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Hugo Clément dégomme la HVE, qui ne serait acceptable que si elle était... bio
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Minute papillon
Hugo Clément dégomme la HVE, qui ne serait acceptable que si elle était... bio

Nouvel épisode dans la série des reportages TV taillés à la HVE avec le documentaire à charge d’Hugo Clément. Le point sur les partis-pris qui ne manqueront pas de faire tiquer dans la filière vin, clairement ciblée pour son "greenwashing".
Par Alexandre Abellan Le 03 juillet 2023
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Hugo Clément dégomme la HVE, qui ne serait acceptable que si elle était... bio
HVE = Hugo Vraiment Excédé ? C’est ce que l’on retient du documentaire diffusé sur France 5, qui enchaînent les SCUDS contre la certification du ministère de l’Agriculture. - crédit photo : FranceTV
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iffusée ce lundi 3 juillet à 21 heures sur France 5, la dernière émission Sur le Front de l’animateur militant Hugo Clément s’attaque frontalement à la certification gouvernementale Haute Valeur Environnementale (HVE). Qui est accusée pendant 50 minutes de "tromperie déloyale", d’"arnaque", de "vol", d’"escroquerie", de "caractère trompeur", de "mensonge", de "jackpot pour les viticulteurs"… Et de "concurrence déloyale" avec la certification européenne bio. Il faut dire que le titre du reportage donne la couleur, prenant le parti de la guerre des chapelles : "HVE, le label qui tue le bio ?"

Commençant son sujet dans des vignes bordelaises, Hugo Clément demande : « avec-vous déjà vu ce label Haute Valeur Environnementale ? On y voit un joli paysage et un beau papillon. 0n a voulu savoir si ce label protège vraiment l’environnement. Et en particulier les papillons. » Filmant la pose de capteurs d’air pour mesurer pendant deux mois les matières actives utilisées pour traiter des vignes (… en plein hiver, sans doute pour une reconstitution, mais sans précision pour ne pas atténuer la mise en scène dramatique), le reportage présente les résultats obtenus, en se focalisant sur une trace d’insecticide.

Hugo bosse… pas assez

« Un insecticide ? Pour tuer des insectes ? Dans un champ Haute Valeur Environnementale ? » n’en reviennent pas les yeux plissés de surprise d’Hugo Clément, s’alarmant de traces de lambda-cyhalothrine détectées (11 ng/m3), une matière active qui, dans le vignoble, cible « entre autres un papillon, la tordeuse de la grappe, qui attaque les raisins. C’est donc un produit qui tue les œufs et les larves de papillon » explique Hugo Clément, interrogeant immédiatement : « mais c’est pas légal ça ? », en écarquillant d'autant plus les yeux quand Cyril Giraud, de Générations Futures Bordeaux, lui répond qu’il est possible en France de traiter ses vignes contre les vers de la grappe. Le militant ajoutant que « c’est pour ça que l’on trouve que c’est un label trompeur » (avec une procédure en justice). Un papillon sur le label impliquerait donc de laisser les tordeuses de la vigne, eudémis et cochylis, prospérer et les rendements être ravagés ?

Si un esprit taquin pourrait répondre qu’avec cette approche, au pied de la lettre, le label bio pourrait aussi être vu comme trompeur (les feuilles vertes de son logo pouvant être très bleutées par la bouillie bordelaise), un esprit chagrin pourrait regretter l’absence de connaissance de la lutte contre les insectes ravageurs (la viticulture ne pouvant se permettre de ne pas être spéciste). Bien connus des vignerons, bio comme conventionnels, eudémis et cochylis peuvent aussi être ciblés par des insecticides biologiques ou de la confusion sexuelle. Mais il semble que le reportage n’ait pas cherché à en savoir plus, évitant probablement des malaises à la découverte d’insecticides autorisés en bio (des biocontrôles au radical pyrévert, dans le cadre de lutte obligatoire contre la flavescence dorée).

