omme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le cabinet du ministre sortant de l’Agriculture, Marc Fesneau, vient de tirer le bilan de son mandat (mai 2022-septembre 2024) avant la passation avec la nouvelle ministre, Annie Genevard, qui prend ses fonctions ce lundi 23 septembre (la passation étant prévue à partir de 10 heures à Paris). Parmi les actions de Marc Fesneau ressortent les « aides aux filières viticoles : 508 millions d’euros sur la période 2023-2025 » avec les « 200 millions d’euros pour la distillation et éviter des stocks qui pèsent sur les cours » (une rallonge obtenue l’été 2023), les « 38 millions d’euros d’arrachage en Gironde, pour lutter contre la flavescence dorée et dans le même temps accompagner la réorganisation de la production des vins de Bordeaux lancée par l’interprofession » (enveloppe présentée en mars 2023 et actée l’été 2024), « 40 millions d’euros d’indemnisation des impacts de la grêle en plus de l’indemnité de solidarité nationale » (après une mission flash l’été 2022) et « 150 millions d’euros pour l’arrachage différé, afin d’accompagner une restructuration de la filière vin française » (à date, l’arrachage définitif à 4 000 €/ha est demandé à Bruxelles pour 120 millions €, pouvant être montés à 150 millions € selon la demande). Les 80 millions € du fonds d’urgence du début 2024 auraient également pu être ajoutés à ce bilan pour les départements viticoles du Sud. Ainsi que l’outil de transformation des Prêts Garantis par l’Etat (PGE) en prêts bonifiés pour soutenir les trésoreries, même si sa mise en place témoigne des difficultés à mettre rapidement en application des dispositifs de soutien demandés par la filière, alors que ces délais réduisent leurs impacts positifs (ou augmentent leur risque de ne pas être suffisamment dimensionnés).
Si le ministre sortant souligne dans son bilan la mise en place d’une nouvelle assurance multirisque climatique en 2023, son satisfecit apparent (« la réforme a porté ses fruits dès la première année de mise en œuvre, +33 % de surfaces assurées ») dénote par rapport au désengagement actuel des vignerons ne voyant plus d’intérêt à s’assurer face à la succession des aléas climatiques : ceux grevant la moyenne olympique qui n’a pas pu être réformée (malgré les déclarations du ministère) et ceux qui ne sont de tout façon pas assurés (notamment le mildiou après les fortes précipitations). Le besion d'améliorer l'assurance récolte ’est l’un des nombreux dossiers urgents pour la viticulture que la nouvelle ministre va trouver sur son bureau, aux côtés de l’allègement des démarches administratives, l’alignement de la transmission des biens viticoles sur le Pacte Dutreil, la rémunération des vins en révisant Egalim, l’application du principe "pas d’interdiction sans solution" pour les phytos, l’exonération de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB), la gestion administrative des vignes en friche…