out un symbole : les appellations girondines de Bourg et Blaye Côtes de Bordeaux font stand commun cette édition de Wine Paris & Vinexpo Paris. Ayant historiquement suivi des stratégies différentes, pour ne pas dire divergentes, de promotion et d’organisation syndicale, les deux Organismes de Défense et de Gestion (ODG) font front commun pour promouvoir leurs vins dans la capitale. Plus l’ombre d’une brouille, si ce n’est dans le ruisseau Brouillon qui sépare les deux appellations voisines. Avec 12 exposants pour les Côtes de Bourg, 17 pour les Côtes de Bordeaux et un espace de libre dégustation, « c’est notre premier stand mutualisé depuis longtemps : chacun avec son identité » indique Stéphane Donze, le président du du syndicat AOC des Côtes de Bourg, ajoutant que l’« on est cousins avec Blaye ». Un rapprochement qui va se poursuivre avec un espace commun sur le salon Vinexpo Singapour et existe déjà avec le travail touristique sur Blaye Bourg Terres d’Estuaire. « C’est naturel » évacue Nicolas Carreau, le président de l’AOC Blaye Côtes de Bordeaux.
« On est sur un esprit commun » poursuit Stéphane Donze, notant des défis partagés par les deux AOC côte à côte, mais aussi par tous les vins rouges bordelais. « Une étude récente nous apprend que 86 % des ventes de Bordeaux rouges sont réalisées auprès des plus de 45 ans : on ne peut pas louper une génération, il faut modifier les habitudes de consommation des jeunes. Il faut rendre fun la dégustation » poursuit le vigneron, notant que ce ne sera pas sans difficultés face à des consommateurs difficilement accessibles.


Comme évoqué lors d’une réunion publique organisée fin décembre par les deux AOC, la demande des vignerons de Bordeaux, au-delà des aides structurelles comme l’arrachage, c’est le redressement de l’image plus que de la notoriété de Bordeaux. L’arbre des grands crus classés masquant la forêt des rapports qualité-prix du premier département viticole de France. « Nos vins sont l’antithèse de leur image guindée, la difficulté est là » pose Nicolas Carreau. « Nous avons gardé une image de mondains guindés, alors que sur nos stands on voit des jeunes décontractés et innovants » constate Stéphane Donze.
S’il n’y a pas de solution miracle à ces demandes de relance commerciale, le chemin du rebond passe par le collectif pour les deux présidents d’AOC. « Nous démontrons notre capacité à être ensemble en bonne intelligence » souligne Didier Gontier, le directeur du syndicat AOC des Côtes de Bourg, pour qui l’enjeu est désormais de fédérer les vins du cœur de gamme à Bordeaux autour de nouveaux discours combatifs et conquérants. « On nous dit qu’il faut des vins buvables, des packaging modernes et des prix accessibles : c’est exactement ce que l’on fait, et depuis un moment ! Il faut le faire savoir » martèle Nicolas Carreau, qui conclut sur une note d’optimisme : « il ne faudrait pas grand-chose pour transformer un cercle vicieux en cercle vertueux ».