Pesticides de synthèse

Dès cette introduction, les premières minutes à peine, le documentaire pose un autre parti-pris : se demander, et s’offusquer, que « les agriculteurs utilisent des pesticides de synthèse » en HVE. Si Hugo Clément reconnaît à l’antenne que « HVE n’a jamais prétendu être aussi exigeant que le bio », voici le nœud du sujet : peut-on se revendiquer d’une démarche agroécologique si l’on n’est pas en certification biologique* ? La réponse ici ne fait pas de doute, il n’y pas de vision possible de complémentarité entre les démarches ou de participation à la transition agroécologique. Bio et HVE ne peuvent être que des adversaires irréconciliables : qu’importe qu’il existe des productivistes opportunistes en bio ou des paysans consciencieux en HVE.

En France, « quasiment la moitié des exploitations agricoles pourraient devenir HVE sans changer de pratiques » affirme le maraîcher bio Mathieu Rullier** (à Mignaloux-Beauvoir, Vienne), sans qu’il soit donné de précisions sur l’origine de cette estimation. Mais le reportage s’arrête sur les témoignages d’une productrice de courges, Françoise Meyer (à Mane-en-Provence, Alpes-de-Haute-Provence) évoquant la certification HVE comme « une simple formalité » à base de « calculs et d’administratif », et d’une auditrice, Christine Herrero, n’ayant jamais refusé de candidatures HVE. Évoquant les récentes évolutions de HVE, le documentaire note que « face aux critiques, le label a un petit peu serré la vis » et se concentre sur les pesticides, avec l’interdiction d’utilisation des produits phytopharmaceutiques Classés Mutagènes Reprotoxiques avérés (CMR 1). Une évolution diminuée dans sa portée par le reportage, notant que ces produits ne sont quasiment plus utilisés, contrairement aux Classés Mutagènes Reprotoxiques suspectés (CMR 2), toujours « tolérés ».

Concurrence

De manière appuyée, le documentaire affirme les dégâts d’un affrontement commercial entre bio et HVE, le premier pâtissant du second. En témoigne une gérante de magasin bio fermant l’une de ses enseignes à cause de la crise du pouvoir d’achat et de la concurrence d’autres labels. Sans qu’il soit question d’autres facteurs, comme la demande de nouveaux engagements en bio (de prix ou d’exigences environnementales, comme sur le bilan carbone) ou l’écrasante notoriété de la bio sur la HVE (confirmée chaque année).

Dessin marketing

Critiquant un « joli dessin marketing », Hugo Clément note également l’omniprésence du label HVE dans les rayons de la grande distribution. « Grande trouvaille des viticulteurs que le label HVE » grince Lionel Vilain, ingénieur agronome et conseiller technique pour France Nature Environnement (FNE), faisant état d’un « jackpot », qui indique avoir « un peu honte » d’avoir été le promoteur du concept de la HVE lors du Grenelle de l’Environnement de 2009.

En somme, ce documentaire tient du procès à charge… de revanche ? Après un premier documentaire "Alerte rouge sur le vin" l’an passé, on peut espérer que le troisième documentaire sera celui de l’équilibre et de la nuance pour Sur le front. Car il n’y a pas de monopole de bonnes pratiques entre les labels : nul ne pouvant prétendre à la perfection. Il existe ainsi des vignerons certifiés à la fois bio et HVE pour allier les approches du vivant et de la biodiversité. Des témoignages sur l’intérêt de la HVE comme première étape pour tendre vers la bio existent aussi, rappelant que la certification n’est pas une fin, mais un moyen d’amélioration dans le cadre du développement durable. Un processus d’amélioration qui exclut toutes œillères qui impose des étapes progressives. Il n’y a qu’une voie à suivre et qu’une voix à entendre pour suivre ce chemin. Dans l’Histoire naturelle des animaux (1882), Buffon écrit que « la nature marche toujours et agit en tout par degrés imperceptibles et par nuances ». Changement des pratiques et des approches, la transition agroécologique avance de même. À quand dans un programme TV ?

