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Refus des assureurs de couvrir les pertes du mildiou : "un grand bras d’honneur à tout le vignoble !"
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Désillusion
Refus des assureurs de couvrir les pertes du mildiou : "un grand bras d’honneur à tout le vignoble !"

Pas de couverture assurantielle pour les pertes de récolte causées par le virulent mildiou 2023. La déception est à la hauteur des dégâts dans les vignobles ravagés. Les assureurs s’appuient sur la réglementation qui ne permet pas de prendre en compte l’excès d’eau et exclut les maladies.
Par Alexandre Abellan Le 28 juillet 2023
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Refus des assureurs de couvrir les pertes du mildiou :
Bouillon de culture pour le mildiou, le vignoble vibre d’agacement contre les assureurs qui ferme toute possibilité de prise en charge. - crédit photo : Chambre d'Agriculture de Gironde (ce mois de juillet 2023)
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in de non-recevoir. Accueillis ce jeudi 27 juillet en fin de journée par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, les assureurs ferment unanimement toute discussion sur la prise en charge des dégâts viticoles de mildiou dans les contrats MultiRisques Climatiques (MRC) au titre d’aléas exceptionnels (notamment les abats d’eau empêchant tout traitement phyto, comme le demande la filière vin). « Les conditions générales du contrat MRC sur récolte, qui respectent un cahier des charges réglementaire, sont très claires » explique Franck Le Vallois, le directeur général de la fédération française des assureurs (France Assureurs), qui précise que seuls les dommages directs d’un aléa climatique peuvent être couverts (voir encadré pour l’entretien complet).

Le porte-parole des assureurs détaille ainsi que « sont couverts les dommages directs causés par l’excès d’eau et l’humidité excessive. L’excès d’eau correspond à un cumul de précipitation générant des dommages directs : fissures de grains, chutes de grappes, asphyxie racinaire… L’humidité excessive est définie comme une humidité relative de l’air trop importante, de nature à générer la germination sur pied des céréales à paille. » Cette sinistralité ne concerne donc pas le vignoble.

Exclusion des dégâts sanitaires

Se basant sur la réglementation de la nouvelle assurance climatique (en vigueur depuis ce premier janvier 2023), Franck Le Vallois ajoute que « le contrat MRC ne couvre pas la perte de récolte liée au mildiou. D’autant plus que ses conditions générales prévoient l’exclusion des dommages causés par des maladies. Le cahier des charges réglementaire qui s’impose à tous précise également que les conséquences de l’inefficacité d’un traitement ou de l’incapacité à traiter ne sont pas prises en charge. Le mildiou ne rentre donc pas dans le cadre du cahier des charges réglementaire, qui a fait l’objet de discussions approfondies avant d’être adopté. »

C’est un rendez-vous manqué dans les grandes largeurs

« Leur position va créer une catastrophe. Ça va être dévastateur. C’est un rendez-vous manqué dans les grandes largeurs » s’étrangle Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateur, rapportant que les vignerons sont à dans tout le grand Sud-Ouest (à Bergerac et Bordeaux, en Gascogne, dans le pays basque…). Pour le viticulteur gascon, « les assureurs ont unanimement décidé de faire un grand bras d’honneur à tout le vignoble ! Ils sont désespérants, totalement hors-sol et déconnectés de ce qui se passe sur le terrain. »

La déception de Joël Boueilh est à la hauteur de sa défense passée de l’assurance récolte. « Ils tuent instantanément le contrat assurantiel. La solidarité nationale n’existera pas » fulmine le coopérateur de Saint-Mont (Gers), pointant qu’« avec le nouveau système assurantiel qui se met en place, aujourd’hui c’est la reconnaissance de l’aléas climatique par l’assureur [NDLR : avec une prise en charge de 20 à 50 % de perte de récolte] qui déclenche la solidarité nationale [NDLR : au-delà de 50 % de dégâts]. Y compris pour les non-assurés. » De quoi remettre en cause l’idée même d’assurance pour Joël Boueilh, qui est couvert par un contrat depuis son installation depuis 30 ans. Pour lui, les assureurs « ne seront pas surpris que les gens considèrent qu’ils ne servent plus à rien. Ils sont là pour encaisser les primes d’assurance et sont aux abonnés absents pour le mildiou. C’était l’occasion pour les assureurs de montrer qu’ils sont là et ils privilégient la logique financière. Qu’ils soient tranquilles, ils n’auront bientôt plus personne à assurer. »

