellence environnementale sous-entendue par le nom du label et exigée dans la loi n’est toujours pas remplie par le nouveau référentiel ».
Attaquant devant la plus haute juridiction administrative le décret n°2022-1447 et l’arrêté du 18 novembre 2022 définissant les nouvelles exigences de la démarche agroécologique portée par l’État (article L611-6 du Code Rural), les associations s’appuient sur le récent rapport de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) qui préconisait une refonte plus forte de la certification HVE. Pour le collectif plaignant, « en l'état actuel, et alors qu’il est de plus en plus apposé sur les produits, il n’est qu’un label trompeur pour les consommateurs et les citoyens en général qui y voient, par méconnaissance, un modèle agricole ayant un impact positif pour l’environnement. L’enjeu de notre recours collectif est de démontrer que malheureusement c’est loin d’être le cas et qu’il n’est pas acceptable de faire perdurer un tel mensonge. »


Particulièrement tranchant, le communiqué des associations, ONG et syndicats témoigne d’une volonté de mettre un terme au label HVE. « C’est hors-sujet. Quand on a un problème, on s’en prend à son voisin » réagit Jean-Jacques Jarjanette, le président de l’association HVE, récemment passée du développement à la défense de la certification. « Comme toujours, quand il n’y a pas de réponse à apporter à une question de fond, ici "comment relancer la bio ?", il faut bien trouver un bouc-émissaire à donner en pâture à ses adhérents et mandants. C’est du René Girard, c’est vieux comme le monde » ajoute Jean-Jacques Jarjanette, regrettant des attaques systématiques sur tout ce qui n’est pas bio.
Alors que le label HVE reste peu connu des consommateurs (25 % des sondés, contre 96 % pour la bio d’après une étude récente), les associations plaignantes estiment que sa présence sur les emballages créerait de la confusion dans les linéaires au détriment du bio, qui n’utilise pas de produits phytosanitaires classés Cancérigènes Mutagènes et Reprotoxiques suspectés (CMR2). « Il existe un modèle, certes perfectible, mais qui a l'une des plus hautes performances environnementales : ce modèle s'appelle l'agriculture biologique » plaident les plaignants, ajoutant que « tout soutien de l’Etat à des allégations commerciales mensongères qui brouillent la perception du consommateur doit cesser immédiatement ». Défendant une voie agroécologique intermédiaire entre le conventionnel et le bio, Jean-Jacques Jarjanette estime qu’il y aurait « beaucoup d’espoir à construire sur cette ligne. Il est dommage de perdre du temps à d’autres choses… »