a production mondiale de vin chuterait à 250,3 millions hectolitres de vin en 2021 d’après les premières estimations de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV). Présentant ce 4 novembre les résultats de ses sondages auprès de 28 pays vinicoles (produisant 85 % des volumes internationaux, jus et moûts exclus), l’OIV note une « production mondiale de vin extrêmement faible, à peine supérieure à la production historiquement faible de 2017 » (voir infographies ci-dessous). En repli de 4 % par rapport à 2020 et de 7 % par rapport à la moyenne des deux dernières décennies, les volumes 2021 pâtissent de « conditions météorologiques défavorables qui ont sévèrement touché cette année les principaux pays producteurs de vin d’Europe » (-13 % avec une perte de 22 millions hl).
Si l’Italie, l’Espagne et, surtout, la France* sont les plus touchées par cette petite récolte (respectivement -9, -14 et -27 % entre 2021 et 2020), « l’hémisphère Sud et les États-Unis semblent faire exception à ce scénario globalement négatif et tendent à équilibrer la baisse de volume observée dans l’Union Européenne ». Avec 59 millions hl, l'hémisphère Sud enregistre même un millésime record en termes de volumes (avec de fortes hausses en Argentine, en Australie, au Brésil et au Chili). Alors que l’alarme est sonnée en termes de pénurie de vins blancs (de Chablis à la Nouvelle-Zélande), il n’en est pas de même pour les vins rouges et rosés. Avec la pénalisation tarifaire des vins australiens en Chine, « il n’y a jamais eu autant de volumes rouges disponibles » notait récemment le courtier Florian Ceschi, directeur de Ciatti Europe. D’autant plus que « l’impact de cette baisse pour le secteur vitivinicole mondial doit être évalué dans le contexte actuel où la pandémie de COVID-19 génère encore un degré relativement élevé de volatilité et d’incertitude » indique l’OIV.


Soulignant que le manque de vins « affecte surtout la France, plus qu’un autre pays », Pau Roca, le directeur général de l’OIV, indique en visioconférence de presse que « c’est vrai qu’il peut y avoir une pénurie de vins blancs, dont les stocks sont plus faible ». Pour lui, « on ne peut pas dire qu’il y ait un manque avec les stocks (1,5 année de commercialisation de vins en stock) et la chute de consommation avec covid (secteurs CHR, export…). En France, qui est particulièrement touchée, il semble que cela soit la plus basse production depuis 1957. » Indiquant ne pas être pessimiste en termes d’équilibres entre offre et demande pour répondre aux demandes du marché, Pau Roca estime à +2 % la consommation mondiale de vin en 2021 par rapport à 2020 (tout en soulignant alors que le contexte épidémique rend incertain les projections).
Jugeant que la filière vin s’est mieux sortie de la crise sanitaire qu’initialement prévue, Pau Roca estime que « la filière va faire face à un problème plus important que celui sanitaire : les aléas climatiques. C’est une urgence, il n’y a pas de vaccins contre les aléas. » Pour aider la filière vin à s’adapter à cette nouvelle donne de « phénomènes déstabilisants », le directeur général de l’OIV prône une révolution de la prédiction reposant sur l’utilisation de données issues de capteurs pour « mettre à disposition des outils et informations de prédiction et d’anticipation ». L’OIV va présenter en ce sens une initiative technologique ce 24 novembre (dans le cadre européen de "Med Gold").
* : « La récolte française est désastreuse » indique Pau Roca en visioconférence de presse ce 4 novembre.