 

* : La question pouvant être élargie à la structure même de l’exploitation agricole, seuls les petits domaines agricoles semblant vertueux pour le documentaire. Une coopérative agricole est ainsi présentée comme un pôle « logistique » tenant du « grossiste » à vocation « industrielle » dans le documentaire. Cette entreprise n’a pas accepté d’échanger avec Hugo Clément, il faut dire que la question posée donne déjà une idée de la réponse attendue : « comment cette agriculture intensive peut-elle obtenir un label environnemental ? »

 

** : S’indignant de serres de tomates hors-sol éclairées jour et nuit dans la région nantaise, l’agriculteur ajoute que le bilan carbone n’est pas pris en compte HVE. Il ne l’est pas non plus dans la bio, où le chauffage hivernal est possible en serre depuis 2019, avec une interdiction commercialisation du 21 décembre au 30 avril, une interdiction qui vient tout juste d’être retoquée par le Conseil d’État.

 

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Tous les commentaires (12)
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ventoux Le 05 juillet 2023 à 08:16:08
Pierre ! HVE1 , c'est juste le simple respect de la réglementation qui s'impose a tous ( les bio comme les autres ) En ce qui me concerne , pour m'y conformer , j'ai du ajouter une affichette sur mon armoire phyto , ajouter un clapet anti retour sur ma sortie de forage et rédiger un plan de fertilisation ( je suis en zone nitrate ) ......................rien d'autre ! Le respect des ZNT et des AMM , c'est juste la loi ( qu'elle nous plaise ou non ) et tout le monde est censé la respecter Quand a être HVE3 , ce que j'ai écris concerne mon departement ( je ne sais pas comment cela se passe ailleurs ) .................Un peu de paperasse , quelques calculs savants , quelques bidouillages sur le volet biodiversité et c'est bon pour tout le monde................Et je ne parle même pas des certifications collectives !
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Pierre Le 04 juillet 2023 à 20:56:53
Ventoux, j'ai aussi des anecdotes sur la HVE et le Bio. Dans notre cave où nous avons une certification collective HVE 2 de nos adhérents en Bio n'ont pu obtenir la certification HVE 1 pour une utilisation d'un cuivre ZNT 20m en bord de cours d'eau et l'autre pour dépassement d'utilisation d'un autre cuivre (5 sur l'AMM et 7 applications sur l'exploitation). Tous les ans nous refusons des candidats en HVE car ils ne rentrent pas dans les clous. Vous viendrez alors leur expliquer que tout le monde peut être HVE sans rien changer...
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ventoux Le 04 juillet 2023 à 19:25:31
Monsieur Remy Que signifie : " AB est bien un label de commerçant " ? Ah bon ? Vous avez jeté un ?il sur le cahier des charges de la culture bio ?Ca ressemble a celui d'un commerçant ? Allons ! un peu d'honnêteté ! " HVE plutôt celui d'un paysan cultivateur " C'est quoi pour vous un "paysan cultivateur " ? un producteur de tomates hors sol en janvier chauffé au gaz sur 6 mètres de haut ?
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Dominique Le 04 juillet 2023 à 09:59:38
le sketch de départ où il semble anormal de lutter contre la tordeuse, m'a semblé totalement nul, téléphoné et mis en scène. La question de la molécule utilisée m'aurait semblé plus pertinente, mais lutter contre un ravageur, où est le problème ? Je tenais déjà la HVE d'aujourd'hui pour une supercherie pour le consommateur. Elle pourrait être autre chose. Mais, même averti, je suis quand même tombé du canapé à certains moments. Les tomates sous serres éclairées jour et nuit avec injection de gaz carbonique pour accélérer la croissance et cultivées sans contact avec la terre mais sur un substrat genre laine de verre : même moi je me suis pincé pour me réveiller. Et puis, cette séquence où les lambeaux restants et en triste état, d'une ancienne haie bocagère comptent pour gagner des points "biodiversité". Même le saccage de l'ancien bocage permet de se rattraper. Et la contrôleuse nous avoue qu'il n'y a pas besoin de changer ses pratiques pour être labellisé. Au passage, cette pitrerie permet d'encaisser des coquettes sommes d'argent du conseil régional ! Et il y a bien d'autres angles morts qui n'ont pas été abordés. Pas la peine de charger la barque. Chers collègues vignerons et vigneronnes, pensez vous que nous pouvons asseoir un rebond de l'image du vin sur un tel machin ? Là, on frise plutôt le naufrage collectif.
