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Distillation des vins, arrachage, PGE... Marc Fesneau ouvre le robinet du financement
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Distillation des vins, arrachage, PGE... Marc Fesneau ouvre le robinet du financement

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a validé un montant de 160 millions € pour la distillation, avant d'annoncer des ouvertures pour l’arrachage structurel et l'allongement de la durée de remboursement des prêts garantis par l’Etat.
Par Olivier Bazalge Le 06 février 2023
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Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a répondu aux attentes fortes de la filière - crédit photo : DR
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e matin avait lieu la réunion tant attendue par toute la filière viti-vinicole française. Et si paroles il y a bien eu, elles n’ont manifestement pas été en l’air. Le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a confirmé aux représentants de la filière son accord pour le financement d’une distillation conjoncturelle des vins, la mobilisation possible de fonds pour un arrachage structurel pour les bassins qui le nécessitent, ainsi qu’une ouverture du ministère des finances à la possibilité d’allongement de 6 à 10 ans du remboursement des prêts garantis par l’Etat souscrits lors de la crise sanitaire Covid.

« Dès à présent, et dans la limite des montants autorisés par les dispositions européennes, ce sont 40 millions € (M€) de crédits nationaux complétés de 40 millions de l’enveloppe de financements européens (FEAGA) dédiée au secteur viti-vinicole qui permettent d’engager dès cet été une campagne de distillation. Une seconde campagne de distillation pourra être organisée à partir d’octobre selon la même répartition entre crédits nationaux et européens pour atteindre un maximum de 160 millions d’euros en 2023 », annonce le cabinet du ministre de l’Agriculture suite à cette réunion de filière. En répartissant l’effort de financement sur deux exercices successifs de l’OCM viti-vinicole (d’octobre à octobre), le ministère apporte une réponse cohérente de financement à la filière. La distillation est donc officiellement annoncée « mais il n’y aura aucun accord si nous ne parvenons pas au plancher de 200 M€ de financement global de celle-ci, j’insiste fermement là-dessus », rebondit néanmoins Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vins de FranceAgriMer.

200 millions € ou rien

Discutée en réunion, cette rallonge d’au moins 40 M€ exigée devrait trouver sa source de financement « dans le fonds de réserve de crise de la Commission européenne, abondée chaque année à hauteur de 450 M€, disponible pour l’ensemble des pays et des filières », reprend-il. Mais sur cette rallonge que le président du conseil spécialisé vins de FranceAgriMer annonce indispensable, point de réponse à espérer avant le mois de mars et la réunion des ministres concernés. « 200 M€ permettent d’arriver à un plan de financement similaire à celui de la précédente distillation de crise de 2020, qui avait mobilisé 211 M€ pour 2,6 millions hl. A la filière ensuite de se concerter pour établir les modalités de segmentation entre catégories de vins et les besoins en distillation par bassin, car on ne pourra pas aller vers des prix supérieurs à ceux qui guident actuellement le marché », reprend Jérôme Despey.

« Mais le compte n’y est pas », tranche pourtant Gérard Bancillon, président de la confédération des vins IGP de France, « car les remontées des différentes interprofessions nous font comptabiliser un besoin en distillation de 3 millions d’hectolitres à l’échelle nationale, soit un besoin de 240 M€ pour une valeur moyenne de 80€/hl ». Alors qu’une segmentation par qualité de vins et peut-être par couleurs était évoquée avant la réunion, les tensions du marché des vins blancs éloignent ces derniers de cette mesure de distillation. « A la filière d’arrêter son choix entre volume à distiller et rémunération de celle-ci, c’est maintenant notre travail de proposer un plan de répartition cohérent et adapté à ce financement », enchaîne Jérôme Despey. Si la porte n’est pas refermée, le recours à l’aide au stockage privé nécessitera des discussion plus poussées, « car contrairement à la distillation, il n’y a pour l’heure aucun mécanisme réglementaire pour cette mesure à l’échelle européenne », précise le président du conseil spécialisé vins de FranceAgriMer.

Oxygène pour la trésorerie

Cher à la fédération des vignerons indépendants, le sujet du remboursement des prêts garantis par l’Etat (PGE) a lui aussi fait l’objet d’avancées jugées constructives. « Le gouvernement complète le dispositif de médiation du crédit aux entreprises en créant une task force ministérielle placée au sein du ministère en charge de l’agriculture, pour accompagner les agriculteurs et les orienter vers les solutions les plus adaptées à leur situation », annonce le ministère de l’agriculture par communiqué. « Alors que le ministre de l’agriculture et le premier ministre nous montraient leur accord sur notre revendication de dérogation pour allonger les remboursements de PGE de 6 à 10 ans, ça bloquait du côté des finances à Bercy. La création de cette task force, qui va étudier les dossiers des entreprises au cas par cas, nous permet enfin d’envisager une ouverture sur ce point », valide Jean-Marie Fabre, président de la fédération nationale des Vignerons indépendants (V.I).

Une réunion des représentants de la filière viti-vinicole, du ministère et de la fédération des banques est également mise sur la table « afin de trouver l’outil le plus adapté pour que nous parvenions à cette solution d’allongement du remboursement des PGE », ajoute Jean-Marie Fabre. Le vigneron de Fitou souligne en effet que « l’oxygène d’aide pour la trésorerie » qui pourra être apporté aux entreprises aujourd’hui « représente d’autant moins de ressources que ce qu’il faudra dans quelques années si ces entreprises mettent la clé sous la porte, sans parler des cotisations qu’elles apportent à l’économie pour le besoin de financement des retraites futures ».

