Anti-Steiner
Pascal Chatonnet cherche des fondements scientifiques à la biodynamie

L’œnologue ne supporte plus que l’on invoque les planètes pour justifier les bienfaits de la biodynamie. Il explique par exemple que la meilleure croissance des vignes est liée à la présence de silice dans les préparations.
« Une bonne idée n’a pas besoin d’être défendue par de mauvais arguments. » L’œnologue Pascal Chatonnet est convaincu qu’il y a du bon dans les pratiques biodynamiques. Il constate qu’elles induisent souvent une meilleure résistance de la vigne aux parasites, ainsi qu'à la chaleur et à la sécheresse.
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« Mais je n’ai jamais réussi à lire "Le Cours aux agriculteurs" jusqu’au bout. Rudolf Steiner se contredit sans cesse. Il faut tenter d’expliquer les bienfaits de la biodynamie de manière scientifique. »
Pascal Chatonnet a quelques idées. Parmi elles, la présence de silicium dans la préparation 501 ou les tisanes de prêle et de pissenlit. « Pour Steiner, la silice transmet l’activité des forces formatrices des étoiles fixes et des planètes supra-solaires à la plante. Il faut se débarrasser de cet occultisme. La science matérialiste montre que le silicium joue sur la croissance des plantes » illustre-t-il. Il rappelle également que le silicium augmente la robustesse des parois végétales, « permettant de maintenir un port érigé et une disposition foliaire favorable à la photosynthèse. »
La science « dure » n’explique pas encore « l’effet lumière » de la silice, « revendiqué à tous crins par les biodynamistes. » Selon l’œnologue, la physique quantique pourrait aider à comprendre le phénomène. D’un point de vue nutritionnel, la silice permet le transport de certains nutriments essentiels, tels que le calcium, le potassium ou le magnésium. En outre « l’accumulation du silicium dans les parois végétales agit contre la pénétration des pathogènes. » On le constate lors d’une application foliaire.
Au sujet des pathogènes, plusieurs études montrent que la vigne conduite en biodynamie est moins sensible au mildiou et à l'oïdium. « On ne sait pas encore si cela vient du fait qu’elle est en meilleure santé, ou au contraire qu’elle est hyper stressée et synthétise plus de facteurs de résistance aux champignons. En tout cas, on ne doit pas invoquer Mars ou Mercure pour l’expliquer. »
Pour Pascal Chatonnet, de nouvelles investigations sont nécessaires. Il est convaincu que l’ « infâme science matérialiste » décriée par les tenants d’une biodynamie « orthodoxe » apportera de l’eau au moulin de ce mode de conduite de la vigne. Il a consacré les trois derniers billets de son blog à ce sujet. « Ce n’est pas un blog sur la biodynamie. J’expose ma vision de l’œnologie pour aujourd’hui et pour demain. Nous allons vers un courant plus « vert », mais il est nécessaire de temporiser les ardeurs de certains. »