À la veille d’une rencontre importante entre la filière viticole et le ministre de l’Agriculture Joël Boueilh s’est hasardé à un pronostic. « Pour l’aide au stockage et l’aide à la distillation, on devrait avoir des réponses concrètes, croit savoir le président des Vignerons coopérateurs. Pour le prêt garanti par l’état (PGE), peut-être. Pour l’arrachage, nous avons beaucoup d’interrogations. Le ministre va probablement renvoyer l’affaire aux régions. »
Aide stockage, à la distillation et à l’arrachage, report du remboursement des prêts garantis par l'état sont les quatre mesures demandées par la filière depuis plusieurs mois pour faire face à la mévente des rouges. À en croire Joël Boueilh, le gouvernement serait donc prêt à financer la distillation de vins périmés et le stockage de cuvées en panne d’acheteurs. Pour quel volume et pour quel montant ? Réponse le 26 janvier, lors de la rencontre avec le ministre.
Joël Boueilh a fait le point sur ces sujets lors d’une conférence de presse le 24 janvier. Il a laissé entendre que si la coopération soutenait sans réserve les demandes relatives au stockage, à la distillation et au prêt garanti d’Etat, elle est bien plus réservée s’agissant d’une aide à l’arrachage qui peut avoir « des effets dominos dévastateurs, a-t-il dit. En coopérative, la diminution des surfaces affaiblit ceux qui restent, car leurs charges explosent. Quant aux petites appellations, elles peuvent perdre de la visibilité. »
Pour le président des coopérateurs, le gouvernement doit répondre à la crise viticole. « Il y a énormément d’attente sur le terrain », a-t-il rappelé. Puis ce sera à la filière de se remettre en cause. « Il faut adapter le vignoble aux attentes des consommateurs. Nous souffrons d’une méconnaissance des attentes et des envies des consommateurs. Nous avons trop souvent raisonné par l’œil de la production, sans se préoccuper de qui boit nos vins, quand, comment : à table ? à l’apéritif ? »


Puis il a eu cette analyse surprenante : « on a vécu dix années durant lesquelles la météo a fait le marché [adaptant l’offre à la demande, NDLR]. Parfois pour le malheur de certains. Durant cette période, nous avons mis sous le tapis la nécessité de nous réorganiser. Et en 2021, nous avons fait -25 % de récolte et nous n’avons pas manqué de vin. En 2022, on a fait une récolte normale. Et maintenant, tout le monde se demande ce qui va se passer si on produit normalement cette année. »
Pour Joël Boueilh, la solution passe par l’export. « L’export on va l’évoquer avec le ministre », prévient-il. Mais là, il ne s’agit pas seulement d’obtenir des aides, mais également un changement de la réglementation pour autoriser la création d’organisation de producteurs dans la viticulture. « C’est un sujet sur lequel nous allons revenir : on a besoin de mutualiser des moyens, ce que permettent les organisations de producteur », prévient-il. Une revendication qui n’est pas nouvelle mais qui s’est toujours heurtée à l’opposition des vignerons indépendants qui redoutent qu’à l’avenir les aides européennes soient réservées aux organisations de producteurs, comme c’est le cas dans l’arboriculture.