’impatience monte dans le vignoble : quels seront les arbitrages de sortie de crise annoncés par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, aux représentants de la filière vin ce lundi 6 février ? Président du Syndicat Général des Vignerons des Côtes du Rhône (30 000 hectares en appellation Côtes du Rhône et 10 000 ha en AOC Côtes du Rhône Villages), Denis Guthmuller affirme les besoins d’arrachage et de distillation du vignoble rhodanien pour faire face aux excédents. « Il y a une évidence : les méventes sont là. Les volumes invendus pèsent lourd, de façon variable selon les entreprises (il y en a qui marchent, d’autres non). Nos sorties chais de vin en vrac sont en recul, on a une progression des sorties chais conditionnés » rapporte le vigneron bio de Sainte-Cécile-les-Vignes (Vaucluse).
Si le travail d’estimation des surfaces à arracher et des volumes à distiller est ardu, d’autant plus sans en connaître les valorisations, Denis Guthmuller affine la demande des Côtes du Rhône : 2 à 3 000 hectares d’arrachage définitif et 250 à 350 000 hl de distillation de crise. Transmise à FranceAgriMer, cette estimation attend désormais d’être tranchée par le gouvernement. Ce qui demande des outils budgétaires et réglementaires adaptés au niveau européen.


En attendant, « l’arrachage définitif je le vois comme une proposition sociale, comme un accompagnement d’actifs en fin de cycle » indique Denis Guthmuller, défendant, comme à Bordeaux, « un plan social » pour que les vignerons voulant partir à la retraite puissent le faire la tête haute. « Des exploitants agricoles ont misé sur le foncier viticole pour financer leur retraite, avec la problématique de la crise il n’y a pas de fermages ni de repreneurs » pointe le président du Syndicat Général des Vignerons des Côtes du Rhône.
Portant également un plan stratégique pour les Côtes du Rhône, l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) milite également pour la mise en place de restructuration différée. L’objectif étant de permettre aux opérateurs d’arracher un vignoble en fin de course (économiquement et technique) et de laisser un temps de repos aux sols, avant de prévoir une plantation répondant aux nouvelles tendances de consommation (notamment en blanchissant le vignoble du Rhône). Tenant de la stratégie structurante, cet arrachage temporaire ne rentre pas dans les mesures d’urgence pour Denis Guthmuller, qui plaide pour un renforcement du potentiel de production sur les parcelles valorisées et adaptées aux marchés : « il faut rentrer dans un cadre de production normale. Notre rendement moyen était de 43 hl/ha l’an passé : il faudrait 51 hl/ha tous les ans. Un repos du sol sera bienvenu pour préparer demain, nous avons un potentiel viticole épuisé. »
L’ODG travaille également avec les chambres d’agricultures pour proposer des diversifications culturales, afin de renforcer la résilience des exploitations. Le syndicat attend également les résultats de son étude générationnelle pour se projeter sur l’avenir. Mais l’impatience reste vive pour les réponses du 6 février.