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Côte à côte du Rhône

Par Alexandre Abellan Le 10 mars 2023
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Côte à côte du Rhône
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ne salle, deux ambiances. Dans la vaste famille des vins de la vallée du Rhône, il y a ceux qui s’en sortent et ceux qui en bavent. Les premiers se définissent comme des fourmis parmi les cigales, les seconds se voient plutôt comme le pot de terre face au pot de fer. S’il y a un consensus sur la nécessité de distiller les 250 à 350 000 hectolitres de vins rouges excédentaires en appellation Côtes du Rhône (dont les cours moyens du vin en vrac vont récemment de 135 €/hl pour le millésime 2022 à 85 €/hl pour le millésime 2021), la question de l’arrachage déchire… On croirait un pléonasme, c’est plutôt un euphémisme.

Tracée par l’interprofession rhodanienne, la stratégie de blanchiment de la production de vin (avec un doublement d’ici 2030) permet de construire une stratégie collective innovante tout en maintenant le potentiel de production. Du moins si l’outil d’arrachage différé est débloqué au niveau communautaire, ce qui n’est pas encore gagné. Donnant des perspectives aux vignerons dans la force de l’âge, ce cap ne répond pas aux demandes des opérateurs en fin de carrière… et à bout de nerfs.

N’ayant pas les repreneurs ou fermiers espérés pour permettre un départ digne à la retraite, 2 à 3 000 hectares seraient à arracher dans le contexte actuel de déconsommation des vins. Prévisible, l’érosion de la consommation de vin a connu une forte accélération depuis la crise covid : ce qui semblait être une lointaine tendance de marché heurte de plein fouet des vignobles entiers. Ce qui ferme soudainement des débouchés, sans que le devenir de ces parcelles ne soit anticipé, ni que l’avenir de leurs propriétaires ne soit sécurisé.

Le besoin rhodanien d’arrachage rappelle inévitablement la demande de plan social de Bordeaux. Affirmé depuis mai 2022, le besoin girondin d’arrachage aboutit, grâce à un accord des familles de la production et du négoce, à un dispositif d'aides qui ne répond pas encore à l’ampleur du problème, mais permet au moins de s’y attaquer pour dégager des volumes excédentaires. En Côtes du Rhône, il semble qu’il n’y ait pas d’accord sur l'aide à l'arrachage. Un point d’achoppement étant pour les uns que les arrachages ne se font jamais correctement (touchant par exemple de vieilles parcelles peu productives). Un blocage étant pour d’autres qu’il faut une participation financière de l’interprofession (alors que ceux se portant bien préfèrent des fonds sur les aides à l’export et à la promotion).

Déni ou retenue dans la perception des besoins d’arrachage, l’alignement des planètes contre les appellations rouges génériques impose des décisions urgentes. Ne serait-ce que parce que les demandes de distillations ne peuvent devenir récurrentes. Et si les ventes en grande distribution des Côtes du Rhône rouges ont dépassé les rouges de Bordeaux en 2022, c’est par une moindre réduction relative des volumes. Les deux appellations sont en chute, imposant des réponses à ses producteurs en fin de carrière afin de donner un cadre plus serein aux vignerons restant en activité. « Le vrai moyen de gagner beaucoup est de ne vouloir jamais trop gagner et de savoir perdre à propos » écrit Fénélon dans Les aventures de Télémaque (1699).

 

 

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Tous les commentaires (3)
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Vigneron Le 10 mars 2023 à 17:44:45
@Patrick, il y a quelques années en arrière le marché était faste, il y avait beaucoup de demande, il fallait produire beaucoup de volume, le négoce achetait en grande quantité, les consommateurs étaient là, et les vignerons produisaient. Où est le mal ? La situation s'est retournée depuis. Pas sur que le vin de cépage soit beaucoup valorisé... L'Etat Français tire une balle sur son propre patrimoine viticole que le monde entier convoite! On ne peut pas faire de publicité, on nous bassine que l'alcool est dangereux dès le premier verre, et à côté de cela on voit fleurir partout des boutiques vendant du CBD, elle est belle la France!
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BIDAUT Le 10 mars 2023 à 17:24:20
Bonjour, voilà encore un vignoble qui n'a pas su s'adapter au marché, on plante de la vigne sans réfléchir et puis quels que années après on demande des subventions à Bruxelles pour arraché . c'est simple mais il faut pas oublié que ce sont nos impôts, (vos impôts) qui paye la mauvaise gestion de vos exploitations. peut-être quand réfléchissant un peut plus vous n'en seriez pas là. Peut-être faudrait-il ce penché sur la question: pourquoi le consommateur ne boit plus ce type de vins, pourquoi ce tourne t'il vers des vins de cépage par exemple. certains vigneron l'on compris et il sans porte mieux. bon sur ce je vous laisse mais réfléchissez. Cordialement Patrick
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Vigneron Le 10 mars 2023 à 15:12:21
C'est un fait dans l'agriculture: Quand les prix trop bas sont synonymes de crise, lié notamment à un manque de demande des consommateurs, les syndicats courent pour sortir des plans d'arrachage. On pense que si les vignerons produisent moins, l'offre va se réduire, les consommateurs vont se précipiter, les négociants vont payer plus cher, et le marché va trouver un point d'équilibre. C'est le principe de la logique économique libérale de l'offre et de la demande. La question structurelle serait plutôt de savoir pourquoi les consommateurs se sont désintéressés de ces vins et comment les retrouver ? Car sinon cela amènera à de plus en plus d'arrachage, et pas sûr que ce soit la solution à tout les maux.
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