ot-clé du vignoble bordelais, la diversification tient actuellement de l’évidence pour soutenir les commercialisations en Gironde : « quand on regarde le marché, il est aujourd’hui compliqué pour un vigneron de vivre de ses Bordeaux rouges, qui sont compliqués à produire, à vendre et à valoriser » résume Philippe Cazaux, le directeur général de l’union coopérative Bordeaux Families (300 adhérents pour 5 000 hectares de vignes dans l’Entre-deux-Mers). Premier producteur de vins de Bordeaux, l’ex-Union de Guyenne adapte son portefeuille de produits aux changements de consommation : « plus apéritive qu’à table » résume Philippe Cazaux.
Conséquence directe : « l’idée est globalement de diminuer les vins tranquilles, notamment rouges, au profit d’autres couleurs » indique le directeur de l’union coopérative, qui table pour le millésime 2022 sur une production de rouges équivalente à celle de la petite récolte 2021 (marquée par les gelées historiques, à -25 % de production). Un véritable gel de la production de rouge, pour une bascule de ces volumes sur les crémants de Bordeaux (qui doublent leur production avec ces blancs de noirs) et les vins à Indication Géographique Protégée (IGP Atlantique) et vins sans indication géographiques (vins de France).
Une diversification en forme de complément de gamme, avec l’idée d’« un vin pour chaque moment de consommation » pointe Philippe Cazaux. La commercialisation de vins blancs étant actuellement dynamique, des vins blancs de noirs seront également produits. Si « Bordeaux rosé a du mal à fonctionner », le directeur de Bordeaux Families note l’attrait pour les consommateurs des rosés en IGP Atlantique. Acteur majeur du crémant de Bordeaux (avec la marque Louis Vallon), l’union coopérative continue à développer cette production porteuse, qui restera cependant limitée par ses contraintes de ramassage manuel, de coûts d’immobilisation… A noter que l'union coopérative n'en est pas à ses premières diversifications, ayant lancé par le passé un assemblage de vins bordelais et rhodaniens (dans un vin de France), un pétillant naturel (pet’nat’) et des investissements conséquents dans la désalcoolisation (pour une mise en route en 2023)


Ces diversifications commerciales forment aussi des orientations pour l’avenir du vignoble, notamment les parcelles à renouveler. Quand un vignoble est en place, il est prévu pour produire un vin donné et il est difficile de le faire évoluer pointe Philippe Cazaux, notant que les diversifications sont aussi un sujet pour les nouvelles parcelles, afin de planter autre chose que de l’AOC et « se donner la possibilité d’imaginer de nouvelles conduites pour de nouvelles plantations. Cela ouvre d’autres latitudes, avec des cépages résistants et la taille rase de précisions. C’est une nouvelle approche de la production. »
S’il y a une diminution de la part des AOC Bordeaux dans la production de Bordeaux Families pour ouvrir de nouveaux segments de marché, l’union coopérative maintient son activité historique sur les vins rouges. « L’enjeu est de retrouver de la désirabilité : aujourd’hui Bordeaux a fait beaucoup d’efforts sur la partie environnementale (fort passage en bio*, Haute Valeur Environnementale et Terra Vitis) et a envie de retrouver sa place sur les marchés grâce à la réassurance qualité » explique Philippe Cazaux, concluant sur le défi de toute la filière des vins de France : « il faut attirer des jeunes ».
* : Avec 690 ha de vignes certifiées en bio, Bordeaux Families n’a quasiment plus de conversions en cours, « dans l’attente des évolutions du marché du bio » précise Philippe Cazaux.
Exemple de diversification par lepackaging avec le développement de vin en canette (essentiellement pour l'export).