u premier janvier 2023, la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) réunit 36 225 domaines agricoles en France, soit une hausse 21 % des labellisés par rapport à janvier 2022 annonce, discrètement sur son site internet, le ministère de l’Agriculture. Avec 22 600 domaines viticoles, le vignoble affiche une croissance de 23 % de ses certifiés en un an, pesant pour 62 % du label à l’échelle nationale. Soit une décroissance continue du poids de la filière dans le label présenté sur le salon des Vignerons Indépendants de France (en 2014), qui pesait 80 % de toute la HVE en 2021 (93 % en 2018).
« C’est une réussite que la certification intéresse d’autres filières : HVE n’a de sens que si elle est transversale » explique à Vitisphere Jean-Jacques Jarjanette, le président de l’association de défense de la certification HVE, ajoutant que « c’est l’objectif depuis le début. Il ne faut pas que ce soit une démarche viticole, il faut de la transversalité pour la notoriété. » Le développement sur d’autres filières, des bovins aux fruits et légumes en passant par les céréales, a conduit à une exposition et des critiques ciblant notamment la force de la terminologie de "Haute Valeur Environnementale" par rapport à la portée des changements de pratiques agroécologiques certifiés. Portée par un collectif d’associations de consommateurs et de syndicats bio, une attaque est en cours devant le Conseil d'État à ce sujet.
Pas de quoi affaiblir le soutien de l’exécutif, à l’origine de l’initiative en 2012, pour qui « ces chiffres illustrent l'engagement d'un nombre croissant d’agriculteurs et d’agricultrices, toutes filières confondues, dans la transition écologique et confirment l’engouement pour le dispositif » salue le ministère de l’Agriculture, pointant que « le Gouvernement avait fixé des objectifs chiffrés dans son plan Biodiversité avec 15 000 exploitations certifiées de Haute Valeur Environnementale en 2022 et 50 000 en 2030 ». Du moins si la réforme précipitée de la certification HVE en 2022 ne laisse pas trop de vignobles sur le carreau. Critiquée par les vignerons certifiés pour ses choix non-concertés sur la fertilisation, les traitements phytos et la biodiversité, la nouvelle mouture pourrait faire sortir du label jusqu’à 30 % des certifiés actuels dans le vignoble, soit plus de 7 000 exploitations viticoles.
« D’abord il y a deux ans sans rien toucher » expliquait récemment le ministre Marc Fesneau à Vitisphere, assurant s’être « engagé à regarder avec la filière dans les six mois qui viennent, d’ici l’été, ce que l’on peut faire évoluer dans le cahier des charges. Il faut voir. La difficulté, c’est qu’ils sont dans HVE, mais ne bénéficient pas de l’écorégime. HVE a été réhaussée plutôt pour les grandes cultures. J’imagine que l’on va trouver un chemin. » Si un groupe de travail s’active, « les problématiques demeurent » résume Jean-Jacques Jarjanette, pointant que le délai du 31 décembre 2024 pour les exploitations précédemment certifiées n’empêchera pas l’application plus précoce du nouveau référentiel pour les certifications à titre collectif : « la date couperet arrivera plus tôt ».