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Une aide à l’arrachage insuffisante pour soulager les vignerons de Bordeaux
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Sous-dimensionnement
Une aide à l’arrachage insuffisante pour soulager les vignerons de Bordeaux

Le collectif des viticulteurs girondins demande plus de moyens pour pouvoir arracher non pas 9 500 mais 15 à 20 000 hectares de vignes excédentaires, alors que les stocks ne cessent de gonfler et peser sur l’avenir.
Par Alexandre Abellan Le 06 mars 2023
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Une aide à l’arrachage insuffisante pour soulager les vignerons de Bordeaux
« On prend ce que l’on nous donne, mais ce n’est pas suffisant » résume Didier Cousiney. - crédit photo : Alexandre Abellan (manifestation vigneronne du 6 décembre 2022 à Bordeaux)
«

 On prend ce que l’on nous donne, mais on continuera à crier fort que ce n’est pas assez : c’est un pansement sur une jambe de bois » indique Didier Cousiney, le président du collectif des viticulteurs girondins qui s’est réuni ce 2 mars pour faire le point suite aux annonces de cofinancement État/interprofession/région d’un arrachage sanitaire de vignes à Bordeaux (pour éviter une propagation incontrôlée de la flavescence dorée). « L’État a mis 38 millions d’euros sur la table et le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) ajoute 19 millions €. Avec ces 57 millions € on aurait une prime d’arrachage de 6 000 €/ha pour 9 500 ha. C’est insuffisant en surface et en rémunération » réagit Didier Cousiney, dont le collectif réclame depuis des mois l’arrachage de 15 à 20 000 ha avec une prime à l’arrachage définitif de 10 000 €/ha : ce qui demanderait une aide trois à quatre fois plus élevée (150 à 200 millions €).


« On n’est pas satisfaits : on pensait que ça serait plus. Que l’on aurait plus pris conscience de la gravité de la situation » pointe le vigneron du Pian-sur-Garonne, qui rapporte recevoir tous les jours des appels inquiets de vignerons impatients de pouvoir tourner dignement la page. Alors que 35 000 ha sont actuellement en difficulté au sein de 1 320 domaines viticoles (en Côtes de Bourg et de Blaye, en Entre-deux-Mers, en Médoc…), l’outil d’arrachage proposé tient du « micro-budget pour un accident industriel majeur » critique un communiqué de la Confédération Paysanne. Pour le syndicat agricole minoritaire, « ce plan démontre bien que l’interprofession ne veut pas prendre la mesure de l’accident industriel en cours, dont elle est principalement responsable. C’est l’économie d’une région qui implose et la réponse n’est pas à la hauteur » alors que « la vente à perte va se poursuivre et les faillites vont se multiplier ».

Surstock en surpoids

Les perspectives économiques sont inquiétantes confirme Didier Cousiney, craignant que le plus dur de la crise des vins de Bordeaux soit devant et non derrière la filière : « il y a 19 mois [de commercialisation] en stock à Bordeaux, sans compter la récolte 2022 alors que la récolte 2023 approche. Il n’y aura pas d’arrachage avant la récolte 2023. Je vous laisse imaginer les volumes qui vont arriver… Cela inquiète tout le monde. » Doté de 160 millions d’euros (en deux phases, avec potentiellement une rallonge de 40 millions €), l’outil national de distillation de crise intéresse aussi dans le vignoble bordelais. « Bordeaux distillera peut-être 400 000 hectolitres selon les montants et les attributions » esquisse Didier Cousiney. Son collectif attend désormais des précisions sur les aides à l’arrachage sanitaire (conditions, calendrier…), sur la gestion des friches viticoles (1 500 à 2 000 ha de vignes sont abandonnés depuis plusieurs années et pourraient bénéficier d’un plan de reforestation), sur les aides régionales à la diversification (utilisant une parcelle arrachée pour des oliviers, des noisetiers, de l’élevage…). Ces points pourraient être abordés lors de la prochaine cellule de crise viticole de la préfecture de Bordeaux.

Le collectif continue de demander la visite sur le terrain du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, ainsi que la tenue d’états généraux de la viticulture bordelaise et le maintien du versement des pensions aux retraités possédant des vignes même s’ils n’ont plus de fermage (une dérogation de deux ans a été obtenue à date)... « On prend ce que l’on nous donne, mais les vignerons de Bordeaux sont très mécontents » conclut Didier Cousiney.

 

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Tous les commentaires (2)
Girgi Le 07 mars 2023 à 19:18:27
Ont payent pour arracher et sur l appellation Peddac Leognan ont arrachent 26 hectares de forêts de pins pour y planter de la vigne comprennent qui pourra ont marché sur la tête !!!!!!
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ChMLp Le 07 mars 2023 à 13:18:42
Pour avoir les modalités et appliquer les premières mesures en faveur de la viticulture en crise, peut être devraient ils confier cette tâche aux banquiers qui sont plutôt nerveux en ce début d'année 2023!!!!
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