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rémy Le 04 juillet 2023 à 09:49:43
Fatiguant cette gueguerre de bobo urbanisé. La bonne nouvelle étant que les AB semblent craindre pour leur vente à cause de HVE! Mais tout de même qu'attendent les VIF pour aussi subventionner une émission TV et Radio. N'étant plus dans une démocratie mais dans une idiocratie ce genre de connerie va "influencer" (très à la mode) le consommateur. Dommage car AB est bien un label de commerçant non? et HVE plutôt celui d'un paysan cultivateur non? A vous de choisir...
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ventoux Le 04 juillet 2023 à 07:56:44
Cher Pierre . Il ne s'agit pas de bons et de méchants , mais de ceux qui font des efforts pour travailler proprement et de ceux qui s'en moquent en tirant sur la corde ...............................qui finira par casser ............................tôt ou tard !
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Pierre Le 03 juillet 2023 à 23:27:50
Cher Byron, à la lecture de votre commentaire pouvez vous m'expliquer pourquoi des viticulteurs bios ont inscrit des volumes à la distillation ? Tous les viti "vertueux" ne vendent pas à des prix rémunérateurs. Je n'en peux plus de l'opposition entre les bons et les méchants.
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ventoux Le 03 juillet 2023 à 16:03:48
" quasiment la moitié des exploitations agricoles pourraient devenir HVE sans changer de pratiques " Je suis en bio , j'ai voulu etre certifié HVE " pour voir " ! Et bien j'ai vu ! De l?aveu même de notre formatrice , tout le monde peut être HVE sans rien changer ! Il n'y a qu'un secteur du departement ou c'est un peu plus compliqué : Plan de dieu ! Vous connaissez ? Des kilomètres sans un arbre sans une haie ! Comme la Beauce , mais avec des vignes a la place des céréales !
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Byron Le 03 juillet 2023 à 15:45:43
Ces attaques ne sont que la traduction par un journaliste engagé d'une attente sociétale généralisée. Tout le monde sait que la HVE est une arnaque. Tous les vignerons savent qu'ils n'ont eu aucun effort à faire pour obtenir ce label. Mais vous continuez à vous arc-bouter pour préserver des pratiques qui font du vin un produit d'une autre époque. Vous vous plaignez que les jeunes ne boivent plus de vin, et quand ceux-ci vous font remarquer qu'ils ne veulent pas s'empoisonner en buvant pour le plaisir, vous ne trouvez rien de mieux à faire que leur rire au visage. Avez-vous remarqué que les collègues qui ne s'enferment pas dans le déni sont ceux qui continuent à vendre leur vin à des prix rémunérateurs? Ou bien vous préférez continuer à fermer les yeux, prétendre qu'il faut absolument traiter pour sortir vos hectos chaque année, et finir par distiller vos stocks car vous êtes incapables de le vendre?
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Jean Mamadou Le 03 juillet 2023 à 12:33:33
Est-ce que ce que dit Buffon est encore pertinent au XXIe s? -80% d'insectes en 50 ans, où est la nuance, l'imperceptible ? Peut-être justement dans l'écart entre l'agriculture conventionnelle et HVE ? Article bien faible, quelle mise en abyme entre deux articles qui déplorent la crise du secteur viticole pour faute de "déconsommation". Je ne suis pas étonné qu'on cherche à éviter un produit si impérieusement traité chimiquement.
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Alexis Sabourin Le 03 juillet 2023 à 11:45:05
Un journalisme militant étant un journalisme politique, le journaliste joue au procureur. Son angle d'attaque étant biaisé dès le départ, au final ce genre de reportage avec parti-pris apporte seulement un regard superficiel car il survole le fond du sujet... On comprendra pourquoi, après l'émission Sur le Front, Gaspard Proust avait qualité Hugo Clément "d'Elise Lucet en slim" ! Merci à l'auteur de citer Buffon, le trop méconnu naturaliste du siècle des Lumières.
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Bernard Le 03 juillet 2023 à 09:05:22
Oh encore une apparition de Hugo Quiment, le militant-journaliste qui désinforme aussi vite que son ombre.....
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