Arrachage en route

Dernier volet majeur de la réunion du jour, les mesures d’arrachage structurel, particulièrement attendues par le bassin bordelais. « Des pistes sont à l’étude autour de la mobilisation des outils du Feader sur la diversification agricole, du renouvellement de générations, et de l’arrachage sanitaire dans le cadre d’un programme interprofessionnel d’enrayement de la flavescence dorée. Le travail doit se poursuivre pour que ces leviers puissent être rendus opérationnels dès 2023. L’Etat sera aux côtés de la région Nouvelle-Aquitaine et de l’interprofession bordelaise pour répondre ensemble aux enjeux », présente le communiqué du ministère de l’agriculture. Si aucun montant n’est annoncé, ces deux pistes de financement validées par le ministère semblent satisfaire les responsables de filière. « Le fonds sanitaire et environnementale FMSE, utilisé jusque-là dans un cadre curatif, par exemple pour la flavescence dorée, serait alors mis en œuvre dans un cadre préventif en retirant du paysage les vignes à l’abandon », situe Jérôme Despey.

Visant préférentiellement les vignes à l’abandon ou en fin de course, cette orientation de financement permettrait d’ouvrir une porte de sortie aux exploitants en grande difficulté et désireux de se retirer. De l’autre côté, la mobilisation du Feader, impliquant des contreparties en mesures agro-environnementales, serait conjointement menée par l’état et les régions. « Pour l’heure, seul le bassin bordelais a chiffré des besoins d’arrachage. L’engagement de l’état aux côtés des régions permet de délester celles-ci d’une trop grande charge de financement. Le travail de quantification précise doit être mené rapidement car des réponses concrètes de mise en œuvre sont prévues pour la tenue du salon de l’agriculture », résume Jérôme Despey.

Le ministre Marc Fesneau demande également à FranceAgriMer de poursuivre son travail concernant la perspective d’arrachage temporaire, essentiel au maintien du potentiel de production des bassins. Enfin, décision a été prise d’utiliser « le reliquat de 40 M€ du dispositif assurantiel du gel de 2021 », explique Jérôme Despey, pour que FranceAgriMer lance un appel à projet d’aide à l’investissement face aux aléas climatiques. « Deux nouveaux guichets d’aide aux investissements de protection face aux aléas climatiques dotés de 20 M€ chacun, dont un réservé aux assurés, soit un total de 40M€ pour mieux protéger l’ensemble des exploitations, ouvriront dans les prochains jours », communique le ministère de l’agriculture. « Les 20 M€ restants devraient plutôt être fléchés pour l’adaptation face à la sécheresse », complète le président du conseil spécialisé vins de FranceAgriMer.

 

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Tous les commentaires (2)
louis julian Le 07 février 2023 à 13:53:57
Si des fabriquant de voitures ou de meubles ayant trop de stock demandaient aux pouvoirs publics qu'on en fasse de la ferraille ou de la sciure , que diraient les viticulteurs ? Si on n'est pas capable de vendre ce qu'on produit , qu'on ne produise pas. J'aurais eu du mal à supporter l'idée d'être obligé de distiller ou d'arracher avec primes , j'ai tout fait pour que cela n'arrive pas, j'ai même refusé une distillation obligatoire , avec une menace d'amende importante que le juge n'a pas jugé bon de m'infliger après avoir lu mes arguments
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Dominique Le 07 février 2023 à 09:26:52
Tout ça pour ça ! Avoir laissé tant espérer pour proposer un paquet aussi inconsistant, ce n?est pas sérieux. Il faudra voir le vrai détail des mesures. On attendait à la fois des mesures de très court terme pour éviter les drames mais aussi des mesures structurelles, l?arrachage pour dire les choses clairement. Encore une fois, c?est la distillation qui ramasse l?essentiel. Pourquoi pas de la distillation pour éviter la cata immédiate ? Mais attention nous prévient le grand organisateur Jérôme Despey, «on ne pourra pas aller vers des prix supérieurs à ceux qui guident actuellement le marché ». Vu l?état des cours et l?explosion des coûts de la distillation, on est curieux de voir ce qui restera au vigneron. De plus, ce recours répété à la distillation ne va pas soigner notre image aux yeux du grand public. Nos tonneaux semblent être des Danaïdes. Pourquoi aider une filière aussi incapable de s?auto-réguler ? Encore une commission de créée pour discuter du report du PGE. Pour enterrer le problème, on ne l?appellera pas « commission » cette fois ci, mais « task force », ça change tout. Elle fera du cas par cas, mais qui va décider des critères ? Sur l?arrachage, aucune piste à part le FEADER qui sera tout à fait marginal. On voit mal aussi comment l?arrachage via le FMSE pourra permettre une sortie digne pour ceux qui veulent ou doivent arrêter. On sera sur le simple coût de l?arrachage. Mais cela n?est guère étonnant vu que « la filière », c?est à dire les professionnels de la représentation viticole, est profondément opposée à l?arrachage, qui signifie la diminution de leur assise économique. A Bordeaux, il a fallu le mouvement spontané des vignerons pour bousculer un CIVB fossilisé. Les Côtes du Rhône n?annonçait aucune demande d?arrachage il y a quelques semaines. Maintenant c?est au moins 3000 hectares. D?autres suivront sans aucun doute, car on n?a pas pris la mesure de la situation. Ces institutionnels sont hors sol. La meilleure preuve c?est que « aucun montant n?est annoncé » mais que « les deux pistes de financement validées par le ministère semblent satisfaire ( quand même ) les responsables de filière ». Il faudra demander à Jérôme Despey comment on dit « rouler dans la farine » en occitan.
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