Cadre fermé

Pour Franck Le Vallois, il ne peut y avoir des débats en dehors de la loi : « le cahier des charges s’inscrit dans le cadre de la réforme entrée en vigueur au 1er janvier 2023. On ne peut pas le détourner de ses objectifs et indemniser un risque qui n’est pas couvert. » Le directeur de FranceAssureurs reconnaît cependant que « la situation est problématique voire catastrophique pour de nombreux viticulteurs, en raison des conditions météorologiques favorables au développement du mildiou ». Seule ouverture des assureurs, dans le cadre plus global du changement climatique, ils « sont prêts à participer à des travaux de réflexion » évoque Franck Le Vallois, citant l’une des solutions partagées hier avec le ministre « consisterait à faire jouer le fonds national agricole de mutualisation des risques sanitaires et environnementaux (FMSE) ».

Évoquer le FMSE revient à botter en touche pour Joël Boueilh : « bon sang ça sert à quoi de s’assurer ? » Le président des Vignerons Coopérateurs ajoute que l’approche des assureurs va à rebours des engagements agroécologiques dans le vignoble. « Les vignerons certifiés bio et HVE (Haute Valeur Environnementale) engagés dans des démarches d’amélioration de l’impact environnemental seront morts demain : ils font l’effort d’optimiser leurs traitements et ne vont quasiment rien récolter cette année. La prime est donnée à tous ceux qui ont traité tant qu’ils ont pu, sans se soucier de l’environnement » regrette Joël Boueilh. Et de conclure : « c’est un bras d’honneur, ils nous disent de nous débrouiller, ce n’est pas de notre ressort. Je n’imaginais pas une seconde qu’ils auraient cette réponse. »

 

L’interview complet deFranck Le Vallois, directeur général de la fédération française des assureurs (France Assureurs)

Vous avez rencontré hier le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Quelle est la réponse de France Assureurs à la demande de vignerons pour que les pertes de récolte liées au mildiou soient en prises en charge comme "excès d’eau" par les assurances MultiRisques Climatiques (MRC) ?

Franck Le Vallois : La situation est problématique voire catastrophique pour de nombreux viticulteurs, en raison des conditions météorologiques favorables au développement du mildiou. Nous comprenons parfaitement leur situation : une partie significative de leur production risque d’être perdue. Ces pertes de rendement seront mesurées au moment de la récolte, en fin de saison. A la question de la mise en œuvre de la garantie dans le cadre du contrat MRC sur récolte en raison du mildiou, l’ensemble des assureurs a répondu à l’unisson hier au ministre. Les conditions générales du contrat MRC sur récolte, qui respectent un cahier des charges réglementaire, sont très claires. Sont couverts les dommages directs causés par l’excès d’eau et l’humidité excessive. L’excès d’eau correspond à un cumul de précipitation générant des dommages directs : fissures de grains, chutes de grappes, asphyxie racinaire… L’humidité excessive est définie comme une humidité relative de l’air trop importante, de nature à générer la germination sur pied des céréales à paille.

Dans le cas des vignobles du Sud-Ouest, le mildiou s’est développé en raison de conditions météo propices, c’est-à-dire l’alternance de pluies et de chaleur. Il ne s’agit donc pas de dommages liés un excès d’eau ou à une humidité excessive tels que définis dans le contrat MRC.

 

La réponse est donc ferme, il n’y a pas de négociation possible : ces dégâts ne seront pas pris charge ?

