es Vignerons coopérateurs n’en démordent pas : ils veulent pouvoir créer des organisations de producteurs. Ils bataillent depuis des mois pour que le gouvernement leur accorde ce droit. Début juin, ils ont obtenu le soutien de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC), de la Confédération des vins IGP (VinIGP), de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs. Ces quatre organisations les ont rejoints, en cosignant un courrier adressé au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, rappelant cette demande. Le premier du genre.
Joël Boueilh, président des Vignerons coopérateurs, a annoncé cette initiative lors du congrès de son syndicat, fin juin. « Nous demandons une dérogation au droit de la concurrence pour pouvoir fixer collectivement des prix, a-t-il expliqué. C’est un outil pour soutenir les marchés qu’il est urgent de mettre en place. »
Pourquoi avoir rejoint les coops ? « Les vins IGP sont majoritairement produits en coopérative. Nous nous sommes alignés derrière elles. Cela nous permettra de mieux négocier avec les acheteurs », espère Gérard Bancillon, président de VinIGP.
« Nous devons explorer toutes les pistes possibles afin de sécuriser une juste rémunération des producteurs, indique Jérôme Bauer, président de la Cnaoc. Les organisations de producteurs sont des lieux permettant de planifier la production, d’optimiser les coûts et de négocier des contrats au nom des producteurs sans enfreindre les lois sur la concurrence, à condition de concentrer l'offre de leurs membres. Elles permettent de parler de prix, d’indicateurs de coûts de production et d’aller négocier, avec ou sans transfert de propriété, auprès de l’acheteur ! »
Anne Haller, directrice des Vignerons coopérateurs, précise : « Les membres d’une organisation de producteurs peuvent définir une stratégie commune sur le plan commercial. Pour nous, c’est un sujet majeur. »
A l’inverse, pour les Vignerons Indépendants c’est un repoussoir. « Nous n’avons pas souhaité cosigner ce courrier, explique Jean-Marie Fabre, président de ce syndicat. Nous considérons et nous démontrons que dans notre secteur on crée de la valeur en différenciant l’offre et non pas en la massifiant. Notre modèle, qui combine agilité et performance, est l’antithèse des organisations de producteurs. Les vignerons indépendants ne veulent pas massifier leur offre. »
Surtout, ils ne veulent pas que les aides publiques aillent préférentiellement aux organisations de producteurs comme par le passé et comme cela serait à nouveau le cas selon eux, si les pouvoirs publics donnaient satisfaction aux coops.