Accueil / Politique / Au moins 6 000 €/ha pour arracher 9 500 ha de vignes à Bordeaux
Au moins 6 000 €/ha pour arracher 9 500 ha de vignes à Bordeaux
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Plan d’urgence
Au moins 6 000 €/ha pour arracher 9 500 ha de vignes à Bordeaux

Une première enveloppe de 57 millions d’euros serait débloquée par l’État (2/3) et l’interprofession des vins de Bordeaux (1/3) pour financer l’aide à l’arrachage sanitaire des vignes en production n’ayant pas d’avenir économique. Des fonds de reconversion européens gérés par la région pourrait compléter l’aide, s’approchant ainsi des 10 000 €/ha demandés par des viticulteurs.
Par Alexandre Abellan Le 01 mars 2023
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Au moins 6 000 €/ha pour arracher 9 500 ha de vignes à Bordeaux
Des chevilles ouvrières de ce plan d'arrachage obtenue de haute lutte : Jean-Louis Dubourg (président de la Chambre d'Agriculture de Gironde), Bernard Farges, Alain Rousset, Allan Sichel et Stéphane Héraud. - crédit photo : Alexandre Abellan
F

eu vert pour des vignes dans le rouge. Afin de rééquilibrer offre et demande, le plan d’arrachage définitif demandé depuis mai 2022 par le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB) vient d’être présenté ce premier mars, lors d’une conférence de presse improvisée sur le stand de la région Nouvelle-Aquitaine au Salon International de l’Agriculture (Paris). Ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau annonce le déblocage de 30 millions d’euros de fonds d’État pour financer l’arrachage sanitaire des vignes en production tout juste abandonnées ou sur le point de l’être pour « éviter la propagation de la maladie de quarantaine qu’est la flavescence dorée et qui est une perte de fond » explique Stéphane Héraud, président de l’Association Générale Pour la Viticulture (AGPV).

Âprement négociée, jusqu’à la dernière minute grâce à l’engagement financier de la filière girondine, cette première enveloppe d’argent public pourrait être rallongée de 8 millions € supplémentaires laisse entendre Marc Fesneau. Complété pour moitié par le CIVB (qui devra voter ce budget complémentaire et ses modalités), ce fonds sanitaire pourrait s’élever à 57 millions € au final. Des aides sanitaires qu’Alain Rousset, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, propose de compléter par des fonds européens pour la reconversion, le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER). Dans un communiqué, la région annonce qu’elle « mobilisera 10 millions € sur les années à venir pour accompagner au moins 300 viticulteurs dans leurs projets, avec une aide moyenne de 25 à 35 000 euros par exploitation ». Des aides que le département de la Gironde pourrait aussi compléter, comme l’espère Bernard Farges, le vice-président du CIVB.

Une étape

En l’état pour le seul volet sanitaire, la filière des vins de Bordeaux peut commencer à se projeter sur un plan d’arrachage primé à 6 000 €/ha sur 9 500 hectares. « C’est une étape » souligne Bernard Farges, notant que ces premiers chiffres seront « sans doute insuffisants, et perçu de manière insuffisante par certains. Mais tout le monde a fait en sorte que ce dispositif puisse se mettre en œuvre. » Réuni ce lundi 27 février, le collectif des vignerons girondins demande toujours des aides de 10 000 €/ha. Un montant qui pourrait être atteint en cumulant fonds sanitaire et de reconversion. Avec un plan d’arrachage de 9 500 ha, l’opération de réduction surfacique resterait en deçà des 35 000 ha actuellement en difficulté auprès de 1 320 domaines viticoles (en Côtes de Bourg et de Blaye, en Entre-deux-Mers, en Médoc…).

