lutôt que focaliser sur le « caillou dans la chaussure » des excédents de volumes à l’origine de la crise que traverse actuellement la filière viticole, le président d’Inter Rhône Philippe Pellaton préfère afficher un message fédérateur « pour apporter des perspectives aux entreprises de notre bassin de production ». A l’occasion d’un point d’étape au cours de Wine Paris, le vigneron de Laudun se veut résolument optimiste, sans contourner la question des mesures de crise annoncées par le ministre de l’agriculture Marc Fesneau le 6 février dernier. « Les syndicats des AOC régionales rhodaniennes ont qualifié la mesure de distillation de nécessaire, mais concernant l’arrachage, je préfère que nous maintenions le potentiel de production de notre bassin », résume-t-il.
Comme il l’avait déjà précisé en fin d’année 2022, Philippe Pellaton répète que la surproduction rhodanienne « ne concerne que 150 000 à 200 000 hl, une volumétrie assez contenue à hauteur de 10% de la production de la vallée du Rhône ». Il ajoute en outre que la problématique de la filière est nationale, « avec des produits et des profils de vins inadaptés aux demandes du marché, ce sont ces volumes qui posent problème quels que soient les régions de production ». C’est en ce sens qu’il estime un arrachage inadapté, plaidant plutôt pour un repositionnement du vignoble en phase avec la production de profils attendus sur le marché.
Le président d’Inter Rhône estime qu’une partie des problèmes volumiques de la vallée du Rhône résulte de la profonde mutation de la filière vrac régionale. « Les négociants vraqueurs ont disparu dans notre bassin, faisant passer les transactions annuelles de vin en vrac de 400 000hl il y a 10 ans à 80 000hl aujourd’hui. Dans le même temps, les ventes de vins conditionnés se sont affichés comme un bon relais de croissance », décrypte Philippe Pellaton. La construction de profils de produits adaptés aux marchés qu’effectuait le négoce vraqueur il y a quelques années appartient donc aujourd’hui essentiellement à la production. « Cette restructuration du marché vrac touche également sa temporalité. La majorité des contractualisations s’opéraient auparavant entre décembre et février, alors qu’elles sont aujourd’hui étalées sur tout l’exercice, accentuant le rôle de la production dans le portage des stocks », analyse le président de l’interprofession rhodanienne.


Ces surstocks, qualifiés de légers par Philippe Pellaton, concernent les appellations à envergure régionale de la vallée du Rhône, alors que la récolte 2022, avoisinant les 2,6 millions hl, s’inscrit dans la moyenne des 5 derniers millésimes. « Les vins de la vallée du Rhône représentent 1% des volumes du marché mondial, il y a donc une belle marge de progression », réagit néanmoins le vigneron de Laudun, qui réaffirme toute la nécessité du plan d’ambition collective 2035 présenté en décembre 2022. « Les marchés export sont les seuls relais de croissance à viser pour progresser, d’où l’augmentation du budget dédié à la communication de l’interprofession de 2023 à 2026 », défend Philippe Pellaton. Passant de 11 à 14 M€ annuels pendant 3 ans, ce budget va permettre de viser 5 pays prioritairement ciblés pour ces actions de communication : Etats-Unis, Canada, Chine, Corée du Sud et Singapour.
Unis sous la nouvelle bannière collective ‘Vignobles de la vallée du Rhône’, tous les acteurs rhodaniens sont invités à se ranger derrière le navire amiral de l’interprofession « pour embarquer tout le monde avec nous pour chasser en meute », ambitionne le président, autour des 180 nouvelles opérations planifiées sur ces différentes destinations.