n vallée du Rhône, les chiffres de la campagne qui vient de se clôturer au 31 juillet confirment un tassement de la reprise entrevue lors de la campagne précédente. « Cette dernière (2020-21) avait marqué le retour d’une dynamique positive des sorties de chais, sans doute liée à un effet rebond de surconsommation suite à la crise Covid, en France comme à l’export, mais il semblerait que les mises en marché n’aient pas suivi ce rythme. Les sorties de chai se sont donc tassées », analyse Sébastien Lacroix, à la tête de de l’observatoire économique de l’interprofession des vins d’appellations de la Vallée du Rhône (Inter Rhône). Il souligne néanmoins que ces baisses sont liées aux sorties de vrac, « qui reculent de 5 %, alors que les ventes en conditionné maintiennent leur dynamique avec une progression de 3 % ».
Dans leur globalité, les sorties de chais en vallée du Rhône ont atteint 2,472 millions d'hectolitres (Mhl) lors de cette campagne, soit un recul de 3 % par rapport à la campagne précédente. Les vins blancs, qui ne représentent que 11 % de ces sorties de chais, sont les seuls à avoir maintenu un cap à la hausse (+10 %), que ce soit dans les appellations régionales (+25 % en côtes du Rhône et +20 % en Luberon), ou encore les crus, avec +25 % pour Crozes Hermitage, et +35 % pour Lirac et Hermitage. « Cette tendance est à la fois la résultante d’une dynamique de l’ensemble des marchés en faveur des blancs, mais aussi d’un contexte favorable où les blancs ont pu manquer à cause du gel dans d’autres bassins alors que nous avions été moins impactés », situe Sébastien Lacroix.
La baisse globale est donc intimement liée aux vins rouges et rosés, qui génèrent respectivement 75 et 14 % des sorties de chais en vallée du Rhône. Elles ont diminué de 4 % pour les rouges et 8 % pour les rosés. Toutes les appellations régionales de rosé suivent cette tendance, à l’exception de Luberon, qui maintient une hausse (+3 %). « A l’exception des grands vignobles de rosé comme Provence et Loire, la saison 2021 s’est révélée plutôt mauvaise. Les opérateurs avaient acheté des rosés qu’ils ont mis plus de temps à mettre en marché, si bien que la rotation des millésimes s’est effectuée plus tard sur le marché français, canal principal de sortie des rosés rhodaniens. Cet effet affecte les sorties de la campagne qui vient de s’achever », décrypte le responsable du service économique d’Inter Rhône.
Côté rouges, « la baisse est marquée à l’échelle des appellations régionales, mais nous relevons une bonne orientation sur les villages nommés et plusieurs crus », indique Sébastien Lacroix. Crozes-Hermitage est ainsi en hausse de 4 %, Saint-Joseph de 11 %, Gigondas de 5 % ou Lirac à +10 %. « La campagne a pourtant démarré sur la même cinétique élevée de contractualisations, dans la lignée de la fin de campagne précédente, à cause du gel. A partir d’avril 2022, un an après ce gel, le ralentissement des contractualisations et des sorties de chais s’est opéré en raison de la demande moins importante des marchés », reprend Sébastien Lacroix.
Toutes couleurs confondues, Luberon reste l’appellation régionale la mieux orientée, grâce à une progression maintenue (+5 %), alors que l’appellation côtes du Rhône fait montre d’une certaine résistance en ne baissant que de 3 %. Un net recul se distingue pourtant pour Ventoux (-11 %) et Costières de Nîmes (-13 %), alors que la dynamique reste néanmoins positive pour les Côtes du Rhône Villages nommés (+5 %) et les Crus (+4 %). Le responsable économique tient cependant à mettre en perspective des tendances rhodaniennes « qui suivent les tendances globales observées en rayons, en particulier sur les appellations rouges, ce que confirment nos indicateurs pour la grande distribution et l’export ».
Le tassement des contractualisations entre production et négoce s’est traduit par une baisse de 11 % de celles-ci, soit un peu moins de 1,5 Mhl. Cette baisse atteint 12 % pour les vins rouges, soit un peu moins de 1,15 Mhl (79 % des volumes contractualisés). Les rosés diminuent de 17 %, à 210 000 hl (15 % du total). Pour les blancs, la tendance des contractualisations suit celle des sorties de chais, avec des volumes contractualisés en forte hausse (+21 %), atteignant 100 000 hl. En contrepartie, les cours affichent une hausse globale moyenne par rapport à la campagne précédente. La récolte 2021 a globalement affiché une légère baisse, qui a pu atteindre des pics dans certains secteurs, tel Vacqueyras (-30 %), Condrieu (-40 %) ou Lirac (-17 %). Les cours des côtes du Rhône rouge sont ainsi passés de 129,8 €/hl l’année dernière à 135,3 €/hl lors de cette campagne et le cours moyen du Ventoux rosé conventionnel millésime courant est passé de 134,5 à 144,3 €/hl. « Sans explosion particulière, ces cours s’affichent à la hausse, à la fois pour les appellations régionales et pour les crus et villages », valide Sébastien Lacroix.
Les données définitives issues des déclarations de stock auprès des douanes n’étant pas encore connues par l’interprofession rhodanienne, celle-ci se base sur les données provisoires issues des DRM et indique que le stock global devrait augmenter de +5 %, pour atteindre environ 13 mois de sorties de chais.