D’autres leviers d’accompagnement sont à l’étude au niveau du CIVB, comme la reforestation de parcelles abandonnées depuis longtemps (et ne pouvant prétendre au fonds sanitaire). Actuellement, 2 000 ha de vignes en friche sont recensés en Gironde. Un partenariat avec la coopérative forestière Alliance Forêt Bois permettrait un arrachage à coût zéro pour ces parcelles abandonnées. Avec les 9 500 ha arrachés par le fonds sanitaire et 2 000 ha de friche retirées, le plan représenterait la disparition de 11 500 ha. De quoi poser de nouvelles bases pour l’avenir des vins de Bordeaux. « Nous devons tourner la page pour montrer notre dynamisme et notre esprit de conquête » pointe Allan Sichel, le président du CIVB, qui souligne le nécessité d’appuyer les investissements à l’export (notamment face à la déconsommation des vins rouges en France). « Nous devons nous projeter et anticiper les évolutions de marché à venir. Il faut repositionner l’image des vins de Bordeaux sur l’humain, l’approchable et l’artisanal. Notre cœur de gamme est 8-15 €/bouteille » pointe le négociant, alors que la Tournée des Vins de Bordeaux doit montrer ce visage dans les points de vente (du jeudi 9 au samedi 11 mars en France).

Reconquête

L’arrachage « est un point d’arrivée et sans doute un point de départ pour notre reconquête » renchérit Bernard Farges, soulignant que ce plan n’a pas été sans mal à obtenir. Saluant tous les soutiens régionaux et nationaux, remercie notamment Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, « même s’il nous a mis dans un corner », avec l’accès controversé aux aides de l’Organisation Commune du Marché Vitivinicole (OCM vin). « J’avais pris l’engagement d’obtenir des aides d’État suivant les débats menés dans chaque territoire » indique Jérôme Despey, indiquant que Bordeaux est le seul vignoble ayant « demandé à en bénéficier et à apporter un projet abouti de cofinancement. Le dispositif pourrait se reproduire et s’ouvrir à d’autres vignobles, s’il y a des cofinancements État/région/filière. » Si le syndicat des Côtes du Rhône estime que 2 à 3 000 ha sont à arracher, il ne semble pas y avoir de consensus en la matière dans la filière rhodanienne. En miroir, Bernard Farges salue ainsi le soutien du négoce bordelais sur ce plan d’arrachage : « ce n’est pas le cas partout ».

Concernant la distillation de crise, le ministre de l’Agriculture a évoqué un plan à 200 millions €, soit une rallonge de 40 millions € par rapport au plan présenté début février. Ce point doit être finalisé auprès de la Commission Européenne. Ça tombe bien, le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, est de passage au SIA ce jeudi et passera une bonne partie de la matinée avec Marc Fesneau…

 

Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (16)
Renaud Le 05 mars 2023 à 20:32:35
La réalité du problème est avérée puisque toutes et tous y sont de leur mesurette. Cependant on est très très loin des mesures efficaces. J?ai l?impression que nous nous retrouvons 3 ans en arrière avec ceux qui pensaient que le Covid19 n?était qu?une grippette. L?Etat a agit à l?époque à la hauteur des enjeux. Ce qui est proposé aujourd?hui pour Bordeaux n?aura aucun effet structurel et bloque même toute idée de réflexion sur le fond. Alors puisque vous avez démontré que les lignes pouvaient bouger. Pourquoi pas les positionner à la hauteur nécessaire ? Ou alors la main mise d?une partie de la filière sur l?autre serait immuable?.. tant d?efforts et d?attentes pour un mirage de plus.
Signaler ce contenu comme inapproprié
Chmlp Le 04 mars 2023 à 14:18:26
À Bordeaux, comme ailleurs dans l'agriculture, lorsque on fait du bénéfice, c'est 43% pour la MSA et 10% pour les impôts. Quand on fait un déficit, on a droit à rien. La moindre des choses, c'est que l'état se sente concerné lorsque les vents sont contraires à la réussite. C'est pour ceux qui pensent qu'on doit trouver une solution seul, alors que le problème vient d'un ensemble de failles de l'image collective !!!
Signaler ce contenu comme inapproprié
Renaud Le 03 mars 2023 à 07:44:05
La réalité du problème est avérée puisque toutes et tous y sont de leur mesurette. Cependant on est très très loin des mesures efficaces. J?ai l?impression que nous nous retrouvons 3 ans en arrière avec ceux qui pensaient que le Covid19 n?était qu?une grippette. L?Etat a agit à l?époque à la hauteur des enjeux. Ce qui est proposé aujourd?hui pour Bordeaux n?aura aucun effet structurel et bloque même toute idée de réflexion sur le fond. Alors puisque vous avez démontré que les lignes pouvaient bouger. Pourquoi pas les positionner à la hauteur nécessaire ? Ou alors la main mise d?une partie de la filière sur l?autre serait immuable?.. tant d?efforts et d?attentes pour un mirage de plus.
Signaler ce contenu comme inapproprié
Albert Le 02 mars 2023 à 22:47:06
"Nat" a vu juste : il n'y aura plus qu'à intervenir au plan très local pour les modifs pertinentes du PLU .. et il sera alors bien temps de regretter d'avoir financé cet arrachage sur fond publique. Question : rappelez-moi à quoi sert une interprofession ?
Signaler ce contenu comme inapproprié
Jérôme Le 02 mars 2023 à 15:07:47
Quelle honte !! Les gros propriétaires vont encore se gaver comme d'habitude, ils feraient mieux d'aider certains de nos agriculteurs pour qui ça devient très compliqué et doivent survivre !!!!
Signaler ce contenu comme inapproprié
pH Le 02 mars 2023 à 10:01:39
Quand le prix est haut on se gave on plante quand les ventes baisse au secours l'état donner de l'argent pour que l'on produise moins
Signaler ce contenu comme inapproprié
Emma Le 02 mars 2023 à 00:24:18
Il faut encore un gros effort pour que l'on puisse trouver une sortie honorable à tous ceux en difficulté et bordeaux pourra repartir à la reconquête. Sinon il continuera d'y avoir de la casse!
Signaler ce contenu comme inapproprié
Hype Le 01 mars 2023 à 22:29:01
Les vignerons Bordelais sont plus malin que ceux du Languedoc qui vont arracher leurs vignes à leur frais et sans aucune compensation......Que le contribuable se rassure, la viticulture s'est fait tondre par l'Etat pendant des décennies: expropriation à répétition pour quelques centimes au m2 avec parfois des plus-values pharaoniques pour l'Etat ou ses bénéficiaires, fermages forcés sans contrepartie, Impôts sur les terres et le bâti, droits d'accises, taxes environnementales, droits de succession...etc,etc....Ce n'est donc qu'un retour (très partiel).
Signaler ce contenu comme inapproprié
Dominique Le 01 mars 2023 à 22:27:24
Très belle photo de groupe ! Bien alignés et souriants, on voit tous ceux qui ont freiné des 4 fers sur l'arrachage jusqu'à ce que le collectif33 leur botte le train. Souriants parce qu'ils essaient de nous faire croire qu'ils ont la clé du "happy end", à travers ce bricolage de dernière minute. Allan Sichel président du CIVB qui ne pouvait même pas prononcer le mot "d'arrachage" sans s'étrangler. Bernard Farges qui a travaillé depuis 2018 à bloquer l'arrachage en promettant chaque mois un redémarrage imminent des ventes. Jean-Louis Dubourg, président de la Chambre d'agriculture qui déclarait encore le 11 mars 2022, que Bordeaux devait pouvoir vendre 5 millions d'hectolitres. Et Alain Rousset, président de Région, qui n'a jamais contredit cet attelage malgré sa connaissance de la situation. Allan Sichel déclare, sans rire, aux vignerons que sa