En effet, le contrat MRC ne couvre pas la perte de récolte liée au mildiou. D’autant plus que ses conditions générales prévoient l’exclusion des dommages causés par des maladies. Le cahier des charges réglementaire qui s’impose à tous précise également que les conséquences de l’inefficacité d’un traitement ou de l’incapacité à traiter ne sont pas prises en charge. Le mildiou ne rentre donc pas dans le cadre du cahier des charges réglementaire, qui a fait l’objet de discussions approfondies avant d’être adopté. Ce cahier des charges s’inscrit dans le cadre de la réforme entrée en vigueur au 1er janvier 2023. On ne peut pas le détourner de ses objectifs et indemniser un risque qui n’est pas couvert.

Pour autant, nous comprenons la détresse des viticulteurs impactés par le mildiou. Le développement de cette maladie de la vigne peut être vu comme l’un des nombreux effets du dérèglement climatique. Les assureurs sont prêts à participer à des travaux de réflexion pour trouver des solutions aux problèmes générés par le dérèglement climatique. Cela étant, ces solutions ne peuvent pas être uniquement de nature assurantielle : nous l’avons dit hier au ministre, que je remercie pour sa qualité d’écoute. L’une des solutions consisterait à faire jouer le fonds national agricole de mutualisation des risques sanitaires et environnementaux (FMSE). La section viticole de ce Fonds intervient actuellement sur la flavescence dorée, mais il a été mis en place pour faire face, plus largement, aux risques sanitaires. Il y a donc des pistes à explorer. Une instance légitime pour mener ce travail serait la Commission chargée de l'orientation et du développement des assurances garantissant les dommages causés aux récoltes (CODAR).

 

En cas de non-reconnaissance comme aléa assurable du mildiou par les assureurs, cela aura-t-il un impact sur l’accès des vignerons assurés au troisième étage d’assurance "coup dur" de la nouvelle assurance récolte ?

Le sujet n’a pas été abordé hier.

 

Concernant les prises en charge des effets du dérèglement climatique, la prise en compte de mesures de prévention (par exemple contre le gel et la grêle) s’y inscrirait-elle ?

C’est un autre sujet que le mildiou. Oui, vous avez raison, la clé face au dérèglement climatique réside dans la prévention. L’enjeu est de mettre toutes les parties prenantes autour de la table : assureurs, réassureurs, agriculteurs, instituts techniques, pouvoirs publics… pour trouver tous ensemble des solutions concrètes.

 

Quelle est la position de France Assureurs sur les demandes du vignoble de redéfinir le calcul de la moyenne olympique, en se basant sur un pas de temps plus long et de ne prendre en compte que les millésimes sans aléas climatiques ?

C’est une demande régulièrement formulée par la profession agricole, mais qui n’a pas été abordée hier avec le ministre. Les pouvoirs publics ont engagé des travaux sur cette question. Il nous paraît important que nous puissions les partager au sein de la CODAR.

"Nous comprenons la détresse des viticulteurs impactés par le mildiou" indique Franck Le Vallois. Photo : FranceAssureurs.

