rois jours pour tenter de changer la donne : c’est le pari du CIVB, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, qui lance la deuxième édition de la tournée des vins de Bordeaux du 9 au 11 mars prochain.
Initiée en 2020, la tournée, pour cause covid, n’avait pu se tenir les deux années suivantes. « Cette opération vise à faire changer l’image des vins de Bordeaux, à montrer leur accessibilité et à faire découvrir les hommes et les femmes qui se cachent derrière les bouteilles » indique Sarah Briot-Lesage, responsable relations presse France du CIVB.
Pour accompagner les opérateurs, le CIVB leur fournit un kit PLV, avec tablier de sommelier, couteau, tire-bouchon, totem, affiches de la tournée. Les frais de déplacement sont pris en charge par l’interprofession à hauteur de 25€ (forfait Gironde), 75 € (Nouvelle Aquitaine) et 150 € (sur le reste du territoire).
1 300 viticulteurs, négociants vont participer à cette tournée chez les cavistes, bars à vins, dans les rayons des supermarchés dans plus de 560 villes sur tout le territoire.
Nicolas Deswarte, à la tête du château Cheret Pitres à Portets, 10 ha en Graves et 6 ha en Bordeaux, compte sur cette opération : « Elle permet d’être en relation directe avec le consommateur et aussi d’accompagner notamment les cavistes, les restaurants dans la vente de nos bouteilles, en apportant nos arguments, en expliquant ce que nous sommes et notre travail » explique-t-il.
Contrairement à d’autres viticulteurs, Nicolas Deswarte n’ira pas à l’autre bout de la France pour cette tournée mais se rendra à La Brède, en Gironde. Le 10 mars de 19 à 23 heures, il sera chez "Terre des Gascons", un bar à vin qui est aussi caviste et restaurant, avec qui il travaille depuis trois ans. Il y écoule 300 cols à l’année, essentiellement des Graves et a noué un vrai partenariat. Ainsi le viticulteur a créé une étiquette personnalisée sur ses bouteilles de Graves avec le logo "Terres de Gascons" pour ce bar à vin.
Le 10 mars prochain, Nicolas Deswarte va animer la soirée dans le restaurant avec deux temps forts : d’abord une master class qu’il va diriger. Un groupe de quinze personnes à qui il va présenter brièvement son parcours. Issu de la grande distribution, en région parisienne, et spécialisé dans le rayon vin, Nicolas et son épouse Aurore, se reconvertissent et achètent en 2017 le château Cheret Pitres.
Il présentera quatre cuvées (Graves rouge et blanc, Bordeaux rosés, Bordeaux rouge issu de vieilles vignes), expliquera les assemblages, la façon de travailler les vignes, tout en dégustant les vins. Puis, pendant le repas, il fera le tour des tables pour continuer à tisser des liens avec les consommateurs. Le restaurant devrait accueillir une cinquantaine de clients ce soir-là. « Je crois beaucoup à ce genre d’évènement. Il faut faire revenir les viticulteurs vers les consommateurs. C’est une relation qui a été trop longtemps oubliée. Nous devons montrer ce que nous faisons, notre travail et rassurer les consommateurs sur la qualité de nos vins qui correspondent à leurs attentes, à savoir des vins gourmands, peu boisés, souples et soyeux. En fait, il faut se refaire connaitre » répète-il.
Dans les chais du château Cheret Pitres, la récolte 2022 de Bordeaux vrac attend toujours preneur. Les Graves en bouteilles eux n’ont pas de mal à s’écouler. Avec le recul, au bout de 5 ans, Nicolas Deswarte se dit « surpris par la situation des vins de Bordeaux ». « En arrivant ici je ne pensais pas que cette crise serait si forte et si longue » lâche-t-il. Alors, il se diversifie : depuis le millésime 2021, la production de rosé (20 hectos) a été lancée. Tout comme le jus de raisin (8 hectos) depuis le millésime 2022, vendu à la propriété. Et ça marche.