politique a ruiné : "Nous devons tourner la page pour montrer notre dynamisme et notre esprit de conquête". C'est de l'inconscience ou de la provocation ? Il est tout à fait normal que le CIVB mette la main à la poche parce que c'est lui qui a poussé les vignerons à continuer à fond et à s'endetter pour financer de nouveaux cycles de production. L'Etat n'a pas fait son travail en cautionnant tout et doit payer. Mais effectivement, ce dispositif ne règle rien. Au mieux 9500 ha sur 40 000 seront arrachés et la surproduction ne sera absolument pas résorbée. La vente à perte va continuer et les passifs vont se creuser. Et que vont devenir ses espaces disséminés ? Croit-on qu'une reconversion de telles surfaces peut résulter de seules initiatives individuelles dans des territoires qui sont restés quasi-exclusivement viticoles, au moment où toutes les productions sont en grande souffrance économique ? Puisque la ligne LGV Bordeaux-Toulouse vient d'être enterrée, sans fracas ni publicité, par Elisabeth Borne, la Région pourrait utiliser les fonds ainsi libérés pour une grande opération de restructuration du paysage agricole girondin.
Signaler ce contenu comme inapproprié
NSG Le 01 mars 2023 à 21:19:48
Quelqu?un peut-il me dire comment il se fait que les viticulteurs bénéficient d?aides de l?Etat ou de l?Europe pour planter puis arracher leurs vignes, outil de leur travail, et pour transformer le fruit de leur travail à savoir le vin en alcool parce qu?il y a trop de vin sur le marché depuis au moins deux ans et que ça ne s?arrange pas? Pourquoi ne l?assument-ils pas comme tout chef d?entreprise ? Sont-ils propriétaires de leurs vignes ou pas en définitive ? Où sont -ce les cahiers des charges des AOC, la durée de vie des pieds de vigne, les maladies, la météo, qui permettent toutes ces aides? ..et pour celui qui veut arracher ses vignes et arrêter son exploitation , ça peut aider, non? Tout ça n?est pas très logique?
Signaler ce contenu comme inapproprié
Clive Le 01 mars 2023 à 19:49:41
Pour l'exportation, plus de bouchons ! Je suis en la Nouvelle Zélande et je veux acheter votre vins dans les prix suggérer. Actuellement, trop et bouchonné de la France. Tous nos vins dans ces prix sont Stelvin. C'est un atout,, c'est pratique et du bon marketing. Autrement à mon avis c'est du vol commis par le viticulteur et nous n' allons pas acheter vos vins avec cette risque.
Signaler ce contenu comme inapproprié
VignerondeRions Le 01 mars 2023 à 18:10:19
Un premier pas dans la problématique qui nous est posé. Il reste à connaître précisément les modalités de mise en oeuvre. Concernant la part de la région il faut voir à quoi correspond le complément pour la reconversion. Admettons que 9500 Ha s'arrachent, nous faisons quoi des 30500 Ha qui perdent chroniquement de l'argent depuis la dernière crise (2005). Hormis le discours volontariste je ne vois aucune stratégie. C'est bien mais ce n'est que le premier barreau de l'échelle pour retrouver le sommet. Je repose la question, pour le reste on fait quoi ???
Signaler ce contenu comme inapproprié
BOURZOUNEC Le 01 mars 2023 à 17:59:16
C'est une honte, ces Bordelais n'avaient qu'à s'orienter sur de la qualité , et non pas à faire de la drouille qui ne se vend plus . Quand une entreprise fabrique des produits qui ne se vendent plus , elle ferme et ne reçoit rien de la collectivité .
Signaler ce contenu comme inapproprié
Chris Le 01 mars 2023 à 17:52:54
La reconquete...qui arrache l outil de production...pitoyable...le negoce qui se felicite alors qu il est le principal artisan de de la baisse des prix dans ca course de canard décapité pour etre le moins cher chez Lidl...un enterement de premiere classe par les assassins eux memes...bien jouer...tout ca financer en grande partie par les cotisations des vignerons dont les structures sont saines et performantes. Au final ? Du vent Aucun controle des prix de vente au negoce Aucune obligation de mise en bouteille en region de production Aucun controle des arrachages pour eviter effets d aubaines et fraudes eventuelles... On se revoit dans 10 ans pour la nouvelle prime à la mediocrité et au manque d ambition
Signaler ce contenu comme inapproprié
Sev Ladurelle Le 01 mars 2023 à 16:33:27
Possibilité d'arrachage de 11 500 hectares de vignes sur 35 000 en difficulté, en effet c'est bien peu !! Et qu'en est il de la dérogation pour allonger les remboursements PGE ?
Signaler ce contenu comme inapproprié
Nat Le 01 mars 2023 à 15:29:47
Ensuite, on s'arrange avec les municipalités pour faire passer les terres en terrain constructible...et jackpot !
Signaler ce contenu comme inapproprié
© Vitisphere 2023 - Tout droit réservé