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Tous les commentaires (9)
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VignerondeRions Le 02 août 2023 à 10:26:44
Tout est normal dans la position des assureurs. Que ce soit en Bio ou pas, la réduction des doses couplé à la suppression de molécules efficaces, à l'augmentations des surfaces foliaire développé, à l'augmentation des friches (réservoir) donne le résultat que nous avons aujourd'hui. Les services de l'état qui ont encouragé ou laissé faire cela ont bonne mine de demander aux assureurs de prendre en charge les pertes, il faut juste assumer mesdames et messieurs le résultat de vos actes.
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alfred Le 01 août 2023 à 08:35:32
Merci une fois encore ! on nous à supprimer les produits de lutte contre le mildiou qui étaient efficace pour faire plaisir à nos 'bobo écolos'et nous voyons le résultats. Les assureurs ne sont pas responsable des suppressions de produits Arrêtons et posons nous les bonnes questions!!!
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J.Henry DAVENCE Le 31 juillet 2023 à 18:13:55
Il y a une dizaine d'années (voire une vingtaine, je vieillis ;-) ) de cela il n'existait qu'un seul métier : vigneron!!! Aujourd'hui, avec France agrimer, la PAC, les guéguerres interrégionales ou intersyndicales, etc..., le monde de la production a été divisé. Résultat plus aucune organisation n'est capable de faire une synthèse et de proposer un plan à moyen terme pour sortir la viticulture de l'ornière. Cela fait les beaux jours des grands groupes et fait disparaitre dans la douleur nombre de petits domaines... Vraiment triste!
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Jeff Le 30 juillet 2023 à 11:54:16
@Viti : si l'objectif était de récolter des insultes, vous avez dit ce qu'il fallait, le tout sans argument... @Viti Bio : pas beaucoup mieux ; le laïus habituel du bio sur le "poison chimique", qui mène certains vites bios "bas du front" à aller traiter leur cuivre en tee-shirt, sans masque etc... pour moi, c'est tout aussi suicidaire... Un produit phytosanitaire d'origine naturelle est aussi nocif que certains produit non-bio. Car en raisonné l'usage des CMR fait partie du passé ! dernier point : les règles de l'assurance récolte sont les mêmes pour tous. Les cris sont plus forts et les bras se lèvent plus hauts quand on parle de Bordeaux, mais d'autres régions ont déjà été touchées par des conditions identiques et la réponse des assureurs était la même (cf Alsace et Champagne en 2021 : pluie incessante et impossibilité de traiter du 15 mai au 10 juillet ; les dégâts de mildiou ont été dramatiques : de 30 à 80% de perte). l'assurance n'est pas la solution. Les champenois restent les mieux organisés, avec des modalités de mise en réserve dans les années fastes, soit de l'auto assurance, en responsabilité, par les opérateurs, le tout piloté par un civc, un négoce et des coopératives ayant une vision de long terme ; ce qui manque à Bordeaux comme en Alsace d'ailleurs...
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Viti Bio Le 29 juillet 2023 à 16:52:52
@Viti : Et allez le Bio Bashing bas du front est de retour Sachez que les bio ne sont pas forcément les plus touchés, et les conventionnels seront pas contre certainement les plus empoisonnés de cette saison ! L?agro-Chimie ne vous sauvera pas de l?hécatombe la preuve !
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Mathieu Le 28 juillet 2023 à 18:41:48
Comme d'habitude les assureurs se défilent trouvant comme toujours des excuses. De quoi dégouter la profession. Quand au commentaire de Viti, du Grand n'importe quoi!!! J'ai des collégues non bio touché par le mildiou à grande échelle, les gars ont bien traités, avec les produits adéquats et pourtant la maladie est là. Rien à voir avec le mode de culture. Tant qu'il y aura des vitis avec des mentalitées rétrograde comme Viti, le monde viticole n'avancera pas. Je suis en Demeter et je m'entends trés bien avec mes collégues en conventionnel, j'ai pas besoin de les dénigrer pour essayer de faire ma place.
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b_yron Le 28 juillet 2023 à 17:05:44
Donc pour Viti, les viticulteurs sont des menteurs qui méritent de disparaitre. Ceux en conventionnels mentent puisqu'ils disent eux aussi qu'ils vont perdre leur récolte, or d'après Viti seuls les bio vont souffrir. Et ceux en bio méritent de disparaitre puisque suite à leurs choix ils perdent leur récolte. Encore un grand viti pour nous éclairer de sa science... Cette filière fonce dans le mur et les opérateurs de ce type en sont les premiers responsables.
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renaud Le 28 juillet 2023 à 16:36:59
je crois que tout est dit, et devant l'hécatombe à venir la diminution des contrats à l'assurance récolte ne sera qu'un épiphénomène. Quant au commentaire de "Viti"... tant que l'on en sera là . on fait le travail de ceux qui veulent notre perte. Ne pensez pas que la disparition de votre voisin vous fasse plus de place... ce n'e sera que le prémisse de votre chute à venir. Et même si certains sont outranciers ce ne doit pas être une raison pour l'être à notre tour.
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Viti Le 28 juillet 2023 à 15:00:27
Les vignerons bios vont devoir assumer pleinement leur idéologie : c'est une bonne chose.
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