a République Française avait eu son président vigneron, elle a désormais sa ministre vigneronne : exploitant depuis 2003 le domaine Bellevue à Langoiran (3,3 hectares en AOC Cadillac Côtes-de-Bordeaux), la sénatrice girondine Nathalie Delattre vient d’être nommée ce samedi 21 septembre ministre des relations avec la Parlement dans le gouvernement de Michel Barnier. Une mission qui s’annonce complexe avec une Assemblée Nationale particulièrement divisée, mais que la membre du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et vice-présidente du Sénat entend mener « dans un dialogue permanent avec Yaël Braun-Pivet [la présidente de l’Assemblée Nationale], Gérard Larcher [président du Sénat] et les parlementaires » indique Nathalie Delattre sur Linkedin.
Co-présidente depuis 2018 de l’Association nationale des élus de la vigne et du vin (ANEV), la vigneronne portait déjà dans les débats parlementaires les demandes vitivinicoles : ne se voyant pas comme une lobbyiste du vin, mais comme une élue défendant les intérêts d’une filière en quête de soutien depuis des années : elle continue de réclamer un Grenelle de la viticulture. Courroie de transmission, Nathalie Delattre connait, pour les vivre, les difficultés commerciales des vins de Bordeaux, la pression administrative… Ainsi que les enjeux de transmission du foncier.
De quoi pouvoir relayer les besoins d’avancées législatives espérées par les syndicats nationaux de la filière vin : l’allègement des démarches administratives, l’alignement de la transmission des biens viticoles sur le Pacte Dutreil, l’exonération de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB), l’application du principe "pas d’interdiction sans solution" pour les phytos, le maintien d’une fiscalité permettant une consommation avec modération, la dynamisation de l’emploi saisonnier en pérennisant le dispositif TO-DE, la gestion administrative des vignes en friche, l’expérimentation des traitements par drones…
Sans oublier les demandes plus locales que suit l’élue bordelaise. Ce 16 septembre, Nathalie Delattre était sur le terrain pour rencontrer le Collectif Viti 33 avec d’autres sénateurs girondins. Il leur était proposé de créer des fonds de compensation carbone pour valoriser les jachères, indexer les Cotisations Volontaires Obligatoires des interprofessions selon le prix du vin*, la possibilité de former des Organisations de Producteur afin d’encadrer les prix des vins (ce qui demande un décret, divisant actuellement la filière)…


« En ces périodes d’incertitudes politiques » indiquait récemment Nathalie Delattre à Vitisphere, la filière porte des « mesures de bon sens qui s’imposent, au-delà des logiques partisanes » : le défi de la nouvelle ministre est désormais de concrétiser cette vision dans un climat politique sous tension.
* : Pour l’exemple bordelais, « les Bordeaux à 700 € le tonneau paient 7 % quand les appellations prestigieuses paient 1 % » estime le collectif Viti 33.