omparer pour opposer les certifications de la viticulture biologique et de la Haute Valeur Environnementale (HVE) ? Quelle drôle d’idée pour l’Å“nologue Pascal Chatonnet, consultant dans le vignoble bordelais et propriétaire de cinq châteaux sur la rive droite (pour trente hectares de vignes). Prônant la complémentarité des deux démarches environnementales, le docteur en Å“nologie annonce ainsi l’entrée en conversion de ses domaines (pour une certification en 2024) grâce à ses trois années d’expérience en HVE (dans le cadre du SME, le Système de Management Environnemental du Vin de Bordeaux).
« Pour moi, la HVE a été en trois ans une école extrêmement importante pour le saut en bio. Aujourd’hui on se sent capable d’y aller » explique Pascal Chatonnet, pour qui cette étape tient autant de la formation que du management de l’ensemble des équipes. « Comme je ne suis pas présent à temps complet sur mes exploitations, je ne peux pas décréter le passage en bio si je ne suis pas là pour le faire physiquement » explique le docteur en Å“nologie, qui préconise un accompagnement technique face à une véritable prise de risque (en témoigne la pression mildiou des derniers millésimes). Dans le cadre du SME des vins de Bordeaux, des échanges fructueux entre propriétés ont aussi pu se tenir, « permet aux chefs de culture de sortir de l’exploitation et de confronter leurs expériences, positives et négatives » indique le propriétaire.
Si Pascal Chatonnet reconnait que les contrôles HVE ne constituent pas un cadre très contraignant, cette approche complète bien la démarche bio : « la HVE possède des points intéressants que le bio n’aborde pas (la HVE a une vision d’ensemble de l’exploitation : viticulture, Å“nologie gestion des déchets, responsabilité sociale…), et réciproquement (la bio limite les produits phytosanitaires) ».
Ayant déjà retiré les insecticides chimiques, adopté un travail du sol superficiel et abandonné les pesticides de synthèse, les vignobles Chatonnet doivent désormais se passer des phosphonates pour se convertir en bio. « Un jour nous serons tous en bio » prédit Pascal Chatonnet, qui table sur les restrictions réglementaires et les tendances de marché pour appuyer cette transition. Pour le moins sceptique face aux discours ésotériques de la biodynamie, Pascal Chatonnet compte développer ces prochaines années la « biosynergie », soit des pratiques viticoles s’inspirant de la biodynamie tout en les étayant scientifiquement.