e monde a soif de vin blanc. Cette couleur représente un tiers de la consommation mondiale de vin, « et cette part tend à augmenter », souligne Sébastien Lacroix, responsable du service économique d’Inter Rhône. L’interprofession organisait une table ronde à ce sujet, le 5 avril, à l’occasion du salon Découvertes en Vallée du Rhône. Pour répondre à ce marché en croissance, « nous avons un objectif clair, partagé entre producteurs et négociants : doubler la production de vins blancs tranquilles à échéance 2030, en passant de 150 000 hl à 300 000 hl », annonce Philippe Pellaton, président d’Inter Rhône.
Marchés en croissance
Dans l’univers des oenophiles, les Français se distinguent en ne buvant que 18 % de vin blanc. « Mais les exportations de blancs sont plus dynamiques que leur consommation », observe Sébastien Lacroix. Sans parler des années covid, « les blancs représentaient 32 % du total exporté en 2019, avec 3 millions d'hectolitres. Et ces volumes ont progressé de plus de 2 % par an entre 2015 et 2019. » Les premiers clients de l’Hexagone sont les principaux consommateurs mondiaux de blanc : USA en tête (où 44 % du vin consommé est blanc), suivi de l’Allemagne et l’Italie. Et comme ces marchés sont en croissance et que d’autres leur emboîtent le pas (Canada, Belgique…), « les perspectives à l’export pour le vin blanc sont plutôt enthousiasmantes », conclut Sébastien Lacroix.
Dans cet échiquier, quelle place occupe la Vallée du Rhône ? La production de vin blanc, très minoritaire, y progresse doucement. « En 10 ans, les sorties de chais en blanc ont progressé de 20 000 hl », constate Sébastien Lacroix. La tendance globalement haussière, qui s’est accélérée récemment, masque des disparités : 16 % de blancs parmi les crus du Nord, à peine 4 % de ceux du Sud – où ils représentaient encore 7 % il y a 10 ans. Hors crus, les Côtes du Rhône ont vu la part des blancs progresser sur la dernière décennie, passant de 4 à 6 % des volumes produits.
Le « blanchissement » du vignoble souhaité par l’interprofession ne se fera pas tout seul. « On ne conduit pas sa vigne de la même manière pour produire des blancs, pour lesquels on va rechercher plus de fraîcheur et de tension, souligne Eric Chantelot, directeur technique de l’Institut rhodanien. Il est généralement intéressant d’aller chercher le rendement autorisé par l’appellation, et de choisir plutôt des sols peu soumis à la contrainte hydrique. » Pour l’adaptation des chais, parfois nécessaire, l’interprofession rappelle que des aides à l’investissement peuvent être demandées. Enfin, une enquête menée par l’Institut auprès d’une quarantaine d’opérateurs de la vallée du Rhône fait ressortir la labellisation environnementale (bio, HVE, Terra Vitis…) comme « facteur-clé de succès ».
Outre l’accompagnement technique, pour lequel l’Institut rhodanien jouera un rôle précieux, la communication est un enjeu majeur. Plutôt que de centrer le discours sur des cépages ou des appellations, l’interprofession souhaite fédérer les vignerons et négociants autour d’un concept global de « Rhône White ». L’idée serait de « cartographier différents profils de vins correspondant à différentes occasions de consommation », propose Philippe Pellaton. Et pour les faire connaître aux consommateurs et acheteurs, l’interprofession mettra sur la table 2 millions d’euros chaque année, spécialement dédiés à la promotion des blancs.